Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...
lundi 24 décembre 2012
Culture, sociétés, christianisme face au problème de l’homosexualité
mardi 11 décembre 2012
Chronique des temps anciens et modernes : L’Afrique et ses experts
Professeur de Littératures française et comparée à l'université Marien Ngouabi, Brazzaville, Congo.
vendredi 23 novembre 2012
La sorcellerie, fille de la misère sociale, de l’ignorance et de la peur
vendredi 16 novembre 2012
Le jeune opposant...
Un jeune opposant...
vendredi 28 septembre 2012
« Et sans doute notre temps... préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être... Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré. »
Feuerbach, (Préface à la deuxième édition de L'Essence du christianisme).
dimanche 12 août 2012
La liberté pour quoi faire quand les congolais ont la passion de l'esclavage
Ce souverain seul maître à bord affiche un tel mépris pour le peuple dont il devrait avoir la charge que, malgré des conditions qui qualifient d’office leur pays au progrès économique, social, et culturel, ce dernier recule de plusieurs décennies pour s’enfoncer dans un paradoxe peu compréhensible : un pays riche en ressources financières mais où la pauvreté ne fait que s’accroitre à mesure que le règne de Sa Fainéante Majesté se prolonge. Malgré la forte croissance de leur économie, la majorité des congolais n’a rien a envier aux habitants des pays les mieux classés en termes de pauvreté selon les critères de l’Indice du développement humain. Il faut, pour échouer ainsi, soit être épouvantablement détourné des problèmes de la cité – dans quel cas on n’a pas vocation à gouverner – soit être complètement incompétent et incapable, même en faisant preuve du rudimentaire bon sens, de suivre l’avis des brillants conseillers qui ont pour la plupart pas moins qu’un diplôme de troisième cycle universitaire, soit être un inquiétant mélange des deux. Alors on est un monstre. Et un peuple bien constitué ne peut se coltiner longtemps un tel spécimen, sans courir le risque de foncer assurément à sa ruine.
Les congolais sont aussi bien constitués que les autres, il n’a y a pas de doute. Mais les congolais sont politiquement hors jeu et ont depuis longtemps perdu tout sens de la lutte. Ce sont des esclaves qui ruminent leur ressentiment face aux mauvais traitements qu’ils subissent d’une classe politique égoïste et impropre à administrer correctement un état. C’en serait autrement, que leur ardeur échauffée par tant de volonté à les rendre misérables les aurait conduit, selon l’opportunité, soit à manifester avec fracas, soit à constituer une véritable force de contestation sur laquelle l’exécutif ne pourrait faire impasse. En effet, il faut reconnaître avec Stéphan Zweig, écrivant au sujet de Calvin, que « le nombre des adversaires d’une dictature importe peu, aussi longtemps qu’ils ne se réunissent pas pour agir selon un plan commun et au sein d’une organisation commune. C’est pourquoi il s’écoule toujours toujours un temps très long entre le moment où l’autorité d’un dictateur subit son premier ébranlement et celuide sa chute définitive».
Or qu’est-ce qu’une telle passivité sinon, lâchement renoncer à sa liberté. La liberté parce elle seule permet de se doter des dirigeants qui nous conviennent à qui, à travers ce choix, est confiée la direction du pays. Subir un dirigeant, plus que de la dictature est un honteux renoncement à son humanité quand les moyens ne manquent pas pour améliorer le cours des choses. Ne pas affronter une dictature, même par des moyens pacifiques, c’est ne point aimer la liberté « Renoncer à sa liberté, disait Rousseau, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatibleà la nature de l’homme et c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté ».
dimanche 22 juillet 2012
1963, date où, pour le Congo, commença la descente aux enfers
positionner pour en tirer les ficelles, y trouvèrent leur compte ; et s’ils sont encore en vie, sont aujourd’hui heureux ; si le bonheur se définit en termes de possession d’une masse élevée de biens matériels, et de reconnaissance sociale. Pour le peuple qui l’avait acclamée, la révolution
congolaise de 1963 reste une terrible illusion.
