dimanche 5 février 2012

"Toutes les civilisations ne se valent pas", la nouvelle dérive de Claude Guéant vers l'inacceptable

Ministre nommé, c’est clair pour jouer le rabatteur des électeurs du Front National, dont la candidature à l’élection présidentielle et les sondages favorables, effraient gravement l’UMP en souffrance dans les sondages, Claude Guéant a lors d’une rencontre avec des étudiants de droite encouragé ces jeunes à défendre « notre modèle de civilisation », car selon M. Guéant, « contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. » Je ne sais pas de quelle civilisation M. Guéant et ses amis de l’UMP se targuent pour ériger celle à laquelle ils pensent en modèle, en civilisation supérieure. Il parle sans doute de la civilisation occidentale judéo-chrétienne érigée par des siècles de pensée philosophique et chrétienne, par la conscience aigüe du sens de l’humain et de l’universalité de sa dignité qu’elles affirment. Il évoque sans doute l’occident de la modernité et des Lumières à partir de laquelle l’homme, à travers la raison, avait décidé de déconstruire le monde pour le connaître dans son principe, de se libérer des tutelles qui entravaient sa nature d’être doté de raison et sa vocation à créer. Une grande civilisation celle là, vraiment. Mais, ce M. est cultivé, il n’ignore pas qu’une civilisation ne devient grande qu’en empruntant à ses voisines qui l’enrichissent de leurs richesses matérielles, intellectuelles et spirituelles et que toute civilisation, après un apogée, décline. Des civilisations ont donc plus brillé que l’Occident, même la civilisation islamique qu’il semble ne pas beaucoup aimer.


Si cependant c’est de la civilisation occidentale d’aujourd’hui dont il parle, je recommanderais à ce monsieur qu’on dit brillant, qui pourtant brille de bêtise depuis qu’il est entré au gouvernement, de faire preuve d’analyse et d’observation. S’exprimer tel qu’il le fait de temps en temps sur les questions d’identité et d’immigration n’est pas digne d’un ministre de la « République », c’en est au contraire une pitoyable caricature. En l’entendant, on est triste pour la France, on se dit quel gâchis, c’est cela la République ? Et bien merde !

La civilisation occidentale, ayant sans doute, grâce à ses principes fondateurs connu succès et progrès, a porté des incohérences inexplicables quand on atteint un niveau si élevé de « civilisation et de conscience. » Comment justifier l’esclavage, la colonisation, Auschwitz après lequel on a dit plus jamais ça. Plus jamais ça ? Quelle blague ! On a remis ça d’une autre manière on massacrant ici et là. En même temps qu’on se battait pour la liberté en Europe, on oppressait en Afrique, en Asie. L’occident ressemble à un salaud raffiné jusqu’au bout des ongles qui tient sa barbarie en bandoulière, prêt à en user dès que la nécessité s’en fait sentir. La nécessité occidentale, telle que des siècles d’histoire nous le montrent, se résume au profit, à l’impérialisme. Grâce à eux, l’Europe policée, héritière du démocrate Périclès, des rigoureux jurisconsultes romains, de l’humaniste Pic de la Mirandole, de Descartes dont la méthode n’est pas étrangère à l’aventure des lumières et à l’idée de progrès, tombe dans des gouffres de grossièreté jamais vus ailleurs, même pas chez les sauvages d’Afrique centrale et de Papouasie.


