samedi 24 décembre 2011

C'est quoi, au juste, qui retarde l'entrée de l'Afrique noire en modernité?

Les pyramides de l’Egypte sont, affirment des historiens, œuvre de Noirs africains. Il faut alors croire que des dieux jaloux de tant d’audace technologique ne le leur pardonnèrent pas, puisque ces mêmes Noirs africains ne surent plus rien faire par la suite, qui rappelât l’existence, en eux, de cette merveilleuse intelligence qui les avait conduits à de si étonnantes réalisations. Pour toujours, les pyramides d’Egypte porteront la marque d’un génie exceptionnel. A moins de penser qu’une mutation brusque (dans le mauvais sens de l’histoire) du groupe humain auquel appartiennent les Noirs, un matin renvoya les démiurges au néolithique où l’espèce humaine tout entière avait, tout de même, bien qu’ayant progressé, végété encore pendant des millénaires.

Le néolithique! Univers ténébreux, au propre et au figuré. Avec ses peurs et ses terribles angoisses. Une société fermée à l’espérance. Univers de la suspicion et du soupçon, il traque le talent, étouffe et musèle les libertés. Après leurs prouesses égyptiennes trois et quatre fois mémorables, les Noirs africains s’en retournèrent barboter dans les ténèbres du néolithique. Ignorants, sots et grossiers comme à l’origine du monde dont, les premiers pourtant de la race humaine à en croire les savants, ils émergèrent un soir ou un matin.Les y voilà à nouveau, ne sachant plus comment faire pour retrouver l’éclair de génie qu’ils eurent du temps où ils créèrent la gloire de l’Egypte. Mais, on peut douter que ce soient des Noirs de l’Afrique subsaharienne. Des historiens généreux, mais à l’évidence un peu pressés, ont depuis identifié les causes de notre immense infortune. Non sans raison, ils ne la font pas remonter, comme ces mauvais chrétiens blancs, à l’inconscience de notre ancêtre, Cham, coupable, dit-on, d’irrévérence envers son père et, à cause de son imprudence, frappé de malédiction. Ces mêmes chrétiens blancs, soutiennent que la malédiction de l’irrévérencieux ancêtre fut étendue à sa descendance tout entière!

Il s’était passé autre chose bien avantNos historiens, non à tort, classent ces allégations dans les délires de la fiction mythologique, à des fins de justification de conduites des Blancs humainement inacceptables envers les Noirs. Ils préfèrent voir dans l’étrange destin de l’Afrique noire, la conséquence funeste d’une série d’événements dramatiques qui, pendant de longues générations et des siècles, affligèrent le continent noir: l’horrible et effrayante traite des Noirs, et la colonisation qui en fut l’épilogue sanglant.Mais, sans sous-estimer l’ampleur et la profondeur de l’impact psychologique de ces deux faits de l’Histoire de l’Afrique sur les sociétés africaines, l’enquête poussée plus loin révèle qu’il s’était passé autre chose bien avant et dont, pour n’avoir pas fait beaucoup de bruit et traumatisé les consciences des populations affolées comme le firent la traite des Noirs et la colonisation, les conséquences sur le destin de l’Afrique n’allaient pas être moins lourdes.

Plus lourdes même, si on pense que la cause première de l’immobilisme de l’Afrique, la colonisation et la traite des Noirs qui sont sa conséquence lointaine, indirecte n’auraient probablement jamais eu lieu, sans ce funeste enclavement de l’Afrique. C’est de cela, en effet, qu’il s’agit. Une Afrique noire décloisonnée et en contact régulier avec le reste du monde aurait pu, peut-être bien, développer une autre Histoire; une Histoire moins sombre, aux horizons moins problématiques et chargés de plus d’espérance. Et pourtant, dans les mêmes situations d’isolement, quittes à se communiquer entre eux les connaissances de chacun, les Mayas, les Aztèques et les Incas, sans intervention extérieure, réussirent à bâtir une civilisation brillante, quoique assombrie par la pratique joyeuse des sacrifices humains à d’horribles et insatiables divinités. C’est donc qu’ici aussi comme dans d’autres grandes civilisations l’invention et l’usage de l’écriture furent décisifs.

L’écriture est inséparable des progrès de l’esprit humain. En immobilisant le langage articulé, fugitif par essence, l’écriture immobilise la pensée. Celle-ci devient ainsi, dans le temps et l’espace, disponible pour qui veut l’interroger. Le progrès scientifique repose sur le principe du retour critique, de la pensée sur elle-même. Sur l’éternel questionnement de l’acquis. Mais comment, si cet acquis n’est fixé, immobilisé dans ce support matériel qu’est l’écriture?L’écriture a, de la sorte, un versant subversif et révolutionnaire. Grâce à l’écriture, une trop forte érosion de la pensée désormais fixée, immobilisée, devient impossible. En écrivant, l’homme sauve la société de la stagnation et de la répétition stérile du même.Aujourd’hui, l’Occident en tête, toutes les régions de l’humanité en procès de développement rapide sont celles où l’écriture figure en bonne place dans le patrimoine culturel des populations. Or, sauf en sa corne où le contact avec l’Orient mésopotamien, et l’invention d’une écriture authentique propulse l’Ethiopie dans la modernité des civilisations méditerranéennes d’alors, coupée des grandes civilisations de l’époque et, plus grave, privée d’écriture, l’Afrique noire végéta, plongée dans les ténèbres des civilisations et des cultures éternellement balbutiantes.

L’esclavagisme arabe et la traite des Noirs, plus tard, la surprennent dans cet état et l’enfoncent encore plus dans les abîmes de la sous-humanité. La colonisation, trop cupide, en dépit de ses bonnes intensions, ne la relèvera pas. Mais, dans son acception actuelle, c’est quoi la modernité et à quels signes la reconnaître? A l’usage systématique de la raison critique qui, au fil des générations et des siècles, sculpte une tradition qui balise la marche des sociétés humaines à chaque pas libérées des peurs paralysantes. En Occident, la pratique se systématise avec les présocratiques (VIè - V siècles avant notre ère) Socrate par Platon et Aristote le disciple de Platon donnant naissance à la philosophie, forme de la culture qui fournit à l’esprit qui s’y adonne, les moyens d’une réflexion systématique sur tous les problèmes de son temps et de sa société. La réflexion philosophique devient, à partir des socratiques, et de Socrate lui-même, un levier du progrès de l’esprit et du développement. Parce qu’elle décloisonne la société, libère l’individu qui, de ce fait, devient un acteur actif du développement. Or, la philosophie ainsi définie est fille de l’irrévérence. Poussé par la soif de connaissance vraie, et conscient de sa dignité, l’homme désormais soumet toute chose à un questionnement systématique, n’épargnant pas même le sacré. Le bonheur du philosophe et de l’homme qui sait est dans la quête de la connaissance vraie: «Felix qui poduit rerum cognoscere causas!». Sur le plan de la pensée politique, de telles exigences de l’esprit humain débouchent sur la naissance de la démocratie. Il n’est, donc, pas étonnant que celle-ci soit née à Athènes, la capitale de la philosophie et de la pensée libérée.

L’immobilisme, la grande caractéristique des sociétés africainesA l’opposé de l’Occident intellectuellement décloisonné à force de raison critique et de pensée philosophique, impossible à imaginer, sans l’écriture, l’Afrique analphabète et cloisonnée ne peut faire une lecture rationnelle du monde et de l’univers. Elle se contente de connaissances approximatives et empiriques où le mythe le dispute à la fable et à la légende. Les conséquences sur l’évolution historique et sociale d’une telle posture de l’esprit sont terribles. On a, là, l’explication à l’immobilisme qui est la grande caractéristique des sociétés africaines paralysées par une sorte d’horreur de l’invention. Les esprits même les plus doués dont pourtant le talent ou le génie s’épanouiraient magnifiquement, placés en milieu favorable, paraissent frappés d’engourdissement. A l’écart des voies où souffle le vent et où brûle le feu purificateur de la raison critique et de la philosophie (qui n’est pas simple affirmation sur les choses, mais interrogation et examen systématiques du réel), en pleine époque de la modernité épanouie, l’Afrique noire est restée le continent des peurs absurdes et de la révérence obséquieuse à l’autorité d’une tradition qui ne véhicule pas toujours des valeurs sûres. Le continent de la révérence obséquieuse à des dirigeants de légitimité souvent douteuse, mal fondée, inaptes à gérer des sociétés modernes, mais qui se donnent cependant pour des traceurs des voies du futur! Opprimant les libertés maintenues dans la servitude par l’affaiblissement du pouvoir d’achat du petit peuple, reconduisant, de générations en générations, un système éducatif inventé par des colonisateurs racistes pour maintenir le Noir dans son statut de sous-homme au service de la race supérieure et blanche, voilà l’Afrique actuelle. Voraces et mesquins, bien des dirigeants africains sont, à la vérité, d’horribles éteignoirs.

Désavantagée par la difficulté de communiquer avec le reste du monde, surtout avec des voisins dont le dynamisme de la civilisation lui eût été d’un grand profit, il était difficile à l’Afrique subsaharienne de bâtir des sociétés et des civilisations inventives, aptes d’instincts, à saisir la moindre occasion pour répondre à l’aspiration à monter toujours plus haut, à aller toujours plus loin, qui est au fond de l’homme, de tout homme. Ce handicap historique continue de peser sur l’Afrique noire d’aujourd’hui retarde son entrée en modernité.