Cela n’empêche, à mon sens du moins, que cette révolution congolaise de 1963 fut un évènement « épochal », un évènement qui marque une césure dans le cours de l’histoire de notre pays désormais coupée en deux périodes présentant chacune ses caractéristiques distinctives : unité générale de ses façons de sentir, de penser et d’agir, à partir de quoi il devient parfaitement licite de parler du Congo d’avant 1963, et du Congo d’après 1963. Mais si cette révolution congolaise de 1963 fit évènement épochal, ce fut moins par l’instauration d’un régime politique nouveau, l’ascension politique et sociale foudroyante d’hommes surgis de nulle part imprimant cependant au cœur de l’Histoire de leur pays leur marque personnelle dont allait dépendre par la suite l’évolution de cette histoire, que par la sécrétion et la structuration de nouvelles mentalités collectives dans une configuration qui fait apparaître ces deux périodes de notre Histoire dans un rapport de violent contraste.
Elle apparaît comme la conséquence désastreuse du déficit d’un système éducatif fait de bricolage, et abandonné, dans l’enseignement primaire et secondaire, à un corps d’agents formés à la hâte, même si certains d’entre eux présentent de réelles aptitudes au métier d’enseignement et sont loin d’être des cancres. Naturellement, même doué, le sujet qui sort du primaire et du secondaire avec des connaissances vagues, approximatives ou lacunaires est mal parti pour suivre des études supérieures. Impossible d’aller jusqu’au bout sans tricher. Comme il a de grandes ambitions, et que les diplômes délivrés par l’enseignement supérieur sont les moyens de réalisation de ces ambitions, il ne résiste pas longtemps à la tentation de la fraude, d’autant plus que des agents de l’administration et certains enseignants l’organisent, encouragés par le vent de fraude qui souffle sur la société tout entière. Mais la fraude, la concussion et la corruption, en quoi se résument les antivaleurs qui empoisonnent aujourd’hui le sommeil du Président de la République du Congo et de tout homme de bien, ne sont que des signes de la dégradation morale d’une société plongée dans une profonde crise d’identité par deux générations de monopartisme hypocrite et brutal où la morale et les principes sains de régulation des rapports sociaux furent moqués et viciés ; tandis que, institutrices oublieuses de leur mission d’éveilleurs des consciences, peu préparés à faire une lecture informée et éclairée de la société mise en place par les révolutionnaires, les églises chrétiennes piégées par les politiques ne refusaient pas la main que leur tendaient les politiques de tous bords.
jeudi 12 juillet 2012
L’accord de l’éthique et du politique: rêve éternel des sociétés humaines
En revanche, définie comme l’ensemble des moyens, matériels, intellectuels et spirituels, déployés en vue de la recherche du bien et du bonheur de la cité, la politique a lien, c’est clair, avec l’éthique, l’art de vivre et de vivre bien qu’avec le philosophe, nous nous définissons comme étant «l’ensemble réfléchi et hiérarchisé de nos désirs». Et quel homme ne désire le bonheur? Seulement, la sagesse lui interdit que ce soit au détriment de la raison et de la loi morale, en lésant des tiers dans leur corps et dans leur âme ou même aux détriments de ses propres intérêts supérieurs, spirituels et moraux. Le bonheur des peuples dépend ainsi de la prise de conscience, par les gouvernants, de la nécessité de l’alliance de l’éthique et du politique, de l’adéquation de l’action à une nécessité morale.
Mais la faiblesse de l’homme est connue. C’est pour cette raison que, dans les sociétés civilisées, l’exercice de la politique est entouré de mécanismes qui protègent des abus auxquels se trouve exposé tout pouvoir. Lorsque la force du droit n’est pas entravée par une violence illicite et crapuleuse, ces mécanismes de régulation civilisent, forcément, le corps social et tracent le cadre de son développement.
L’Afrique n’arrête pas de bégayer sur la voie du développement, parce qu’elle n’a pas la sagesse et le courage de réduire l’écart que des dirigeants médiocres, frivoles, sans cesse, creusent entre l’éthique et le politique. Austère comme un anachorète, mûri par la longue épreuve, Nelson Mandela n’a pas fait d’émule qui eut assez d’amour de son pays et de sagesse pour ne pas s’incruster au pouvoir. Le pouvoir, il le sait, finit toujours par pourrir ceux qui s’y attardent; même les meilleurs.