Une civilisation est excusable si les droits de l’homme ne figurent pas parmi ses principes supérieurs, si les différences ethniques partagent ses groupes humains, si des accidents de l’histoire y font régner l’oppression, parce que très peu imprégnés de valeurs contraires. Un long apprentissage et surtout une intégration de ces principes peuvent y améliorer les choses. Mais qu’une civilisation ayant ces principes jusque dans la moelle, une civilisation où l’air est chargé de ces principes, les méconnaisse et refuse lâchement de les déployer en terres lointaines, parce que ceux qui les peuplent, inférieurs en humanité et un peu en sagacité aux occidentaux, sont jugés ne pas les mériter est un honteux reniement. Pourquoi ? Parce que par faiblesse d’esprit, l’homme peu civilisé et pauvrement humanisé, face aux promesses de richesses se fait volontiers goujat. La bonté chrétienne, le détachement philosophique sont difficiles si l’on ne s’y attèle avec un acharnement de moine, même pour l’homme d’Occident. Aussi est-ce une supercherie d’accuser le relativisme des autres quand on est soi même ministre d'un gouvernement conservateur tristement impuissant devant les ravages de ce mal de la modernité. L’Occident, plus que les autres parties du monde, ne croit plus en rien, il s'est abandonné à un individualisme outrancier, au machinisme et à la féroce finance qui y entravent la liberté et déshumanisent l’homme, qui en principe est un démiurge lorsqu’il se rend compte de sa puissance. L’homme occidental, à travers ses puissants penseurs et théologiens, connait cette puissance, mais à force d’hédonisme, de consumérisme et de libertinage, tel un porc, même plus qu’un porc, puisque cette bête ne raisonne pas, se jette allègrement dans la fange, conscient d’aller à sa perte, manquant trop de courage pour résister à la séduction de ses basses passions. Voila le modèle de civilisation que le puissant Occident propose au reste d l’humanité.



Par faiblesse, parce que les institutions et la pâle séparation des pouvoirs servent encore de parapets aux débordements des politiques mal-élevés, au débordement des valeurs qui conviennent à ces types de personnes, l’Occident, notamment la France, dont M Guéant est membre de l’exécutif, s’en prend à de plus faibles pour y laisser libre cours à ses honteuses pratiques que récusent pourtant la civilisation dont ose se targuer le ministre. En Afrique la France, pour la défense de ses intérêts, soutient les violations des droits de l’homme, elle défend le principe de guerres civiles et ethniques (Nigéria, Congo-Brazzaville, Côte-d’Ivoire et, en cours d’instruction, Rwanda). La France est marraine de chefs d’Etats sans scrupules qui modifient les constitutions à leur avantage et se font succéder ou envisagent de se faire succéder par leur progéniture. La France est complice du déni des droits sociaux de populations affamées, mal soignées et pas éduquées. La France, celle de M. Guéant notamment, a ainsi une très mauvaise lecture des principes républicains et des droits de l’homme, dont il ose parler de façon éhontée.




Cunctator.

11 commentaires:

Obambé GAKOSSO a dit…

Bonjour Cunctator,

(...)de faire preuve d’analyse (...). Non, mais tu voudrais qu'il fasse un claquage du cerveau ou quoi?

@+, O.G.

Cunctator a dit…

Ayant produit une bêtise de plus, il souhaiterait en plus, qu'on lui présente des excuse suite à une réaction "disproportionnée". J'ai horreur de ces genres de personnes qui déclenchent des avalanches et se plaignent quand ils sont noyés par la neige. Ce Monsieur a parlé en toute responsabilité, qu'il assume donc la bêtise de ses propos. A quoi cela rime t-il de tenter à plusieurs reprises d'opposer les Français entre eux?

Obambé GAKOSSO a dit…

A quoi cela rime t-il de tenter à plusieurs reprises d'opposer les Français entre eux? Quand il n'a rien d'autre à dire, que veux-tu qu'il fasse d'autre Le fait est que s'il se tait, il se grille car en politique, dans ce pays, le silence est mal pris: il faut parler, même si c'est pour brasser du vent.

@+, O.G.

St-Ralph a dit…

Il y a pire que Claude Guéant ! C'est son patron, Nicolas Sarkozy. Quand celui-ci a pris la défense de son ministre, il s'est permis de confondre civilisation et régime politique. Pour lui, dans son inculture, la civilisation et le régime politique sont une seule et même chose !

J'ai écouté récemment un reportage sur la manière dont les Espagnols voyaient la droite française. Dans les critères qui, selon eux, caractérisent la droite française est cité "l'inculture". Là, ils ont vu juste ! Il y a des signes répérables de très loin !

Anonyme a dit…
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Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.