Dominique NGOIE-NGALLA

dimanche 18 décembre 2011

Le projet spirituel de l'être humain, un désir d'affirmation de l'esprit sur la chair


A l’âge de la modernité qui réhabilite le corps et tous ses appétits, chrétiens, guides religieux, la continence sexuelle et la chasteté, pourquoi faire? S’il est vrai, comme l’affirment les théologiens, que Dieu souffre des fautes et des écarts de conduite des hommes, surtout sils sont chrétiens, il faut en conclure que, dans la chrétienté du Congo où tant de fidèles se moquent pas mal des commandements de Dieu, tout en ayant en permanence son nom à la bouche, Dieu est vraiment en enfer! Une telle licence des mœurs dans la communauté priante qui, paradoxalement, en même temps, développe une singulière débauche de ferveur religieuse! Avec le vol, crapuleux ou déguisé sous la subtilité de procédés apparemment honnêtes et licites, la licence sexuelle et des mœurs est ce qui s’impose à l’observateur dans le phénomène social de relâchement moral au sein de la chrétienté du Congo. Que la raison ou la cause en soit économique, politique et culturelle, rien de plus vrai.


Une crise sociale profonde a ainsi mis à rude épreuve la conscience chrétienne qui devrait lui servir de môle. A cette conscience chrétienne dénervée et aseptisée, la pratique de la continence sexuelle et de la chasteté par exemple, hier sous vigilance permanente, apparaît aujourd’hui comme une invention ridicule et insensée d’hommes et de femmes d’autrefois. Conséquence, dans leurs homélies, les prêtres et les pasteurs ne tonnent plus contre le pêché de la chair! Et il semble s’être imposée aux chrétiens l’idée qu’il est impossible qu’un Dieu sage ait pu imposer des règles aussi inutilement rigides, dans un acte naturel dont la conséquence heureuse est de révéler à ceux qui l’accomplissent, la signification profonde de l’existence et de la vie octroyées aux humains par un Dieu bon. Et les Cathares sont vraiment plaisants qui réprimaient le sexe! Dans cette atmosphère délétère de retour agressif du paganisme, les guides religieux congolais ne font plus reposer, comme naguère, leur autorité morale et leur respectabilité sur une vaste culture générale, et l’austérité des mœurs nimbée d’innocence candide, mais plutôt (inculquée à la conscience populaire) sur la croyance en des pouvoirs extraordinaires que conféreraient, au prêtre et au pasteur, leur état et leur statut d’oints de Dieu! De telles affirmations grotesques emportent, malheureusement, la conviction joyeuse de bien des âmes simples et crédules. Il faut le répéter, parce qu’elles exigent un rien d’héroïsme, la continence sexuelle et la chasteté élèvent, ennoblissent qui les pratique. Elles sont, pour l’ecclésiastique qui en a prononcé le vœu et y reste fidèle, source de respect et de considération sociale. Et, il faut être vraiment mal informé, pour croire que la continence sexuelle, circonstancielle ou à vie, est une invention des missionnaires européens. Il faut avoir lu Mathieu de travers, pour en faire une invention des modernes. En ce qui concerne la chasteté consacrée des clercs, Paul n’était pas passé par quatre chemins. Que ceux qui n’ont pas de dispositions à exercer les fonctions du sacerdoce chrétien comme s’ils étaient des énuques, crie l’apôtre des gentils, fassent autre chose. Ils ne sont pas faits pour le sacerdoce chrétien. Et pourquoi, si l’on n’est ni chrétien, ni ecclésiastique, ces vertus si difficiles?


La continence sexuelle est une aspiration humaine universelle. L’homme de toute l’humanité pense, au fond de lui, à son insu même et en dehors même de toute intention pieuse et de dévotion, que la chasteté décuple les chances de l’homme qui engage une action. Dans l’Afrique ancienne, pour être efficaces, certaines activités exigeaient de ceux qui les menaient, un temps de préparation spirituelle et de purification de l’âme, qui passait par l’imposition à soi de contraintes sexuelles. La suspension des rapports sexuels, les jours précédant l’exercice de ces activités, était une règle générale. Le forgeron, le pêcheur, le chasseur, le laboureur s’y soumettaient de bonne grâce. Nos ancêtres avaient ainsi établi un lien nécessaire entre l’innocence du cœur et de l’âme (que, même légitime, le rapport sexuel ne laisse jamais intacte) et ce que nous appelons la chance, c est-à-dire le sourire favorable de la divinité. Bien heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu (serment des béatitudes). Les femmes beembe du Congo, pour espérer une bonne récolte, faisaient planter l’igname par des enfants innocents. On comprend alors que le prêtre chrétien et le pasteur, grâce à l’intervention desquels Dieu descend parmi les hommes, se doivent de se garder chastes et purs.


Certes, même administré par un pourceau de prêtre, le sacrement reste valable et la messe dite par lui valable aussi. Je suis cependant incliné à croire que quelque chose d’autre s’ajoute lorsque le prêtre est en règle avec Dieu; ou, davantage, est un saint homme. En tout cas, dans notre quête de spiritualité, la chasteté reste un merveilleux support.Que la continence sexuelle, et surtout la chasteté consacrée soient difficiles à vivre, quel adulte l’ignore? Mais, certainement, une vie réglée, la prière et l’étude aident à les vivre avec sérénité, les chrétiens et tous ceux à qui leurs fonctions et leurs statuts social font obligation d’être continents et chastes. Ils attirent, s’ils sont fidèles, les grâces de Dieu sur la communauté. Certes, pour l’observance de la continence sexuelle et de la chasteté, les temps sont difficiles.


En instituant le culte du corps et en légitimant tous ses appétits, en laissant l’initiative à la nature qui refuse les tabous et les contraintes, la société moderne veut désacraliser le sacré, afin de le vivre selon les lois et les désirs de la chair. Or, contrairement à la brute et à l’animal privés de conscience et de projet spirituel, l’homme n’est pas qu’une masse de chair livrée à la tyrannie des sens. Conscient ou non, clairement dessiné ou non, il a un projet spirituel qui est désir d’affirmation de l’esprit sur la chair. Cependant, il ne peut réaliser ce projet sans un minimum d’ascèse, d’exercices contraignants qui, de façon progressive, amènent la chair à faire la volonté de l’esprit. Les Beembe du Congo ont un mot pour désigner cette politesse de l’âme attentive à assurer et à maintenir la supériorité de l’esprit sur la chair: «kinkende». Le kinkende, rapport surveillé de soi à soi, et de soi aux autres, mène à la vertu celui qui se soumet à ses exigences. Celles-ci peuvent se résumer en l’effort constant pour maîtriser ses sens, réguler la force de ses pulsions. Puissant comme l’instinct de conservation, la pulsion sexuelle doit, cependant, être disciplinée, si nous voulons faire quelque chose de notre pauvre existence ballotée par tant de vents contraires. Chez les femmes et les hommes qui ont renoncé aux plaisirs de la table, de la chair et du lit, afin d’être à plein temps au service de Dieu et du monde, la pratique évangélique des vertus cardinales de foi, d’espérance et de charité garantit l’observance de la chasteté et en révèle la profondeur du sens.


Dominique NGOIE-NGALLA

vendredi 9 décembre 2011

Les grandes écoles ou le certificat d’intelligence d’une élite homogène

Mes flâneries dans les rues de Paris sont un moment favorable non seulement à la rêverie, mais aussi à la pensée. Différents sujets sur lesquels je n’ai pas le loisir de penser en d’autres circonstances se présentent et se proposent en cette occasion de causerie grave avec moi-même qu’on nomme aussi réflexion. Or depuis un moment déjà me taraudait une étrangeté bien française, son système de fabrication des élites. Ayant assez marché récemment, je suis parvenu à bâtir une réflexion sur ce sujet qui se montrait fugace.

A la différence d’autres pays où l’accès à l’élite, est la combinaison de différents facteurs, l’élite française se produit en série, selon des procédés identiques comme s’il s’agissait d’objets fabriqués en usine ; des produits dénués d’esprit donc. Il existe en effet une recette bien établie en France pour accéder aux niveaux supérieurs : les Grandes Ecoles. Réservées aux lauréats de concours très sélectifs eux-mêmes issus de classes préparatoires d’accès peu aisé, ces écoles, dont l’excellent enseignement qu’elles dispensent leur a gagné ce prestigieux label, sont en France le creuset unique et attitré des élites dirigeantes. La plupart des grands fonctionnaires et la majorité des dirigeants des grandes entreprises françaises sont issus de leurs rangs ; les universités, peu sélectives et ouvertes à tout le monde ont été mises hors jeu et offrent de faibles débouchés tant elles sont méprisées par les professionnels. Cette éducation supérieure à double vitesses exclue d’emblée une catégorie de la population – les classes ouvrières et les pauvres - d’un ascenseur social qui se veut républicain. En effet les grandes écoles coûtent cher et leur accès exige une culture générale qu’on acquiert difficilement dans les milieux défavorisés. Sur ce dernier point, si l’école veut réussir dans sa vocation d’ascenseur social, il faudrait dans ce cas qu’elle commence à jouer son rôle dès le début de la scolarité. C’est en effet dès le départ que la différenciation se fait. Elle ne fait que s’accentuer avec les années. Les épreuves d’entrée en hypocagne par exemple comportent une épreuve de latin ou de grec qu’on ne pratique guère sérieusement dans les ZEP[i].