Dominique NGOIE-NGALLA
lundi 2 juillet 2012
Démocratie adulte et apaisée: la nécessaire mais difficile adéquation de la fidélité au renoncement
dimanche 10 juin 2012
Une histoire et un passé d’apocalypse, civilisation figée, la place et la chance de l’Afrique dans la mondialisation ?
Ceux qui aiment l’Afrique Noire ont le devoir de lui rappeler que son drame est le résultat d’une Histoire et d’un passé où le cloisonnement culturel, social et politique, le défaut d’audace, la pusillanimité combinés à la violence interne et externe gommèrent la promesse du bonheur. Aujourd’hui, tous les pays et tous les continents, bien malgré eux fédérés par le souci d’intérêts à garantir, la nécessité de faire grandir, chacun, leurs civilisations, grâce à la sauvegarde de leurs patrimoines, sont des pays et des continents qui comptent, pour réussir, sur la fidélité à leur Histoire et à leur passé. Chacun en attend le souffle nécessaire à un engagement qui ne sera pas un jeu, étant donné la taille des enjeux. L’Europe et l’Amérique du Nord, l’Asie, la Méso-Amérique, même, peuvent ainsi s’avancer dans la mondialisation d’un pas assuré. Elles ont derrière elles pour les convoyer, une histoire qui n’est pas faite de pointillés et de discontinuités, mais une longue tradition de la politique d’Etat, une tradition de l’Etat, ensemble organisé d’institutions politiques, juridiques, policières, militaires, économiques, administratives, qui organise et façonne le destin d’un peuple porté par un idéal. L’existence d’une écriture en a garanti l’intégrité du souvenir et la continuité de l’action dans la mémoire collective des populations rassemblées en nations. Génération après génération, leur conscience en est imprégnée. Progressivement gommant les particularismes ethniques et régionaux des origines, à la fin fondus dans des normes et des valeurs dominantes communes. L’aventure sociale commune à des millions d’individus longtemps étrangers les uns aux autres, et même de temps en temps s’affrontant militairement, fut rendue possible grâce à la création de moyens d’action sur la matière et la nature, la technique, en constante amélioration. Pour ces pays et ces nations, l’aventure de la mondialisation, du reste inéluctable est un beau risque à courir. L’Afrique n’y entre pas avec les mêmes chances. Elle n’a pas, comme l’occident, l’Europe et l’Asie, le souvenir tonifiant d’un passé de grandeur fait de continuités où se profile déjà le futur.
La colonisation qui s’était attelée à mettre de l’ordre dans tout cela n’en eut pas le temps, et les Etats de l’Afrique indépendante sont derrières leurs frontières respectives, une reproduction, de l’Afrique traditionnelle : des mosaïques d’ethnies, des fragments d’ethnies en perpétuel conflit. Une action politique coordonnée et efficace est impossible. Surtout que, difficilement patriotes dans un tel contexte sociologique de cloisonnement des sensibilités et des intelligences, les dirigeants se montrent inaptes à définir et à suivre des politiques censées d’intérêt général qui mettraient de la cohésion entre des ethnies séparées par des idéologies qui radicalisent leurs différences et projettent pour l’Etat où elles se trouvent regroupées bien malgré elles, des lendemains d’apocalypse.
La recherche du bien collectif est, dans bien des pays de l’Afrique Noire, souci éthique étranger aux dirigeants. Le développement de l’Afrique n’est pas compris par de tels dirigeants à l’esprit étriqué comme étant un phénomène massif. Le niveau de développement de leurs pays se mesure pour eux au niveau du bien être et du pouvoir d’achat de la classe politique :multimillionnaires, villas dans toutes les grandes capitales du monde, parcs automobile luxueux, farniente permanent. C’est oublier que pour jouer franc jeu dans les rapports d’interaction de la nouvelle terre des hommes que nous fabrique la mondialisation, ce dont l’Afrique a besoin, c’est l’équilibre de sa balance de paiement, lequel dépend de la productivité et de la croissance dont les répercussions sont immédiates sur l’indice de développement humain. Celui-ci est effroyablement bas en Afrique Noire. Pour espérer le relever, il faudrait une autre race de dirigeants au sens et au souci de l’Etat plus affirmés. Et puisque le passé brouillé, violent et difforme de l’Afrique ne peut proposer de modèle qui, fouettant notre orgueil et nos volontés, inspire notre pensée et notre action, il reste à l’Afrique d’inventer un avenir qu’un tel passé ne peut lui montrer.
