vendredi 21 novembre 2008

Election de Barack Obama, le bel exemple de l'Amérique

Dans un monde où l’imaginaire est rempli de préjugés pour la plupart dégradants au sujet des Noirs, élire un président issu de cette race que Hegel, Gobineau et tous ceux qui pensaient comme eux rejetaient dans l’infrahumain, dans le pays le plus puissant du monde, jusqu’ici gouverné exclusivement par des WASP (white anglo-saxon protestant) sans compter l’intermède de Kennedy, relevait de la gageure.


L’élection de Barack Hussein Obama comme quarante quatrième Président des Etats-Unis d’Amérique, qui vient de nous prouver que cela est possible, nous donne là un bon exemple : à force de courage et de volonté il est possible de transcender les barrières raciales et de reconnaître, comme Montaigne et tous les autres humanistes, que tout homme, qu’il vienne des Kouriles ou du Kalahari, porte en lui l’entière part de l’humanité.


L’exemple est beau non seulement du fait de l’histoire torturée de ces Noirs mal aimés d’Amérique dont nous connaissons tous la tragique épopée, mais parce que les Etats-Unis montrent qu’ils n’ont pas peur d’affronter leurs contradictions et leurs différences. Les Blancs on le sait, ont dû, petit à petit, céder face au combat exemplaire de ces fils Noirs d’Amérique en mal de reconnaissance dans un pays qu’ils ont contribué à construire.


Le combat pour les droits civiques d’il y a une cinquantaine d’années, animé par Martin Luther King, Malcom X, les Black Panthers et plein d’autres personnes, avait permis d’envisager un avenir meilleur ; il était devenu possible aux fils d’esclaves d’accéder aux plus hautes fonctions économiques, académiques et politiques. Ce combat a profondément transformé la société américaine, il lui a permis de sortir de l’immobilisme auquel la destinait son histoire et d’ériger une société fluide, dans laquelle on n’occupe pas forcément la même place qu’à la naissance. Chacun peut désormais occuper la place que ses ambitions se proposent d’occuper. Grâce au courage et à la lucidité des américains, le rêve hier encore utopique de Martin Luther King s’est réalisé.


Barack Obama, ce type avec un drôle de nom comme il le dit lui-même, a commencé à susciter l’engouement bien au-delà de son pays dès l’annonce de sa candidature aux primaires démocrates. Ce fils d’africain n’a pas seulement conquis les africains, mais il a aussi séduit les européens. Les français, d’après un sondage, étaient près à voter pour lui à 78%.
Une question cependant vient à l’esprit lorsque l’on voit l’enthousiasme des français et des autres européens au sujet de Barack Obama. Est-il un nouveau gadget pour nous autres modernes englués dans cette société du spectacle, n’est-il qu’un nouvel objet de distraction pour nous modernes toujours en quête de sensationnel; l’expérience de Barack Obama est elle possible ailleurs qu’aux Etats-Unis ?


L’accès à la Présidence américaine de Mr Obama n’a été possible que par la prise en compte par les institutions américaines des revendications politiques de ces minorités, de leurs possibilités d’accès à des institutions dont leur appartenance raciale leur fermait d’emblée les portes. L’Amérique de Barack Obama assume sa diversité et souhaite en profiter pleinement.


Pour une Europe qui en de nombreuses situations s’inspire des Etats-Unis, même de ses erreurs, il y a en ce cas un gros retard.
En France il n’existe pas officiellement de cloisonnement ethnique ou de communautarisme ; il n’existe donc pas officiellement de problèmes relatifs à la représentation ou à l’insertion des minorités, il y a la République. Trois fois faux ! On est plutôt tentés d’ignorer ces différences sensées être fondues dans le creuset républicain. La France ne regarde pas les différences en son sein, elle tend plutôt à l’identité nationale. Le principe de citoyenneté est affirmé mais pas appliqué. La République pourvoit d’emblée à l’égalité, certes, mais cela n’est possible en pratique que par la mise en œuvre de mesures positives concrètes tendant à la réaliser, ou du moins à corriger les effets négatifs d’une altérité non assumée.


Philippe Ngalla-Ngoïe

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.