Ne remettant pas en cause la qualité des savoirs dispensés dans les Grandes Ecoles, je ne comprends simplement pas cette obstination à confier les reines d’une nation à un groupuscule qui d’abord n’en représente pas l’essentiel, mais surtout qui donne l’impression d’un pays où l’intelligence est devenue une denrée si rare qu’elle s’est réfugiée dans quelques institutions diffusant un savoir d’excellence. Pourquoi laisser la conduite d’un pays à un groupe qui donne l’impression d’en faire l’otage de l’esprit de corps, des réseaux et surtout des schémas de pensée et d’action uniques qui font que la réflexion sur les grandes orientations de la société tournent sur elles-mêmes telles les habitudes de cette Afrique moquée par M. Sarkozy dans son discours fameux de Dakar. Une élite ayant tété à la même mamelle ne connait pas les clivages idéologiques accentués qui favorisent le dynamisme politique et social. C’est donc une élite monochrome qui partage les mêmes ambitions et méconnait les aspirations de la masse qu’elle n’a jamais côtoyée. C’est pourquoi elle est aujourd’hui si complaisante avec les puissants auprès desquels elle prend ses ordres et auxquels, pusillanime, elle ne sait pas s’opposer.

Depuis peu cependant, grâce à la poigne des politiques, un certain pourcentage d’étudiants boursiers (30%), entendez défavorisés, peuvent désormais intégrer ces écoles. Ils sont bien braves ces messieurs du gouvernement, mais la mesure est encore insuffisante ; elle ne règle pas le problème de l’homogénéité des élites. Ce qui serait souhaitable ce serait la diversification de ces dernières. Il ne faut pourtant pas être énarque pour se douter que mettre ensemble des élèves, qui en dépit de leur différences d’origines finiront par former un bloc homogène, pour leur inculquer les mêmes principes et les mêmes valeurs est une fausse bonne idée. La diversité ce n’est pas au niveau du recrutement qu’il faut l’introduire, il s’agit au contraire de diversifier les parcours qui mènent aux sommets. Qui a l’ambition de servir son pays et de le transformer durablement doit certes s’armer de savoir, mais d’un savoir non pas inculqué mais d’un savoir recherché et orienté par la foi en un idéal de société. Peu importe alors l’endroit où ce savoir a été acquis.

Il serait temps aujourd’hui d’arrêter cette connerie. Il y aurait si peu de personnes intelligentes dont le cœur bat pour la en France au point d’en jeter quelques uns dans des écoles où on l’apprentissage du devoir et du service est conditionné par la maitrise de certains savoirs ? Le royaume Franc de Charlemagne n’est pas, on le sait, la France moderne, mais l’exemple du fils de Berthe aux grands pieds, un Franc, un barbare qui à ce qu’on dit ne savait pas écrire montre que le talent et le sens politique sont les fruits d’une vision et d’un talent propres à une personne. Quoique peu lettré, Charlemagne initia une profonde réforme culturelle et intellectuelle dans son empire, la renaissance carolingienne. Preuve que la direction des affaires, si l’on considère les capitaines qui se sont distingués, ne relève pas des techniques apprises auprès des doctes en sciences politiques, historiques ou en encore en sciences pures, mais elle est question de sensibilité, de flair, de courage, d’audace et de talent, des choses qui sont plutôt du côté de l’être que de l’avoir.

Confond –ton intelligence et savoir ?la première est sans conteste une condition d’accès au second, mais il l’inverse reste à prouver. Pourtant, dès qu’une personne est issue d’une de ces écoles elle est directement drapée du manteau noble de l’intelligence. C’est cette intelligence décrétée avec tant de facilité, quoique à des personnes ayant du donner le meilleur d’elles-mêmes, qui me laisse perplexe. L’intelligence ne se décrète pas, mais se vit. Il s’agit d’une qualité qui se démontre, surtout quand il s’agit d’une intelligence qu’on mettra au service d’un pays d’une entreprise. L’intelligence, la vraie ne s’accommode pas de la pensée réchauffée, ni du conformisme intellectuel. Elle observe, se confronte au réel, innove et ne craint pas de ne pas être suivie. L’intelligence n’est pas un produit de consommation. Or peu de dirigeants en affaire et en politique se sont montrés créatif en France ces dernières années. Leur immobilisme n’a t-il pas permis de douter de l’originalité des grands de ce ce pays pourtant gorgé de talents. Quand on ne se gargarise pas de réussites éculées, on se jette dans l’imitation vulgaire. Aujourd’hui c’est l’Allemagne autrefois c’était les Etats Unis ; on y imitait même les erreurs. En quoi est-il intelligent que des personnes supposées sages ne parviennent pas à sortir de l’ornière dans laquelle tant de générations avant elles se sont coulées? en suivre les inclinations et les sinuosités sans chercher à en sortir, plus que la marque d’un esprit avisé est signe d’imbécilité.




Cunctator.



[i] Zone d’Education Prioritaire

samedi 26 novembre 2011

Pour la correspondance épistolaire

Etouffée, ringardisée, méprisée depuis l’essor des nouveaux moyens de communication, cette forme d’échange jadis nécessaire et noble, qui ne résiste encore que dans sa forme administrative (la plus sèche, la plus rugueuse et la moins brillante de ses formes), ne mérite pas le sort qu’on lui fait aujourd’hui, traitée comme une relique d’une époque dont les progrès impressionnants que constituent l’internet, les sms, les tweets, les chats nous donnent l’impression qu’elle avait cours plusieurs millénaires avant notre ère. On ne la voit plus employée que par ces personnes-musées qui pour aucun progrès n’abandonneraient cette forme si belle de communication et d’expression.

Pour être plus efficaces en ce qu’ils garantissent la rapidité, la spontanéité et même la simultanéité des échanges, les nouvelles formes de correspondances, parce qu’elles ne favorisent pas la libre disposition de notre temps, ne permettent pas de poser son esprit, de choisir les moyens, les figures et les images que l’on souhaite communiquer. Le téléphone, les sms et les chats sont le domaine de la spontanéité, ils ne se prêtent pas aux évocations subtiles qu’au premier abord on dirait inutiles, mais qui pourtant font la beauté de l’échange épistolaire. En effet une lettre permet de raconter et de se raconter, car écrire c’est toujours faire passer un peu de soi. A travers le stylo ou le crayon, la pensée que nous sommes allés puiser au fond de notre notre être se coule dans la geste scripturale qui seule transforme la lettre en une sorte d’œuvre du fait de l’originalité qu’elle lui confère. En parlant de sa journée on pourra évoquer l’actualité, le temps qu’il fait au moment où l’on écrit, le lieu où l’on se trouve, les bruits qu’on entend, bref, les impressions que fait sur nous notre environnement. Pour ceux qui apprécient la retraite que propose un banc dans un bois tapissé de feuilles d’automnes, traversé par un ruisseau rocailleux et si clair qu’on peut y voir les poissons se conter fleurette, une lettre écrite depuis cet endroit qui invite au lyrisme sera fortement marquée par l’épanchement de l’âme de l’émetteur. On pourra même évoquer des souvenirs, partagés ou pas, que ravivent la vue de tel ou tel chose. Cette communication n’est pas simple émission et réception avec un interlocuteur, mais elle est aussi introduction de l’autre dans notre intérieur. Intérieur qui sera traduit par des phrases que seul sait constituer le style, c'est-à-dire la personnalité propre de l’émetteur. C’est pour cela qu’il n’y a pas deux lettres d’auteurs différents qui se ressemblent.


Les lettres ont encore ceci de bénéfique qu’elles facilitent l’épanchement. L’âme, il est vrai, entend plus facilement le langage de la musique que la parole et se livre plus facilement au moyen de l’écrit que par le discours. Une conversation, aussi élevée soit-elle, ne prend jamais le tour qu’aurait pu lui donner l’écrit, ainsi la correspondance mémorable de ceux à qui leur génie particulier octroyait le don d’écrire. On met tellement de soi dans une correspondance épistolaire que cette dernière devient une trace que nous laissons. La correspondance des grands hommes et femmes n’est-elle pas un outil d’analyse précieux de leurs personnes, de leurs actions et de leurs œuvres ? En écrivant à un ami on lui parle de ses idéaux sociaux, politiques, philosophiques. On lui parle de ses goûts, de la vision que l’on a de tout ce à quoi nous touchons. La correspondance épistolaire favorise donc l’intimité, c’est pourquoi quelques personnes seulement ont le privilège d’échanger des lettres avec une autre. Elle est en effet le privilège des esprits amis ; elle est un moyen d’entrer dans leur profondeur sans passer par le pont de la fréquentation réelle.


Royaume du temps apprivoisé, les lettres permettent de se mettre à l’ouvrage et d’arrêter quand on ne sait plus quoi dire pour revenir une fois l’inspiration de retour, tandis que le téléphone, les sms et tous ce qui leurs ressemblent, marqués par la rapidité, la brièveté, l’économie, nous font l’impression d’un temps fugace et non maitrisé : on passe vite, on évite les détails et surtout on adopte un langage synthétique et elliptique. Que des informations diluées au maximum, la tendance étance au light et au fast. Il est compréhensible qu’à une époque où la priorité est donnée à la course au temps que d’ailleurs on utilise mal, que peu nombreux soient ceux qui veulent se prêter à un exercice qu’on ne réussit pas sans patience. Coucher des mots, eux-mêmes ne se donnant pas sans effort à la pensée, les choisir les assembler selon l’effet que l’on veut produire ne convient pas aux amoureux des résultats immédiats.