Or, le même génie de l’âme nègre est entré, depuis la colonisation, en contact avec le même modèle socio-culturel européen qui assura en Amérique du Nord, l’éclosion du génie des nègres déportés. La mondialisation, en marche de façon significative dans les colonies au lendemain de la seconde guerre mondiale, a proposé à l’Afrique des apports culturels et techniques favorables à l’éveil de la conscience de ses sociétés aux problèmes du temps et à l’urgence pour, elle, d’aller aux vraies solutions. Il suffirait pour cela que l’Afrique ait le courage de penser par elle-même, et de se remettre sérieusement en question pour que, dans la mondialisation, elle ne soit pas un pauvre pion dans les mains de partenaires aux dents et aux griffes acérés. Affronter la fourberie de l’occident et le cynisme des multinationales, c’est prométhéen, mais c’est la condition pour que l’Afrique ne disparaisse pas. L’audace de penser par soi-même, et l’amour propre dont, depuis les indépendances, elle n’a plus su ce que c’est à force de compromission et de lâcheté.
dimanche 3 juin 2012
L’alternance politique en France et la modification des rapports France-Afrique.
FrançoisHollande élu, Nicolas Sarkozy sorti, l’Afrique, la francophone du moins, est en liesse. L’enjeu de cette élection qui des deux côtés de la Méditerranée a suscité de fortes angoisses tenait moins à la politique et à l’idéologie qu’au mécontentement et au désaveu cristallisés en la personne de Nicolas Sarkozy. En effet Nicolas Sarkozy annonçant un vent de réformes tant dans la politique franco française que dans les rapports de la France avec ses anciennes colonies, en maintenant les pratiques décriées de la France-Afrique, en ayant d’autres préoccupations que le juste et le vrai dans son approche des questions africaines, a déçu les espoirs que les Africains, peu entrés dans l’histoire, incapables donc d’en avoir une lecture et une projection nettes, mettaient en lui. A la différence de Nicolas Sarkozy, l’énergique François Hollande de la campagne, hormis une timide promesse de différence, a peu abordé la question françafricaine. Ou s’il l’a abordée, il n’en a pas dégagé une ligne claire.
Pourtant, malgré cette réserve qu’on peut déduire de l’attitude du nouveau Président, le fait que le pouvoir passe de la droite à la gauche après dix ans d’exercice majoritaire a suffit à de nombreux Africains, surtout ceux dont les pays sont connus pour être des puissants relais françafricains, pour espérer une différence dans la politique de la France vis-à-vis de ses ex colonies d’Afrique. Dans leurs mots de félicitations, ces pauvres politiques, en mauvaise posture dans leurs pays du fait des caricatures de démocratie qui y règnent - impuissants face à des potentats qu’on a du mal à appeler chefs d’états, tant leur politique moins soucieuse de la gestion saine de la cité que de leur intérêts immédiats -, sollicitent le concours de la France pour que désormais les pouvoirs en Afrique soient le reflet des aspirations des peuples et non celles des intérêts français.
Ces politiques qui souhaitent des démocraties et des alternances porteuses de changement ne devraient-ils pas plutôt se rappeler les exigences de leur mission, ne devraient-ils pas arrêter de se faire les représentants de la vacuité des oppositions et retourner sur le terrain pour mobiliser les populations par une explication des enjeux pour lesquels ils les sollicitent ? Ils devraient encore diffuser et faire assimiler les notions et valeurs qui constitueront les véritables moteurs de changement dans leurs pays. François Hollande ne sera jamais un levier de changement tant que les Africains n’auront pas démontré sans ambages à leurs amis Français la dangerosité de la politique qu’en leur nom on mène en Afrique, salissant le nom de la France qu’on rappelle volontiers lorsque des républicains, pas des moindres, semblent fortement séduits par des postures aussi honteuses que délétères. La France, disait Malraux n’est plus grande que lorsqu’elle l’est pour les autres. Plus qu’une France grande, ce dont l’Afrique d’aujourd’hui a besoin c’est d’une France magnanime, qui sache renoncer à ses anciens joyaux et qui ne regarde pas d’un œil torve les tentatives d’instaurer d’authentiques démocratie dans des pays qu’elle juge précieux. Mais seulement, la France, hormis ses idéaux romantiques et chevaleresques, fut-elle celle de François Hollande a-t’elle vocation à se battre pour la sauvegarde des intérêts des populations Africaines, surtout lorsque ceux-ci sont antagonistes aux siens ? Que n’écrivent-ils pas au futur nouveau Président chinois ?
