jeudi 12 juillet 2012

L’accord de l’éthique et du politique: rêve éternel des sociétés humaines

On a pu définir la politique comme étant l’art de gouverner. Le vague de la définition et surtout sa référence à l’art, royaume de l’imagination, la folle du logis, fait que selon son tempérament et son éducation, chacun l’interprète comme il l’entend. Machiavel, qui place au centre de la vie politique, un prince qui est loin d’être un saint soucieux de la conformité de ses actes avec les exigences de la loi morale, ou même seulement un sage, pour sa sécurité intérieure attentif à calculer les conséquences de chacun de ses actes sur lui-même et sur autrui, Machiavel nous a habitués à ne pas nous occuper de morale en politique. Dans ce qu’elle fait, la politique ne doit viser que des résultats et tous les moyens sont bons. L’Histoire montre que ce n’est pas toujours impunément, sans revers, au bout du compte, que Faust conclue alliance avec Méphistophèlès.

En revanche, définie comme l’ensemble des moyens, matériels, intellectuels et spirituels, déployés en vue de la recherche du bien et du bonheur de la cité, la politique a lien, c’est clair, avec l’éthique, l’art de vivre et de vivre bien qu’avec le philosophe, nous nous définissons comme étant «l’ensemble réfléchi et hiérarchisé de nos désirs». Et quel homme ne désire le bonheur? Seulement, la sagesse lui interdit que ce soit au détriment de la raison et de la loi morale, en lésant des tiers dans leur corps et dans leur âme ou même aux détriments de ses propres intérêts supérieurs, spirituels et moraux. Le bonheur des peuples dépend ainsi de la prise de conscience, par les gouvernants, de la nécessité de l’alliance de l’éthique et du politique, de l’adéquation de l’action à une nécessité morale.

Mais la faiblesse de l’homme est connue. C’est pour cette raison que, dans les sociétés civilisées, l’exercice de la politique est entouré de mécanismes qui protègent des abus auxquels se trouve exposé tout pouvoir. Lorsque la force du droit n’est pas entravée par une violence illicite et crapuleuse, ces mécanismes de régulation civilisent, forcément, le corps social et tracent le cadre de son développement.

L’Afrique n’arrête pas de bégayer sur la voie du développement, parce qu’elle n’a pas la sagesse et le courage de réduire l’écart que des dirigeants médiocres, frivoles, sans cesse, creusent entre l’éthique et le politique. Austère comme un anachorète, mûri par la longue épreuve, Nelson Mandela n’a pas fait d’émule qui eut assez d’amour de son pays et de sagesse pour ne pas s’incruster au pouvoir. Le pouvoir, il le sait, finit toujours par pourrir ceux qui s’y attardent; même les meilleurs.

Dominique NGOIE-NGALLA

2 commentaires:

Liss a dit…

"Le bonheur des peuples dépend ainsi de la prise de conscience, par les gouvernants, de la nécessité de l’alliance de l’éthique et du politique, de l’adéquation de l’action à une nécessité morale"

C'est la clef qui ouvre l'ère de la prospérité et du bien-être national, mais je me demande dans combien de décennies nous la posséderons, cette clef ! Je veux dire nous, en Afrique. Pour l'instant nos dirigeants font semblant d'ignorer où elle se trouve, c'est bien pour cela que nos pays "bégaient" comme tu dis, sur la voie de la démocratie !

Liss a dit…

Je voulais dire "sur la voie du développement" !

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.