Outre le fait que la lettre permet d’user de son temps à loisir afin d’affiner l’ouvrage et de le rendre plus beau, comme pour une œuvre d’art, bien que dans une moindre mesure, écrire une lettre c’est aussi un acte solennel. Les lettres fussent-elles d’enfants, de méchants scriptes ou de personnes peu éduquées sont rarement lues sans cette sorte de cérémonial auquel s’adonne la personne qui la reçoit. Souvenez vous des lettres de vos parents lorsque vous en étiez éloignés, des lettres de votre amour ; de quelles précautions vous entouriez vous avant de les lire ? Comme tout art, l’art épistolaire amplifie ce que nous négligeons peut-être au quotidien. Les émotions transmises, parce qu’on peut les entendre raisonner et parce qu’elles nous parviennent à un moment particulier, ce moment ainsi que la phrase chargée de ces émotions que nous percevons à la lecture, nous ne les oublierons jamais, ils sont grossis et acquièrent une solennité et une gravité autres. Il suffit que nous soyons traversés par je ne sais quelle humeur pour rouvrir cette lettre chérie, relire et relire le passage qui nous a marqué.

Cunctator.

lundi 21 novembre 2011

Le devoir de L'Eglise est de façonner la qualité de vie spirituelle à laquelle l'Evangile nous convie

Le populisme liturgique de nos célébrations eucharistiques est, faute de goût, grossier et ignorance des aspirations religieuses profondes de l’âme africaine. Le populisme, au sein de l’Eglise, est inadmissible lorsqu’il touche aux éléments matériels servant de support au contact du fidèle avec Dieu. L’obéissance à certaines exigences de tenue rend ce contact possible et bénéfique. La première exigence, au lieu de culte, ou ailleurs, est le recueillement, le rassemblement de notre être dispersé par mille problèmes de la quotidienneté. La rencontre avec Dieu présuppose une préparation soignée. Que celle-ci soit joyeuse n’implique pas qu’on y mette cette pétulance des liturgies africaines qui, bien vite, nous détourne de la raison de notre présence au lieu de culte.
Une mise entre parenthèse du flux des choses de la quotidienneté favorise le rassemblement et la concentration de notre être. Cela commence par le silence que, malheureusement, les Africains de l’Inculturation ont en horreur. Les Africains des bidonvilles surtout. Et c’est triste que ce soient ces Africains-là, si frustes, qui se mêlent de liturgie au sein de l’Eglise africaine qui, de plus en plus, se distingue des autres Eglises chrétiennes du monde par son amour du bruit, et la théâtralisation de l’expression de la foi, en se moquant pas mal de ce qu’on est convenu d’appeler le goût (capacité à sentir et à apprécier le beau).
Au fondement de la légitimation de tant de choses laides, en parfaite contradiction avec l’Evangile et le christianisme qui placent au centre de leurs préoccupations, l’éthique de l’exigence (le refus de céder à la médiocrité), une mauvaise interprétation, ce me semble, de l’inculturation dont le concile Vatican II faisait pourtant un principe de libération du génie des diverses cultures du monde. Les inventeurs de la nouvelle liturgie de la célébration eucharistique prétendent s’inspirer des liturgies des religions de l’Afrique ancienne. J’en conclus que, lourdement matérialiste, cette Afrique ancienne ignorait ce qu’est une spiritualité authentique.
Tout en pesant sur eux, celle-ci élimine au maximum, les éléments matériels susceptibles de constituer entrave au mouvement de l’âme désireuse de s’élever vers Dieu. Le corps, avec ses penchants tournés vers la matière, constituant la principale entrave. Or, la liturgie de l’inculturation fait une grande place au corps! Au fond, à force de vouloir vivre un christianisme authentique, c’est-à-dire inspiré de leurs cultures, où on danse beaucoup, les Eglises africaines revivent plus leurs religions traditionnelles que le message chrétien; de façon imaginaire d’ailleurs, puisque de ces religions abandonnées et oubliées depuis la colonisation et leur répression par les missionnaires, il n’est resté, chez nos habitants des bidonvilles, qu’une vague idée, des fragments de rites et de liturgies dont l’assemblage bricolé, puis baptisé chrétien, est proposé par la hiérarchie à la communauté des fidèles.
Naturellement, ceux-ci adhèrent, sans effort, puisqu’ils n’ont changé ni de culture, ni de religion, la religion de leurs ancêtres ayant juste changé de dénomination et de forme d’expression. L’adhésion au christianisme qui récapitule, dépasse et récuse nos petites religions matérialistes doit se traduire par la recherche d’une nouvelle forme d’expression d’une foi et d’une religion qui sont exigence d’excellence. Ces liturgies de boy scout révèlent, je le crains, la pauvreté intellectuelle d’une Eglise qui pense peu, et pour exprimer sa foi plutôt vague en l’Evangile, invente, sans effort, une liturgie instinctive de rustre et de bonne femme.
L’inculturation ouvrait, aux Africains, un espace de recherche hardie en théologie morale par exemple, ou en droit canon. Nous n’avons eu droit, jusqu’aujourd’hui, qu’à des bouffonneries liturgiques dont il serait illusoire d’attendre une amélioration significative de la qualité de la foi des Africains en rapide procès de retour à ce qu’autrefois, on appelait le paganisme. Attesté par ces prises d’assaut des lieux de culte le dimanche, l’ardent besoin de croire des Africains ne signifie pas qu’on doive, pour sa satisfaction, leur proposer n’importe quoi. Les Africains aspirent à une authentique spiritualité qu’on n’atteint certainement pas en laissant libre cours, en lâchant bride, à l’émotion brute et à la fantaisie, sous prétexte de les prendre comme ils sont, alors que le devoir de l’Eglise est de façonner leur sensibilité de rustre qui est une entrave de taille pour la qualité de vie spirituelle à laquelle l’Evangile nous convie.
L’Evangile de Jésus Christ n’a jamais été ces shows frénétiques des cultes des églises africaines, mais grave méditation du tragique de la condition humaine et du mystère de l’incompréhensible amitié de Dieu pour l’homme. Le sérieux et la gravité de nos frères musulmans en leurs mosquées ne pourrait-il inspirer ces chrétiens qui, avec cette sotte assurance, nous fabriquent des liturgies si tristement plaisantes?

vendredi 11 novembre 2011

Dans la démocratie ultralibérale les peuples sont moins souverains que les marchés financiers

Les marchés sont de retour ! Eux dont l’agonie après la crise des subprimes laissait espérer un retour des Etats qui, pensait-on, après avoir sauvé les banques de la faillite, exigeraient en contrepartie la régulation des marchés après des décennies d’autorégulation, ou si l’on veut de dérégulation néfaste. Les marchés se sont en effet réveillés. Le coup étourdissant de la crise des subprimes les avait sonnés, mais ce n’était pas assez ; le véritable coup leur aurait été donné si les Etats avaient réussi à les mettre sous leur coupe. Ayant rapidement retrouvé leur aplomb d’avant la crise, les marchés ont repris la place qu’ils se sont attribués depuis que quelques politiques, qui depuis ont répandu leur idéologie à travers la planète, avaient opté pour la voie ultralibérale en économie : moins d’Etat, plus de privatisation, moins de services publics, plus de spéculation hasardeuse. En gros depuis qu’on avait décidé que l’économie serait non pas au service des sociétés et de leur progrès, mais plutôt dédié à cause moindre, la rentabilité.


La crise européenne, crise de la dette souveraine, illustre bien la toute puissance des marchés qui dictent leur volonté aux Etats impuissants. Depuis des décennies les Etats s’endettent essentiellement pour soutenir leur fonctionnement, tant que les marchés, à travers les puissantes agences de notation, jugeaient bonnes leur capacités à faire face à leur passif. Devant L’impérieux devoir de renflouer les banques au bord de la faillite les Etats n’eurent pas d’alternative, ils durent recourir à des emprunts massifs. Cela ne fit qu’alourdir leurs dettes déjà énormes. Alors les agences de notation, relai des marchés, ayant pointé les difficultés de certains Etats à faire face à leur dette, tels des rapaces, notamment les fonds spéculatifs, se sont jetés sur ces Etats faibles, la Grèce d’abord, aujourd’hui l’Italie, créant la panique sur le marché des dettes souveraines et au niveau des politiques des autres Etats pressés de trouver des moyens de baisser leur niveau d’endettement.


Pour sortir de cette situation, la Grèce aujourd’hui, et demain les autres Etats attaqués, n’a pas eu d’autre choix que de recourir au FMI et à la solidarité européenne. Seulement le FMI est une institution ultralibérale, son intervention dans un pays qui ne peut plus emprunter sur les marchés est assortie de conditions drastiques qui à la longue ont un effet pervers sur l’économie d’un Etat. Pour se garder d’une contagion de la crise grecque, et d’autres indiscrétions des agences de notation devant lesquelles ils tremblent tant ils ont peur, pour les plus exposés, d’être les prochains sur la liste, les Européens ont accepté le dictat des marchés, ces dieux de notre ère dont le commandement suprême est de faire du profit. Ceux qui n’y arrivent pas subissent le châtiment d’une rigueur budgétaire d’une austérité rare.