Les Africains devraient prendre conscience que l’issue du combat qu’ils mènent sous l’œil sceptique et moqueur des puissants et des presque puissants du monde dépend de leurs capacités à se mobiliser. La politique n’est pas faite pour les bouffons, les hommes sans cœur, ennemis du beau, du vrai et du juste ; les politiques dont l’Afrique a besoin ce sont ceux-là riches en cœur et en esprit en qui brulent la compassion et la colère que, dit Léon Blum, « suscitent en tout cœur honnête ces spectacles intolérables : la misère, le chômage, le froid, la faim. »
Prompts à jeter la pierre sur les hommes en place, nombreux sont les opposants dont les valeurs ne diffèrent pas de celles portées par les hommes forts parrainés par la France. Tant qu’un travail ne sera pas fait afin que certains politiques, démocrates par le verbe, imprègnent leurs actions de ce à quoi, jusqu’ici ils n’ont su s’engager que par la bouche, ils ne gagneront pas l’admiration des masses sans la contribution desquelles aucune lutte politique de grande envergure ne se gagne. Faiblement mobilisée et encouragée cette troupe endormie, montre tout le courage et la hargne dont elle est capable lorsqu’elle est menée par un général dont admire le degré d’engagement et les qualités.
jeudi 10 mai 2012
Comment je suis tombé dans les livres.
Longtemps,mon esprit encombré par l’actualité remuante, je n’ai eu le temps de laisser s’exprimer ce qui repose au fond de moi: les productions de mon esprit, mortes de n’être jamais nées, épuisées d’être enfermées dans l’écrasante boite à idées. Il ne s’agit pas d’une réflexion qui confine à la philosophie ni à l’épistémologie, il s’agit plutôt de l’expression de moi-même. Sans but, sans visée, sans souci de quoi que ce soit…Il s’agit juste de me faire parler, de faire monter à la tête de puits qu’est la plume ou le clavier ce qui se trouve au fond. Aujourd’hui j’ai envie de parler de littérature parmi tant de choses. Littérature ! Quel beau mot ! Quel beau mot en effet que celui qui résume l’univers qui naquit, grâce aux tous premiers qui eurent la folle idée de consigner la parole tant elle leur parût belle et magique. La parole de l’aède qui raconte les aventures épiques ; la parole du griot qui narre, à travers les hauts faits de l’histoire du lignage auquel il est attaché, la geste d’un peuple ; la parole de la cantatrice qui pleure sur les malheureuses aventures de ces jeunes gens fauchés trop tôt par la passion qui ne connait ni prudence ni retenue. Elles étaient belles ces paroles, mais elles le sont devenues davantage et ont pris une valeur plus importante dès lors qu’elles furent couchées sur des supports grâce à la magie de l’écriture. La pérennité d’un écrit, le fait qu’il est lu de générations en générations atteste de la valeur de ce dernier.
Serait-ce donc que le simple fait d’être écrit, révolutionnaire sans conteste, fonde toute la valeur du fait littéraire ? Aucune réponse ne saurait être faite à priori à une telle question. Chacun sa chapelle, chacun trouve de la valeur à la littérature selon les richesses que lui procure cet art. Un petit détour par l’histoire littéraire de l’amoureux de la littérature, sur ce qui a orienté ses goûts ne serait pas un mauvais début de réponse. Très tôt ou assez tard, ça dépend, la littérature nous prend par la main et nous mène à travers les âges pour nous faire découvrir l’aventure de l’humanité. On dit d’elle qu’elle est universelle. Ce n’est pas faux si on considère qu’elle nous fait considérer les traits essentiels que tous les hommes ont en partage en dépit de l’inégale valeur des civilisations les unes avec les autres. Seulement l’aventure humaine ou plutôt l’homme n’est pas la seule merveille que propose, et pour une modique somme, la littérature. Elle est le royaume de la festivité et de la noblesse de la langue. Aussi, soient-ils gais et frais, sévères et graves, les mots, bien choisis, tels que coulés dans la geste littéraire, rarement suggèrent des émotions de travers. Au contraire ils font jaillir, chez les belles âmes surtout, des réactions que seuls savent décrire ceux qui ont la capacité rare de nommer l’ineffable.Quel pouvoir, ces mots !
