La croyance en la
sorcellerie avec les manifestations plus ou moins, spectaculaires de ses
pratiques est généralement liée au niveau de développement primitif des
sociétés archaïques. En toute logique, elle fut, en Afrique noire précoloniale,
au cœur du système des représentations et des pratiques eu égard au niveau de
développement social de l’époque, dans bien des régions, encore male dégagées
des lourdeurs du néolithique. L’enseignement des missionnaires chrétiens bouscule
les fondements du système de représentation du continent et sur la base des
préceptes de l’évangile en proposent une nouvelle définition.
Résultat : au bout
de quatre générations, dans les centres urbains ou l’activité missionnaire est
plus intense, parce qu’elle est jumelée à la scolarisation, la croyance en la
sorcellerie prend une forme plus diffuse au fur et à mesure que le niveau
social et d’éducation de la population s’élève. La fin de la colonisation en
précipitant dans une profonde misère l’Afrique qui, dans bien des secteurs (santé,
éducation, administration) connut une nette régression, la fin de la
colonisation donc redonne du nerf aux croyances et aux activités sorcellaires.
La chrétienté pendant toute l’ère coloniale, promesse des lendemains meilleurs
pour l’Afrique, tant, couplé à l’évangélisation la formation intellectuelle et
morale de l’homme était le souci majeur des missionnaires, la chrétienté
elle-même ne fut pas épargnée. La politique de l’africanisation des cadres
ayant gagné l’Eglise, les missionnaires européens rentrèrent chez eux.
La crise sociale, économique,
morale, spirituelle qui frappe de plein fouet les civils atteint aussi le clergé.
Depuis le départ des missionnaires, Blancs combien y at il d’hommes d’Eglise
africains qui ne tiennent la sorcellerie vulgaire, celle qui explique tout ce
qui arrive de contraire à l’homme (maladie, échec dans ce qu’on entreprend,
etc.) par une intervention des forces obscures ? Très peu, on peut le
craindre. On rencontre des prêtres africains chez qui l’exorcisme, ministère
chrétien réserve à certains membres du clergé qui en présentent les
dispositions devient une vulgaire opération de sorcellerie. Et puisqu’il en est
ainsi, comment s’étonner que des fidèles qui pour leur conduite prennent modèle
sur leurs pasteurs, pensent que crédo chrétien et croyance sorcellaire c est
kif-kif ? Et que le chrétien qui veut assurer ses arrières, n’a pas intérêt
à balancer la croyance en la sorcellerie par-dessus bord !comme si, pour lui,
la parole de Jésus-Christ ne suffisait pas. C’est vrai que l’échec est assuré
des que nous ne la mettons pas en pratique.
Il y a un instant,
j’étais en train de dire que la croyance en la sorcellerie de type vulgaire,
celle de la quotidienneté, celle qui nait de l’ignorance de la cause des faits
et qui fabrique des rapports de suspicion entre individus vivant au sein d’une
même société, j’étais en train de dire que la croyance en la sorcellerie est la
réponse à la misère et à la pauvreté lorsque faute d’imagination et d’esprit d’inventivité,
on en voit pas de remède, et qu’ on attribue la cause du mal dont on souffre (
mal physique ou moral) à l’intervention d’une entité surnaturelle malveillante.et
justement, la foi en Jésus-Christ nous détournerait de telles explications à
nos maux. Elle nous tournerait vers nous-mêmes pour y chercher les causes et
les raisons de nos échecs. Elle ferait
de nous des hommes de réflexion. Or la réflexion lorsqu’ elle est systématisée,
lorsqu’ elle devient habitude, la
réflexion toujours finit par élever notre niveau de conscience.et c’est ce qui manque
aux sociétés africaines aujourd’hui dans l’impasse. Mais, vous me direz :
pourtant ceux qui gouvernent l’Afrique, réfléchissent tout le temps, tous ces
conseils des ministres !oui, mais à quoi cela sert- il, puisque ceux qui
gouvernent l’Afrique .escamotent les débats, ayant trait aux problèmes sociaux
par des vraies solutions, celles qui
exigent bien des vertus chez ceux qui osent les affronter.
Etre chrétien, hier
comme aujourd’hui et demain, c’est se faire la conviction qu’aucune force ne
prévaudra sur nous parce que Dieu est avec nous. Jésus nous aurait-il menti
qu’on il nous a dit : « je suis avec vous jusqu’ a la consommation
des siècles » ? Il me plait de penser que la brillante civilisation
de l’Occident c’est l’esprit de la Rome et de la Grèce antiques, mais qui se
fut essoufflé si le christianisme et l’évangile ne l’avait constamment renouvelée.
Rendre le Christ activement présent parmi les hommes, c’est le rôle et la
vocation des hommes d ‘église. Mais au vu des libertés que bien d’entre eux
prennent avec les enseignements du sacerdoce chrétien on peut douter que le
christianisme devienne un élément dynamique de transformation des sociétés africaines avant longtemps.
Dominique Ngoïe-Ngalla