Ce pouvoir des marchés n’est plus seulement un pouvoir, il s’agit désormais de la souveraineté des marchés. Cette souveraineté à laquelle nous sommes de fait soumis, celle de l’argent tout puissant vient de réaliser un fait d’armes hautement symbolique : Ils ont acquis une nouvelle prérogative, politique cette fois-ci. Plus souverains que les peuples, en ce que les mandataires des souverainetés nationales que sont les membres de l’exécutif, n’agissent désormais plus que dans l’intérêt des puissants marchés sans se soucier de consulter leurs peuples ou se moquant de l’avis du peuple. Georges Papandréou en a fait les frais qui, d’un élan de sincérité démocrate ou par tactique politique, a eu la folle idée de soumettre les dernières mesures adoptées par l’élite des dirigeants européens, pour sortir son pays d’une dette colossale, à l’avis de son peuple qu’il souhaitait consulter par référendum. Quelle folie ! d’après les dirigeants européens, les agences de notation et les marchés financiers. Pour eux les peuples n’ont pas être consultés ; la cure d’austérité, les pertes de souveraineté et la mise sous tutelle ne se discutent pas . Le fantasque Berlusconi doit son prochain départ non pas à des mécanismes démocratiques, mais à la nécessité du sauvetage de la zone Euro.



Dans une telle démocratie nous réalisons qu’à la vérité un acteur, dont les intérêts sont loin de converger avec l’intérêt général cher aux théoriciens du régime démocratique, est le véritable souverain en ce qu’il décide réellement du choix des chefs d’Etats et de gouvernement, des programmes et stratégies économiques, bientôt même du fonctionnement des Etats. Ils ont habitué les peuples disposant d’un droit de vote biaisé, tant ils ont réussi à réduire le clivage gauche-droite, à placer toujours les mêmes à la tête de leurs Etats, c'est-à-dire deux partis on ne peut plus flous sur leurs divergences idéologiques, économiques et sociales, enfin à instituer ça et là des oligarchies de telle sorte que voter pour tel ou tel revient à résoudre la même équation. Ne voyez pas là un appel aux extrêmes, mais trop c’est trop! Que sont des nations qui se veulent démocratique quand elles entretiennent des dictatures de fait devant lesquelles, comme des poltrons elles manquent de courage. Pusillanimité que l’on justifie d’ailleurs en reconnaissant qu’il existe peu, sinon pas d’alternative au système. Ce n’est pas ça la politique ! Livrer ainsi son peuple à des puissances totalitaristes sans se remuer ! C’est grave.

La souveraineté a commencé à être soustraite aux peuples à partir du moment où ces derniers, pourtant héritiers des révolutions françaises et américaines, des guerres contre le fascisme et le totalitarisme se sont peu à peu désintéressés de la politique. leurs intérêts étaient sauvegardés par les puissances capitalistes qui leur assuraient face au monde communiste décadent, face au tiers monde engoncé dans son indécrottable misère, une défense, des loisirs et de la consommation à profusion, les privant ainsi de la nécessaire réflexion qui seule assure aux hommes de rester lucides quant à leur condition politique, sociale, et simplement humaine. La perte de souveraineté qui se confirme s’est accentuée dès lors que la politique a paru aux classes populaires comme une sorte de show dans lequel se relaye des personnages aux propos absconses des experts et des technocrates. On faisant de la politique une affaire d’élites, on en a désintéressé la masse, dont la clairvoyance à dire « tous pourris, tous les mêmes ! » est raillée et jugée dangereuse sans donner lieu à de profondes analyses. La souveraineté des peuples ? Si les choses demeurent telles, il y a de fortes chances qu’elle ne soit plus qu’un vieux souvenir rangé dans les manuels d’éducation civique et de droit constitutionnel.



Cunctator.

jeudi 20 octobre 2011

Grandeur et misère des dictateurs: le rideau se ferme pour Kadhafi


Peu de dirigeants brutaux, finalement, quittent le pouvoir par des voies honorables. Les acteurs du grand banditisme, hormis ceux qui réussissent à s’évanouir dans la nature, ont malheureusement peu de choix quant à leur manière de se retirer. C’est sans doute la rançon du moyen d’accéder au bonheur qu’ils se sont choisis : semer la tristesse et la désolation autour d’eux et même plus loin. Ils ont volé, pillé, assassiné, méprisé la justice, brefs ils ont causé le malheur de tant et tant de leurs semblables qu’on a l’impression que ces diables qui se prennent pour des dieux – cette impression leur est donnée par le sentiment de toute puissance que leur procure le pouvoir temporel qu’ils ne partagent avec personne - oublient qu’ils sont aussi périssables que les misérables qu’ils tiennent à leur merci. Ainsi ces bandits, politiques et tous ceux qui entretiennent des rapports de haute indélicatesse avec les lois pénales qui punissent des immoralités universellement condamnables finissent soit en exil, en prison ou sont tués quand, récalcitrants, grisés par de nombreuses années d’exercice d’un pouvoir égoïste et brutal, ils n’écoutent pas les décrets qui décident de leur chute.

Ainsi a fini le colonel Mouammar Kadhafi. le dictateur Libyen, dont on ne raconte plus le règne aux méfaits qui égalent en nuances la palette des peintres les plus gourmands de couleurs pour brosser leurs tableaux, a été tué aujourd'hui. Le congolais Marcel Gothène, parce que l’imaginer peint par Rubens lui donnerait trop d’éclat, exécuterait bien un portrait tragique de ce personnage bigarré et odieux que tant de gens en Afrique pleurent. Ils regrettent son « panafricanisme », son ardent entrain à moderniser son pays et le reste du continent. D’autres encore voyaient en lui le dernier rempart contre l’impérialisme occidental en marche pour recoloniser l’Afrique qui n’a pas eu assez de cinquante années pour se moderniser et conquérir sa véritable indépendance. Pour ceux-là un héros est mort. Sans blague ! Voila ce qu’il en coûte de s’habituer à voir des clowns bouffis d’orgueils et de complexes déplorables diriger un continent. On perd, si jamais on l’avait déjà acquise, la notion de véritable homme d’Etat. Si l’Afrique, c’est indéniable, a eu des héros dans les soldats des indépendances, leurs héritiers se sont montrés médiocres et n’atteignent pas leurs illustres prédécesseurs à la cheville. L’indépendance elle commence avec la dignité. Cette dignité que nous étions sensés retrouver au moment de l’accession à la souveraineté nous a été confisquée par la classe de brigands à laquelle appartenait M. Kadhafi. Par leur inconscience et leur cupidité, même sans le vouloir, ils ont livré l’Afrique à ceux à qui elle essaie d’échapper. Quand on n’a pas la puissance de la Chine ou de la Russie, quand on n’a pas d’alliés capables de défendre ses postions dans les cénacles internationaux, on ne s’amuse pas à braver ce monstre hideux qu’on appelle communauté internationale, on ne se la met pas simplement à dos. Mais le gout du pouvoir fait prendre des risques inespérés. Laurent Gbagbo, non pas qu’il ait été un dictateur comme nombre de ses pairs, malgré sa légitimité, a manqué de stratégie ; il aurait pu finir tué. Mais dans ce cas je me serais indigné.

Cependant M. Kadhafi aurait reçu la mort de ceux-là même qui sont se sont battus pour restaurer justice et dignité en Lybie. Exécution ou échange de tirs ? On n’en sait trop rien. S’il s’agissait d’une exécution, les soldats du CNT seraient alors de biens étranges justiciers. Car exécuter ainsi une personne, fut-elle haïe et honnie de tout un peuple, c’est prolonger l’œuvre de celui qu’ils sont venus chasser. Commencer ainsi une œuvre de justice en se moquant des droits de l’homme qui dans sa dignité a droit à être écouté et condamné, même à mort si dans un pays cette relique barbare à encore cours, m’interroge au sujet des autres actes de barbarie commis au nom de la libération par les rebelles du Comité National de Transition (CNT). Si c’est bien une balle du CNT qui a tué M. Kadhafi, cela montre à quel point ses combattants n’ont point bénéficié d’encadrement politique. De fortes consignes sur le maintien en vie de à son sujet auraient empêché qu’on lui donne la mort, et les Libyens auraient eu un procès bien mérité. Dommage, dans sa défense il aurait livré, on s’en doute, des secrets qui auraient ébranlé des dirigeants qui aujourd’hui organisent une chasse sélective aux dictateurs.


Cunctator.

mardi 13 septembre 2011

Dans la république bananière appelée France, les révélations de Robert Bourgi font « pschiiiit ! »

L’affaire est connue de tous, des chefs d’Etats du pré-carré africain de la France financent les campagnes électorales des chefs d’Etats Français et d’autres politiques en vue. C’est l’une des pratiques des relations tordues que la France, telle une mère qui vit difficilement l’indépendance de ses fils - et s’ingère dans leurs affaires les plus intimes -, entretien avec ses anciennes possessions d’Afrique. Quoi qu’indépendantes, elle s’arrange, grâce à des réseaux opaques ou transparents, à s’y maintenir chez elle. Plus que les populations de ces pays, elle y est souveraine : la France fait et défait les chefs d’Etats Africains. Alors pour être bien vus et protégés de cette mère étrange et puissante, les chefs d’Etats de ces pays lui font des faveurs qu’ils ne font jamais aux leurs. Ils offrent aux chefs d’Etats Français de somptueux moyens de battre campagne. C’est ce secret qui n’en est pas un qu’a révélé Me Robert Bourgi, un important membre du dispositif de la Françafrique dimanche 11 septembre au Journal Du Dimanche en citant deux noms, celui de l’ancien Président de la République et celui de celui qui fut son Secrétaire Général puis son Premier Ministre. Evidemment si ça n’a fait encore pas « fait pschiiit » (entendez si l'affaire ne s'est pas encore volatilisée pour disparaître des médias et ne jamais faire l'objet d'une enquête judiciaire) ça le fera un jour ! Surtout en ces temps de République bananière.