La littérature à la quelle on goûte tient beaucoup à notre façon d’envisager le monde, la vie ; elle tient également aux interrogations qui nous animent…En butinant tel des abeilles, nous allons vers ces livres qui semblent corroborer nos points de vue, ou qui semblent apporter des éléments de réponses à nos interrogations. Nous allons vers des livres qui assouvissent notre curiosité à l’égard de tant et tant de choses que nous amène le désir de connaitre, le désir de l’ailleurs. Nous allons, pour ceux qui aiment le grand air et le large vers ces écrits qui renouvellent l’air vicié des choses et des situations que nous connaissons trop bien. La nouveauté, en effet, même servie par les livres a quelque chose d’enrichissant, de rafraichissant, de vital. Eh, n'oublions pas! la littérature est avant tout un art, elle a comme les autres arts, le souci du beau. Toutes ces choses évoquées nous mènent certes vers les livres, mais la magie est encore plus forte lorsqu'elles sont présentées avec une langue qui les sublime et leur enlève leur banalité.
En prenant de l’âge, c’en fut fini de mon amitié avec la littérature historique. L’école, dont je me foutais pas mal au début, me rattrapa. Je devins assidu dans mes études et je consacrai moins de temps à la lecture.
mardi 1 mai 2012
Les immigrés de France, proies faciles de politiques en mal de propositions.
Cible d’attaques vigoureuses et honteuses du président sortant qui avait décidé de virer à droite toute dès sa pré-campagne,les immigrés sont devenus le problème majeur de la France. A-t-elle une croissance nulle, un chômage élevé, des logements rares, un système d’enseignement à double vitesse, une fracture sociale si grave qu’elle brise les fondements de la République ? plutôt que de chercher des solutions et de fonder sa réélection sur sa façon de s’attaquer à ces difficultés, M. Sarkozy, séduit par les thématiques préférées de l’extrême droite, de sorte qu’après le premier tour où Mme Le Pen, est arrivée en troisième position avec près de 20% des suffrages, ne s’est pas embarrassé du courage par lequel on reconnait les véritables républicains, debout face à l’insoutenable et préférant mourir que se parjurer, préférant donner l’exemple de l’encrage de l’idéal républicain dont il deviennent pour la postérité des parangons. Après le premier tour, M. Sarkozy plus opportuniste que républicain, a préféré continuer d’appeler à danser la farandole sur l’air de la xénophobie et de la peur de l’autre, se risquant même à voir la République étinceler de ses nobles feux sur le Front National, autorisé à se présenter. La postérité n’a pas souvenir de ceux qui transigent avec l’abject et le nauséabond, l’histoire les jette dans ses égouts, Hugo souhaitait qu’elle ne s’en souvint même plus: « Et que l’histoire un jour ne s’en rende compte, /Et dise en le voyant dans la fange étendu:/ - On ne sait ce que c’est. C’est quelque vielle honte/ Dont le nom s’est perdu ! - »
Etles immigrés dans tout cela ? Inaudibles ! Il parait qu’ils seplaignent de ne pas être assez vus ou entendus. Bien voila l’occasion, M. Sarkozypasse son temps à leur faire une mauvaise publicité, les réduisant à une bande de miséreux que la généreuse France recueille et nourrit, mais qui mange tout son pain, si bien qu’il n’en reste plus pour les Français et les véritables Français. C’est bien lui à Grenoble en 2010 qui avait parlé de Français de souche, oubliant lui-même qu’il n’en n’est pas, dût-il en exister.