Oui la France est une république bananière. Si personne ne s’en offusque c’est que ce pays qui compte des milliers d’intellectuels forts en gueule au mètre carré a perdu de sa capacité à s’indigner. Combien d’injustices sont passées sous silence, combien d’entorses à la démocratie et à la sainte séparation des pouvoirs dont on s’accommode allégrement ? Que ne gueulent-ils pas lorsque les valeurs de la République pourtant évoquées avec piété moniale devant les médias et devant les foules sont impunément moquées ? Est-ce parce que les victimes de ces immoralités sont essentiellement des nègres ? Que n’ont-ils le courage de constater que le pays de Benjamin Constant, de Victor Hugo, de Lamartine et du Zola de l’affaire Dreyfus est devenu une véritable république bananière ? Parce que république bananière c’est bien quand il s’agit de républiques tropicales. Mais moquer une partie de l’humanité parce qu’un peu grossière, gauche et mal-élevée, c’est oublier que l’universel ne concerne pas que ce qu’il y a de reluisant dans l’humanité et que si on ne s'attèle pas à maintenir ardente la flamme des nobles idéaux, on régresse peu à peu pour ne tendre qu'aux choses prosaïques. Le laid et le répugnant appartiennent eux-aussi à tous les hommes, on ne les trouve pas que chez les horribles dictateurs d'Afrique, et, il y a encore peu, d'Amérique latine. Autrement pouvait-on imaginer qu’un brillant économiste, dirigeant d'une institution internationale de premier planan et futur candidat à une prestigieuse élection cède si facilement, - ivre de la supériorité que lui conférait sa position sans doute – aux charmes pas si fameux d’une gueuse au point de finir éclaboussé par une accusation sordide ? Qu'un journaliste de l’un des titres phares de la presse se fasse espionner par les services de l’Etat au mépris de la liberté de la presse, ne provoque pas le tôlé qu'il devrait en principe créer est effrayant. Lorsque l’action de la justice, et c’est une honte, est constamment entravée par l’exécutif lorsque des « grands sont en cause », la Révolution de 1789 perd toute sa signification. Où est-on ? Pas dans la Tunisie de Ben Ali, mais en France.

Cunctator.

samedi 10 septembre 2011

Le défaut d'hommes de conviction et de discernement vouait d'avance les révolutions africaines à l'échec

Le recul permet aujourd'hui d'identifier les failles majeures des révolutions de l'Afrique subsaharienne post-indépendance. Aucune n'a tenu ses promesses. Les causes de l'échec sont pour l'essentiel d'ordre anthropologique. Au vu de la qualité douteuse des hommes qui tentèrent l'aventure, il était prévisible que les choses n'iraient pas loin; que même là où l'expérience fut tentée, le passage de ces hommes induirait une crise sociale sans précédant et longue. Du marxisme et du socialisme en effet, il n'est resté aujourd'hui que les dessous pervers de l'utopie qui constituent pour la conscience et l'action politique africaines un lourd handicap. Quelle que soit l'idéologie qui l'inspire, passée l'orage de l'émotion des commencements, une révolution, c'est toujours le contraire du bricolage. Et lorsqu'au bricolage s'ajoutent la faiblesse de l'engagement et des convictions, le mépris de l'homme dissimulé sous l'esthétique du bagout, ça fait des ravages. Placée dans les mains d'hommes assez candides pour croire qu'il existe des recettes toutes faites pour apporter aux peuples le bonheur auquel ils aspirent, le marxisme et le socialisme ont fait de ces zélotes les joyeux fossoyeurs de leurs propres pays. C'est que nos révolutionnaires était mal préparés à relever le terrible destin de leurs pays: l'appel à la redéfinition et à la construction des sociétés dans le respect des grandes valeurs qui n'en font pas des absurdités baroques inacceptables. Alors ils ont fini par détruire l'Afrique mieux que l'avait fait la colonisation. Instruits, ou analphabètes brûlants d'ardeur pour une idéologie donnée pour être une panacée qui, juste par une parole rituelle, viendrait, illico, transformer la société, sans être tous des gredins, ils sont tous d'origine obscure: bidonville colonial, bourgade de l'intérieur du pays vulgairement appelée village, royaumes, tous ces milieux de la pensée confuse et des petites sagesses terre à terre, qui n'enseignent pas à regarder au delà de la limite du village ou du territoire du groupe d'appartenance. Univers clos et cloisonné dont cependant, ils font le centre du monde.


Ces entraves de leurs origines spirituellement et intellectuellement médiocres poursuivront jusqu'au bout nos révolutionnaires. L'ouverture - de mauvaise grace - à la démocratie ne les transforme pas d'un bloc comme sous l'effet d'une baguette magique. Ils avaient trop pris goût à la révolution, source de tant d'avantages de toutes natures, pour, d'un coeur sincère, opérer le retournement douloureux qu'exigeait le passage à un régime politique aux vertus et aux pratiques tellement contraires à celles d'une révolution de leur façon. On trouverait difficilement un seul dirigeant révolutionnaire dont l'intelligence et la sensibilité (le peu dont ils pouvaient être doués) aient été mises au service de la recherche du bonheur collectif. On peut alors se demander si les trois décennies que dura le régime marxiste dans cette partie du monde, plus que la longue et la tragique traite des Noirs et le colonialisme, n'ont pas contribué à l'abrutissement et au pourissement de la psyché collective africaine noire. La conduite agressive et dévoyée de ces dirigeants soucieux avant tout de prendre leur revanche sur leur misère d'hier, ne pouvait fabriquer le climat sain nécessaire au maintien des équilibres psychologiques ébranlés par un siècle de colonialisme féroce. La sauvegarde de positions sociales élevées, acquises par la brigue, l'intrigue, la ruse ou la violence, les préoccupât avant la recherche sincère de solutions susceptibles de sortir leurs peuples de la misère. Ces hommes qui, par une sorte de respect superstitieux des préceptes marxistes, s'efforceait de ne craindre ni dieu ni diable, et qui, sauf lorsqu'il s'agissait de leurs proches par le sang ou par le coeur, ne s'embarrassaient pas de scrupules pour arrondir des avantages personnels, ces hommes allaient au bout d'une génération, transformer leurs pays en immenses champs de ruine. Sur le plan des moeurs et de la moralité, les résultats du combat révolutionnaire ne se firent pas attendre. Dans la nouvelle société, dont, avec une ardeur inimitable ces imprudents jettaient les bases, les moeurs progressivement s'effritèrent par pans entiers. Les principes et les valeurs qui malgré la tragédie de la traite des Noirs et la violence coloniale, continuaient d'assurer un relatif équilibre social cédèrent un à un.

Redéfinies conformément aux principes de l'idéologie marxiste dominante, les sociétés africaines qui tiraient fierté et orgueil d'y avoir adhéré furent précipitées dans un horrible crépuscule de leurs valeurs de culture. Des valeurs sacralisées par une tradition millénaire furent brutalement soufflées, moquées comme absurdes et incompatibles avec le marxisme, puis finalement retournées contre elles-mêmes. Sur le désordre révolutionnaire qui a fait le lit à un étrange humanisme bien étranger à la culture africaine, une démocratie de principe est certes venue se surimposer. Ces convulsions témoignent de la profondeur de la crise sociale et des valeurs subséquente au passage de l'idéologie marxiste endossée comme prêt-à porter. Mais en même temps, ces convulsions de la démocratie africaine sont la preuve que, pas plus qu'elles n'étaient prêtes pour le marxisme, les sociétés africaines ne le sont pour un régime politique dont, à côté de bien des choses bonnes, excellentes même, nombre de principes de fonctionnement sont loin de leur système de représentation du monde et de leurs pratiques. Cela signifie qu'avant d'adopter le marxisme ou la démocratie comme forme de gestion sociale, les Africains devraient passer par une phase transitoire d'inititaion progressive et prudente. Le temps d'enraciner des convictions. Par la persuation et non par la férule, fût-elle simplement verbale. Faute de quoi, détruites et recomposées sur un modèle étranger, les sociétés africaines risquent de ne pas retrouver sur ce modèle étranger le nouvel équilibre qu'elles recherchent. Coincées et écartelées qu'elles seraient entre deux pôles de sollicitations contradictoires. Position intenable qui produit des monstres.

lundi 22 août 2011

Kinshasa proteste contre des conditions de vie néolithiques: la marche des bougies