Humiliés, offensés, objet des regards torves des imbéciles adhérant aux thèses racistes, discriminés et traités sans dignité dans les préfectures, les immigrés restent pourtant silencieux. Pas une fois pendant la campagne une association, un collectif n’a appelé à une manifestation pour faire entendre leur l’indignation. Pour être respectés il ne faut pas, lorsque ça devient nécessaire, hésiter à démontrer sa force. Tant que les immigrés accepteront, parce que sans doute ils ont la passion de l’humiliation, de courber l’échine face aux attaques sordides que seule justifie leur posture de proie facile, ils ne gagneront pas le respect qu’ils méritent depuis leur présence aux côtés des « vrais Français » dans des moments décisifs de l’histoire pas si lointaine de la France, devenue leur histoire commune. A la France qu’on dit grande et noble de savoir se montrer polie et reconnaissante envers ses amis. N’est pas ami de la France qui veut donner d’elle et des Français une image de peuple fermé et reclus sur soi-même.
Pour revenir à vous chers immigrés, soyez dignes, et exprimez-vous ! On dit que vous ruinez la France, exigez des comptes ! Et si c’était vrai, assumez. Mais c’est faux, on le sait, que n’exigez-vous des excuses ? Vous êtes autant citoyens que les autres et au même titre qu’eux, vous œuvrez au bien-être de la France.
Ne pas agir dans de telles circonstances confirmerait votre faiblesse et votre lâcheté ; se laisser marcher dessus, raser les murs et ne pas regarder les gens franchement est le propre des faibles. Pourtant, jamais les immigrés de France n’osent agir en vue de changer les rapports de force. A quoi leur ont servi les études qu’ils ont faites avec passion, surmontant les difficultés administratives et financières, faisant preuve de courge et de détermination. Ça grouille de docteurs ès machin, de médecins, d’ingénieurs, mais paradoxalement, on a la forte impression qu’ils n’ont pas beaucoup d’appétence pour le débat malgré les formations de haut niveau que nombreux d’entre eux ont reçues. Ils n’ont pourtant pas à craindre des potentats à la main lourde de leurs régions d’origine, nous sommes ici en république. Sortez donc du bois et faites vous entendre.
samedi 14 avril 2012
Les Africains gagneraient à méditer le naturaliste britannique, Charles Darwin.
jeudi 29 mars 2012
Le défi de l’Afrique au monde peut surgir de la méditation de l’histoire de la traite des Noirs
Le retour, pour s’en nourrir, de l’Occident post-médiéval aux valeurs de la Grèce et de la Rome antiques fut, pour l’épanouissement intellectuel et l’essor de la civilisation de cette région du monde, un haut moment de l’histoire de l’humanité. Poussées en pleine lumière par la sagacité des humanistes, Rome et Athènes deviennent, dans tous les aspects de la réalité sociale, le socle sur lequel allait bientôt s’élever la prestigieuse civilisation de l’Occident européen. La Renaissance, depuis, n’a jamais cessé de faire rêver le monde entier. Tous les pays désireux de retrouver du tonus et de la vigueur méditent son exemple. S’inspirant des humanistes de la Renaissance (XVème – XVIème siècles), une certaine élite négro-africaine désireuse de sortir son pays de l’ornière, travaille, à son retour, non bien sûr à la Rome et la Athènes antiques, ce serait prendre le chemin de l’aliénation, mais aux valeurs de civilisation de l’Egypte pharaonique, d’après les égyptologues africains, œuvre de ces Noirs depuis migrés au Sud du Sahara.
Une difficulté épistémologique surgit, lorsqu’on cherche à établir, avec exactitude, l’existence d’un lien historique, physique et culturel entre les Bantu d’Afrique centrale et australe et les peuples de l’Egypte pharaonique, dans le but, en faisant de ces peuples prestigieux les ancêtres des Bantu et de tous les Noirs d’Afrique, de susciter, dans leurs cœurs et leurs esprits, fierté et enthousiasme créateurs, comme il arriva chez les Renaissants, lorsqu’ils eurent retrouvé Rome et Athènes, socle indispensable à la reconstruction de la personnalité de l’homme noir, fragmentée, émiettée dans la longue traversée d’une histoire difficile. Mais, pertinent pour les égyptologues africains et les petits cercles qui naissent autour d’eux, le lien de l’Afrique au Sud du Sahara avec l’Egypte des merveilles est loin de l’être, en dehors des cercles savants. Et on voit mal que le faible intérêt que, dubitatif, le grand public accorde à la culture et à la civilisation de l’Egypte pharaonique devienne, demain, le levier du développement de l’Afrique, à l’exemple de l’Occident épanoui au contact vivant avec son passé ancien, sans recherches laborieuses, reconstitué: Athènes et Rome dont personne en Occident ne douta qu’elles furent la maison de leurs ancêtres.