Appelés à manifester leur mécontentement face aux coupures intempestives d’électricité et aux délestages qui aggravent davantage leurs conditions de vie déja difficiles, les kinois vont marcher dans les rues de kinshasa, qui pour l’occasion, faute d’électricité, seront éclairées par une lumière de fortune : les bougies que porteront les kinois. Ces bougies ne vont pas seulement pallier un défaut d’éclairage, mais elles symbolisent surtout la colère des populations, depuis un moment privées d’électricité, contre ces conditions de vie d’un autre âge. L’appel à la manifestation citoyenne lancé via Facebook et des sms est le fait de l’association SOS Kinshasa qui milite pour l’amélioration de la vie des kinois. Espérons que comme ailleurs la mobilisation sera forte. Comment douter qu’elle ne le soit pas ? Vivant depuis plus de deux décennies dans des conditions sociales médiocres pour la majorité d’entre eux, et réduits à la débrouille pour la survie au quotidien, on aurait cru les kinois, soit par courage, soit par lassitude, résignés à subir leur malheureux sort. Mais seulement, même armé de patience, il est difficile de rester longtemps stoïque devant une absence prolongée d’électricité en ce siècle où il n’est pas possible, même dans l’Afrique sous-développée, de vivre décemment sans énergie électrique tant cette dernière est indispensable non seulement pour faire fonctionner les outils propres à l’ère de l’information, mais surtout pour la préparation et la conservation des aliments. Déjà pauvres, Les populations, privées d’électricité, donc de moyens de conservation d’aliments périssables, sont contraintes de se les procurer au jour le jour ; ce qui revient nettement plus cher que si elles faisaient des provisions. Comment en faire sans pouvoir les conserver ? La sensation agréable que procure une boisson bien fraiche dans ce pays ou la bière est appréciée et où les températures peuvent atteindre 40°C, est devenue tellement rare, qu’une bière ou un soda frais bus chez vous ou dans un débit de boisson vous procurent une joie ineffable…

Brazzaville, la sœur voisine de Kinshasa connait la même situation, et depuis plus longtemps. En effet depuis plus d’une dizaine d’années les brazzavillois sont privés d’électricité et d’eau courante. En dehors du centre ville et de quelques grandes avenues éclairés en permanence, les quartiers de Brazzaville ressemblent à de gros villages non électrifiés. Comme à Kinshasa, ceux qui peuvent, se procurent des groupes électrogènes. Mais combien sont-ils ? Et quel bruit ! Quatorze ans, voire plus, sans eau courante, est-ce normal, ou les congolais marchent-ils sur la tête ? Contrairement aux kinois, les brazzavillois ruminent leur colère, ils ne la laissent pas éclater. Seraient-ils devenus des disciples du sage et patient Socrate que nous décrit Platon ? Loin de là, il manque seulement aux congolais de Brazzaville des relais de mobilisation ; il manque aux congolais de Brazzaville le courage de réclamer un mieux vivre ; il manque aux congolais de Brazzaville la volonté de se faire entendre. Comment cependant expliquer cette torpeur elle-même aussi coupable que l’immobilisme ou la paresse d’un exécutif, qui n’oublie pas par cependant de collecter les taxes de toutes sortes et dont la mission, pourtant assumée dans de beaux discours, est de fournir l’infrastructure indispensable à une société moderne et en marche vers le progrès.

Contrairement à leurs voisins traumatisés par la menace permanente de la brutalité militaire, Fatigués d’être constamment ramenés en arrière depuis les indépendances qu’ils avaient accueillies comme source de progrès et d’émancipation, les kinois ont décidé non pas de casser, mais de s’indigner pacifiquement à la lumière des bougies et au son des casseroles. Il est plus que temps de montrer leur rage trop longtemps contenue aux dirigeants étranges et grossiers, qui ne travaillent qu’à assurer leur progrès et leur épanouissement propres.

Cunctator.

mardi 16 août 2011

Afrique: le marxisme et le socialisme, était-ce la solution, était-ce le moment?


Au regard de l’ampleur des ravages, la réponse est bien entendu non. Et les raisons de ce rejet ? Elles sont essentiellement d’ordre anthropologique. Le marxisme et le socialisme avec leur horreur des rapports d’inégalité et de domination de l’Etat capitaliste, faisaient irruption dans des sociétés dont le mode d’organisation fondé sur la soumission consentie des cadets aux ainés, n’était pas celui de l’Etat que combat l’idéologie marxiste. À moins d’appeler Etat, même occupant des territoires de grande étendue, des formes plutôt parentales de gestion du pouvoir, où le lien de sang est déterminant ; où l’autonomisation du politique est loin d’être nette. Ce que, aux XVe-XVIe siècle dans le bassin du Congo, sur des fondements analogiques, les voyageurs Européens s’étaient dépêchés d’appeler royaumes ou empires, n’était en fait que des aires culturelles aux composantes ethnolinguistiques liées par une grande proximité : coutume, codes sociaux, obéissant, hors institutions politiques contraignantes et vraiment formalisées, à un notable dont la légitimité ne reposait que sur le poids d’une longue tradition et des mythes habilement exploités. Ce notable incarne l’unité, longtemps uniquement culturelle, par la suite politique, de l’aire culturelle. Son intention et son désir d’intégration politique de l’ensemble se heurtent à l’absence de moyens logistiques : corps de fonctionnaires spécialisé, police, armée de métier, l’écriture et l’incontournable bureaucratie qui n’a pas que des vices. Cela fait que, hors le petit canton où ce mfumu nsi (le chef) a établi sa capitale, en fonction de la distance géographique qui le sépare de ce chef, chacun en fait à sa tête.

Les groupes lignagers les plus en vue et les plus puissants dont il a fait ses représentants locaux, jouissent d’une grande autonomie, de sorte qu’ils redoutent plus les populations sur lesquelles il sont sensés exercer leur contrôle que ce trop lointain roi. Tels nous apparaissent les royaumes et les empires africains précoloniaux, du moins les royaumes de Kongo, de Loango et de Mukoko du bassin du Kongo, et plus loin l’empire Luba-Lunda. Ils amorcent certes des évolutions entre le XVIe et le XVII è siècle sous l’impulsion des marchands Européens, mais pour l’essentiel ces formations politiques resteront des formations pré-étatiques. L’absence d’écriture fut ici décisive. La durée de la colonisation fut trop courte pour donner aux colonisés le sens de l’Etat. et cela pèsera lourd dans l’évolution politique et sociale de ces colonies une fois devenues indépendantes. Le défaut d’une tradition du sens de l’Etat et de ses exigences constitue un terrible handicape dans l’aspiration de l’Afrique noire à se moderniser.

La mauvaise lecture qu’elles feront des idéologies politiques venues d’Europe, capitalisme ou marxisme, les conduira tout droit à la confusion et au désordre. De ce point de vue, la différence qui sépare l’Asie et l’Afrique noire postcoloniales explique le contraste des évolutions sociologiques entre les deux continents. un demi-siècle à peine après que l’Europe s’en soit retirée comme puissance coloniale de domination et d’exploitation, l’Asie talonne l’Europe et l’occident ; en devient même, au fil des années, un concurrent inquiétant. Pendant ce temps, pourtant libérée du joug colonial presque aux même dates que l’Asie, l’Afrique noire en est toujours aux balbutiements et au tâtonnements brouillons. Et même dans bien des secteurs de la réalité sociale, montre d’inquiétantes régressions. C'est que, pour expliquer les prouesses des Asiatiques, sans en excepter un seul, l’Etat comme organe d’intégration sociale, et coordonnateur de tous les processus sociaux, est réalité ancienne en Asie. Il y apparait des millénaires avant que, au XIXe siècle, l’occident lui impose sa domination. Cela fait que, confrontées à l’urgence de la modernisation de la société, l’Afrique noire et l’Asie ne disposent pas des mêmes atouts pour y accéder. Une différence radicale de mentalités et de visions du monde les séparent. C’est ainsi que le marxisme auquel l’Asie et l’Afrique adhèrent toutes deux comme moyen de transformation sociale a des résultats contrastés dans les deux continents. Si en cinquante ans, grâce au marxisme, non sans violences inutiles regrettables, la Chine par exemple est parvenue à se hisser aux sommets de la civilisation industrielle, en revanche le même marxisme sur lequel s’était appuyé la Chine a précipité l’Afrique dans un cul de basse fosse où elle barbote dans une misère noire, pire souvent à celle où l’avait jetée la colonisation.

Les facteurs et les raisons de la misère politique africaine :

Au moment de leur accession à l’indépendance si, en Asie outre le bénéfice d’une tradition de l’Etat, ceux qui engagent le combat de la modernisation et du développement sont pour la plupart gens d’une solide formation intellectuelle et morale, à quoi s’ajoute le sens de la responsabilité et de l’engagement et une longue tradition nationaliste, en Afrique en revanche, se proposent au combat du développement des blanc becs souvent mal-élevés, qui ignorent tout d’une nation et de l’Etat confondus à leur village, parce que l’Etat et la nation n’avaient jamais existé dans leur société. Ils sont parfois, certes, bardés de diplômes universitaires, mais cela suffisait-il pour produire les hommes politiques qu’exigeait l’Afrique post-indépendante? Il leur manqua une lecture lucide de la situation Ils ne pouvaient l’avoir c’étaient tous des hommes nouveaux que ne portait aucune tradition de la gestion de l’Etat moderne. Ce furent de petites intelligences politiques qui se rabougrirent progressivement sous la pression des groupes d’appartenance, dont l’agitation fébrile permanente produisit du désordre plus que l’ordre postulé.

Ce grave handicap allait limiter les capacités de nos révolutionnaires à la copie servile et inefficace d’un modèle social d’importation. Il leur aura manqué, il faut le souligner, l’intelligence de se demander si la superposition à leur culture du schéma marxiste et socialiste, inventé pour d’autres sociétés dans des contextes historiques précis, serait productrice de sens et aiderait les Africains à se réinventer. Il nous fallait d'abord régler le problème de notre rapport au néolithique dont les imedimenta nous empêchent d'avancer.


jeudi 4 août 2011

Propos sur les imbéciles

Imbécile ! J’ai souvent entendu une personne s’exclamer de la sorte, exaspérée de l’attitude désespérante de son fils. La façon qu’elle avait de prononcer ce mot, opérant une section nette après la première syllabe, renforçait non seulement sa sonorité, mais aussi sa charge. En effet, enfant, je me suis souvent entendu traiter d’imbécile. Et je n’ai jamais oublié l’air de dépit que prenait la personne qui prononçait ce mot, qui était, ce me semble, pour lui le mot le plus approprié pour caractériser la bêtise dans son aspect méprisable. C’était il y a bien longtemps. Depuis je n’ai pas oublié ce mot, ou plutôt il m’est devenu familier. Mais ce n’est cependant qu’à la lecture d’un recueil d’essais cinglants de Bernanos (La liberté pour quoi faire) dans lequel il traite entre autre des misères (morales et intellectuelles) des hommes de son temps qu’il affuble à souhait de l’épithète « imbéciles », que j’ai mesuré, longtemps après avoir été désigné comme tel, à quel point un imbécile pouvait exaspérer et surtout faire pitié. Quelle misère que de se complaire de son imbécilité !

Qu’est donc un imbécile selon la façon dont j’entends ce mot ? En imbécile de premier ordre, je prie chaque jour le Seigneur de me retirer un peu de cette pesanteur qui m’empêche d’être un homme, c’est à dire, si l’on s’en tient aux enseignements des sages les plus illustres de Confucius à Socrate, de Socrate à Jésus-Christ, cet homme qui tente se débarrasser de tout ce qui, telle une gangue, recouvre les pièces précieuses dont il est fait. En effet la sagesse chinoise, la philosophie et le christianisme n’enseignent guère autre chose à l’homme que de rechercher sa nature noble et aimante et à se conformer à elle. Mais seulement, devenir sage, ou simplement rechercher la sagesse, entreprises peu aisées en soi en ce qu’elles exigent courage, abnégation et persévérance, est plus difficile encore quand on est un imbécile. Je nomme imbécile toute personne qui se prend pour la perfection même. Que rechercherait-elle la sagesse, elle l’a déjà. N’entrent donc pas dans ma catégorie d’imbéciles tous ceux qu’on pourrait à priori y jeter : les simplets et toutes les personnes peu douées intellectuellement notamment. Loin de m’énerver leur simplicité, leur gaucherie et leur ingénuité, au contraire, m’inspirent une sorte de tendresse qui me fait excuser leur faiblesse involontaire. Non ce n’est pas d’eux dont il s’agit ici, ces désavantagés dont certains poètes préfèrent la compagnie et la symbolique à celles de ceux qui savent, mais qui malheureusement, trop peu habités par leur science, ne savent que maladroitement et de façon utilitariste sans jamais être transformés par leurs impressionnants savoirs. Ce sont eux les vrais imbéciles. Tellement épais que même une quantité importante de savoir, difficilement conquis par nos anciens, n’arrive pas à leur sculpter une personnalité plus agréable et moins baroque.

Parmi les bienfaits dont l’intelligence orne ceux qui ont le privilège d’en être dotés, l’amour des hommes, aux côtés duquel se tient presque toujours une simplicité aussi grande que l’étendue de leur sapience, est sans doute le plus remarquable. L’imbécilité quant à elle, lors même qu'elle atteint une personne capable de déchiffrer les problèmes mathématiques les moins accessibles, ne manquera pas de truffer cette dernière de complexes tous aussi énormes que sa sagacité. Pour peu que les connaissances de l'imbécile soient sanctionnées par un diplôme élevé, vous aurez l’impression d’avoir affaire à Sa Sainteté le pape en personne. L’imbécile titulaire de ce parchemin se croira ainsi détenteur d’un titre qui lui donne une valeur ajoutée en termes non pas d'employabilité, mais d'humanité; il se croira devenu un être supérieur. En effet l’imbécile, qui vénère l’intelligence dans son acception vulgaire et capitaliste (plus on est doué intellectuellement plus on a la chance de franchir les paliers de sanction des capacités et des aptitudes et de devenir au bout du compte quelqu’un dans une vie qui place les revenus au dessus de la hiérarchie des valeurs humaines) la mesure à l’aune de ses diplômes. Plus il sera diplômé, plus il sera pénible et puant, plus il s’enfoncera dans cet orgueil idiot qui caractérise les imbéciles savants. Vous voulez voir des imbéciles savants ? Ce n’est pas aussi rare qu’un singe savant. Cette espèce n’a jamais autant proliféré qu’en ce siècle où plus que d’autres sont remplies les conditions de son essor. Remisez l’esprit critique dans les placards de la pensée, ignorez la diversité et la complexité pour réduire tous les hommes sous le même rapport, assignez à ce dernier la seule tâche de consommer et simplifiez la réflexion en servant du prêt à penser, vous aurez des imbéciles par millions.



Cunctator

jeudi 21 juillet 2011

Ceux qui nous gouvernent savent-ils que l’Etat rançonne les petits producteurs de nos campagnes ?

O beatos nimis, sua si norint agricolas bona ! Oh trop heureux laboureurs, s’ils savaient leur bonheur ! (Virgile, Les géorgiques). Ainsi disait des gens du labour, Virgile, le doux et timide poète de Mantoue, il y a deux mille ans. Bonheur viril et vrai que savent encore goûter, aujourd’hui, quelques agriculteurs d’Occident. A la paix de leur humble univers, ils ajoutent, pour leurs semailles et leur récolte, le versement d’une subvention par leur Etats. Toujours suffisante certes, en face de tant de besoins, mais ils connaîtraient certainement pire sans cette politesse de leurs Etats. Les paysans africains qui ne semblent pas le souci prioritaire de leurs autorités en savent quelque chose ! Ceux du Congo-Brazzaville ont toute l’attention de leurs élus, mais pas pour améliorer leurs misérables conditions d’existence. Leur maigre production est obérée de toutes les taxes du monde. Ils en deviendraient fous s’ils pouvaient mesurer leur degré d’infortune. Et comment, partis, le cœur en joie, de leurs lointains villages, et rendus à Brazzaville pour écouler leur récolte dont ils attendent un petit rayon de joie et au moins une petite journée de bonheur, comment seraient-ils heureux si, dans cette ville, et dans leur pays ils sont traités en étrangers et joyeusement rançonnés ? Ils doivent, en effet, avant même d’avoir vendu, acquitter des frais exorbitants de police, de mairie, de douane et des Eaux et Forêts, dès leur descente de camion-bus ou du train ? Le petit commerçant ahuri, ne comprend pas ; il sait que ne sont normalement frappés de droits de douane que des articles d’importation, en tenant compte de leur valeur et de leur prix à l’exportation. Et que viennent faire les Eaux et Forêts, la police, et surtout la mairie dans ces taxations ? Le mukalu produit à Mossaka, à Loukolela, est-il un article d’importation ? Ou le foufou produit à Madingou, à Mont-Belo, Mouyondzi, Loudima ? Ou les animaux d’élevage de ces contrées de notre pays ?

Paradoxalement, un certain nombre d’articles venant de l’étranger, mais destinés à aider les paysans, sont exonérés des droits de douane : tracteurs, et autres outils agricoles. Ces pratiques étranges que probablement n’a pas ordonnées le code de commerce de notre pays ont lieu chaque jour, sous la barbe des autorités concernées. Comment donc les interpréter autrement que comme les signes d’une crise sociale grave dont la poussée grandissante, comme une pieuvre envahit tous les secteurs de la vie sociale, en commençant par le secteur public progressivement, insensiblement démissionnaire de sa tâche prioritaire : le maintien de l’ordre. L’apathie, ou, plus négativement, la volonté de rapine et de concussion qui a gagné un nombre fou d’agents de ce secteur est inquiétant. Il faut plaindre le chef de l’Etat.

De toute évidence, il prêche dans le désert. Pas beaucoup ne l’écoutent. La cavalcade des anti-valeurs contre lesquelles il s’est croisé est en marche ! Mais un tel niveau de désordre, ça n’est pas par hasard ; il est le résultat de l’accumulation de petits désordres sur plusieurs décennies, depuis les indépendances. Ni ici ni ailleurs dans le monde, la politique politicienne n’a jamais rien produit d’autre que des citoyens inciviques et médiocres. Savons-nous qu’entrer en politique, c’est comme entrer en religion ; et les mêmes exigences : être tout à tous, un fonds inépuisable de générosité et de compassion ? A condition d’apporter à sa naissance de réelles dispositions intellectuelles et morales qui vous permettent d’exercer avec honneur et bonheur les fonctions si exigeantes de gouvernement, ou de guide religieux. Seulement, dans notre pays où la formation de l’homme (intelligence, la sensibilité et le cœur) est confiée, depuis pas mal de temps, à des institutions (école primaire, collège, lycée, université, séminaire (petit et grand) qui périclitent, faute d’idéal à réaliser et de modèle à incarner, une élite authentique consciente de son rôle, tardera à naître. Une élite qui, dans un combat quotidien de corps avec le destin de tout peuple, se dresse, pour lui tracer son chemin, et frappe aux portes du futur. Mandela n’aura-t-il jamais d’émule ? Ou, maudite, en quelque sorte l’Afrique est-elle condamnée à une vie immuable de végétal, ou d’animal sauvage qui ignore la loi ?

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.