En tout cas, la thèse de la participation de l’Afrique bantu et du Sahel à la construction de la civilisation de l’Egypte pharaonique me laisse sceptique. En quoi nos ancêtres se seraient élevés aussi haut dans l’ordre de l’intelligence de la science et la technique, il y a aujourd’hui six mille ans et il n’en est rien resté dans la mémoire collective: contes, mythes, légendes? Le mythe surtout prompt à se saisir de tout, fait sortant de la quotidienneté, pour y broder afin que la poésie et la magie de sa langue le gravent dans la mémoire des générations successives. Mais, est-il hérétique de penser que, pour s’éveiller à la conscience tonifiante du tragique de son destin, et ainsi se résoudre à se (re)construire, le retour de l’Afrique à l’Egypte pharaonique n’est pas nécessaire; qu’il est juste utile pour l’élargissement des bases de notre culture générale? Pour susciter en nous l’émotion et la révolte, dans notre situation, nécessaire à l’éveil en nous de l’esprit d’initiative et d’innovation, la rencontre méditée avec notre passé de ténèbres pourrait suffire. Par delà la colonisation, remonter à la traite des Nègres. Il existe, aujourd’hui, de très bons films qui en restituent, de façon admirable, l’ambiance et l’atmosphère favorables à la révolte créatrice: l’effet de contraste saisissant produit par la cruauté barbare des négriers, d’un côté, et même lorsqu’ils entrent en révolte et en rébellion, la noblesse des esclaves drapés dans leur dignité bafouée sont tonifiants pour ceux qui ont encore quelque chose dans les tripes. Kunta-Kinte est inoubliable; et combien d’autres comme lui, héros obscurs qui fouetteraient comme lui, nos courages et réveilleraient nos volontés dormantes pour créer, chacun selon son talent, et en toutes les disciplines, ces choses grandes et belles; celles-là même que les Egyptologues africains croient impossibles sans un retour aux valeurs de l’Egypte ancienne retrouvées.
Et puis, le retour aux valeurs de culture de l’Egypte pharaonique comme chance à saisir pour enraciner l’élan créateur des Africains est malheureusement prôné à un moment de l’histoire saturé de prouesses scientifiques et techniques en comparaison desquelles les audaces scientifiques et techniques de l’Egypte ancienne sont des balbutiements.L’obstination des Africains à vouloir reprendre le chemin de l’Egypte obéit peut-être à un autre souci que celui du progrès et du développement. Sur un mouvement d’humeur bien stérile, se démarquer, à tout prix, du reste du monde et des autres groupes humains! Il n’est pas imprudent de penser que seul un lien lucide et médité, avec notre histoire connue et connaissable, peut remettre l’Afrique dans la posture de sujet, cessant d’être celui qui subit pour devenir celui qui prend des initiatives. Aux Etats-Unis d’Amérique, il est constant que, lorsqu’il arrive que le hasard les place dans des conditions d’existence relativement bonnes, les descendants des esclaves noirs émergent pour atteindre un niveau de conscience qui fait d’eux des Américains qui, comme les meilleurs Américains blancs, travaillent à la grandeur de l’Amérique. Il n’y a pas de raison qu’en Afrique, les descendants des vendeurs d’esclaves ne fassent pas aussi bien, si on améliore les conditions de vie du cul de basse fosse où les maintiennent les dirigeants de leurs pays.
Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...
Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...
L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court ; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .
Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.
Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.
Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.
Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.
Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.
Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.
L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.
La geste de Ngoma, Mbima, 1982.
Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.
Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.
Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.
Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.
L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.
Poèmes rustiques, Atimco, 1971.