dimanche 19 juillet 2009

L'Afrique malade de ses dirigeants




S'interroger sur les problèmes actuels de l'Afrique nous renvoie souvent à ces maux trop bien connus pour l'avoir désorganisée, vidée et enfin soumise à un joug atroce. Ces maux il est vrai ont marqué ce pauvre continent à jamais, mais il est cependant de mauvaise foi de ne laisser peser nos malheurs présents que sur ces pages douloureuses de notre histoire.
Aujourd'hui que les choses ont pris une autre tournure, l'Afrique pilotée par ses propres fils était mal partie, mais les moyens d'arriver à bon port ou même seulement de se remettre sur le rail lui sont connus, rien ne l’empêche d'y accéder. Le Botswana et quelques autres pays dont on ne parle malheureusement pas beaucoup essaient tant bien que mal de les appliquer, et ça semble marcher jusqu'aujourd'hui. C'est preuve que la recette est assez simple, elle s'appelle la bonne gouvernance.

Est-elle simple avons-nous dit? Certains n'arrivent pas à les appliquer pourtant. Ce qui est paradoxal chez ces pays qui n'arrivent pas ou qui ne veulent pas les appliquer (qui sait?), c'est que ce sont des pays richement dotés en matières premières: des populations jeunes et dynamiques, des ressources naturelles abondantes, donc des ressources financières. Voila pourtant des ingrédients qui, sous la férule d'une administration sérieuse et rigoureuse, donnent un plat savoureux appelé développement. Il ne s'agit pas de se hisser aux standards de l'OCDE, mais d'apporter aux populations le minimum de bien être: de l'eau, de l'électricité, des services sociaux et les infrastructures leur permettant de se prendre en charge et attirant des investissements étrangers.

Ces pays, pour la plupart situés en Afrique centrale, ont des dirigeants qui ne sont pas animés de fierté et de piété pour leur pays, ce sont de bien mauvais princes. Ils manquent de noblesse. La pire des rotures ne se comporterait pas comme ils le font avec leurs populations. A les voir avec leur air sage et grave lors de sommets et rencontres entre chefs d'Etats, qui ne les connaitrait pas pourrait penser que cet air reflète leur souci permanent d’améliorer la condition et le sort de leurs populations. Que nenni! Ces princes sont notoires pour leur incurie, autrement comment pourraient-ils dormir paisiblement autour de tant de misère?

Au départ choisis, que dis-je, placés au pouvoir par leurs parrains occidentaux pour leur talents de cancres, car cancre faut être pour livrer son pays plus que ce qu'attendaient de vous vos parrains, (vous en êtes ainsi la risée, vous qui vous prenez pour leurs amis; ils ne pouvaient pas s'attendre à mieux en terme de suppôts, et je ne serais pas étonné que lors de rencontres entre chefs d'Etats occidentaux ou dans leurs cabinets lorsqu'il leur arrive d'aborder les questions africaines qu'ils se disent « ce sont des supers tarés ces potentats nègres ! »), ces mercenaires venus faire souffrir leurs peuples, se comportant tels des flibustiers ou des soldats d’une armée conquérante avide de viols et de razzias, n’ont plus besoin d’un quelconque soutien pour s’agripper au pouvoir, les relations internationales sans cesse changeantes prennent le cap du non interventionnisme. Les Africains usent désormais de l’arme constitutionnelle pour demeurer au pouvoir, et je ne pense qu’ils soient conseillés en cela par l’occident. La souveraineté des Etats africain étant respectée il ne demeure plus que les injonctions et discours de dirigeants étrangers, invoquant l’avènement d’une autre façon de conduire les affaires, de dirigeants plus responsables, capables de donner une vision et un idéal aux jeunesses de leurs pays. Des prêches dans le désert, le chien aboie, la caravane passe !

Dans un monde globalisé, où les mauvaises conditions de vie imposées à un peuple ont forcément des répercussions bien au-delà des frontières nationales, le phénomène de l’immigration avec son lot de drames, pour ne citer que cela, devrait inciter les pays « puissants » à plus de responsabilité, leur action au Zimbabwe par exemple souffre de son peu de sévérité. C’est d’actions menées dans le cadre des institutions internationales telles que les Nations Unies que devraient être prises des mesures coercitives contre ce que nous nommons le déni de bonne gouvernance. Devrait être sanctionnée cette façon d’infliger souffrance et misère à son peuple quand on sait que le pays a largement les moyens de subvenir à ses besoins primaires.

Pourquoi donc souhaiter diriger un pays si ce n’est pour apporter une pierre à son édification en tant que nation moderne et polissée ? Souhaite-t-on demeurer au pouvoir, car c’est souvent le cas, pour se révéler être des pachydermes à qui le moindre effort de réflexion et d’imagination donne la migraine ? Par paresse on ne gouverne plus, on se contente, tel un malpropre de voler le petit peuple au lieu de s’en prendre aux multinationales. Dépourvus de capacités d’abstraction, ils ont trouvé en l’Etat, dont ils comprennent très mal les principes, le moyen d’assouvir leurs instincts de bêtes sauvages. Quant aux capacités d’imagination, ce serait trop leur demander, on le sait, c’est du rêve de certains dirigeants que sont sortis les plus beaux édifices d’Orient et d’Occident. Nous on se contente de rêver de châteaux et de voitures de luxe payées avec l’or de notre peuple. Ce sont alors des monstres dont les rêves sont porteurs de destruction, de misère et de mort, et dans tous les domaines ! C’est dommage que Pinocchio ne soit qu’un conte de fée, on verrait beaucoup de nez s’allonger au cours de déclarations d’adhésion aux principes rationnels de gestion d’un Etat.

On reconnaît à ces piètres dirigeants une autorité, mais n’oublions pas que l’autorité, la vraie ne se décrète pas, elle vient des qualités de celui qui se veut se veut chef ; de l’ascendant que lui ont conféré sa distinction quant au savoir, aux qualités militaires, la noblesse de son attitude envers tout ce que la vie lui propose ; celui là est le primus inter pares des Romains. Une telle autorité est reconnue même par les adversaires tellement elle s’impose. La nôtre, du moins celle de nos chefs d’Etats est issue de la crainte inspirée par les armes, c’est de la coercition.

La question serait réglée si de tels comportements n’étaient constatés que chez cette classe d’hommes politique de mauvaise facture. On pourrait considérer qu’il s’agit d’un mauvais songe dont on se réveillera, mais la mauvaise pratique a eu le temps de s’infiltrer dans l’imaginaire de nos sociétés, elle devient référence normative, donc coutume. Il n’est pas rare d’entendre de jeunes congolais, centrafricains ou camerounais, lorsqu’ils se prennent à rêver de pouvoir, de se voir agir selon les mêmes codes que les roitelets actuels. Nombreux sont les jeunes gens qui ont intégré comme norme de comportement leur tentation à la facilité. Voyez donc ce que peut avoir comme résultat d’avoir trop longtemps des gens sans foi ni loi à la tête d’un pays. Ils portent le virus de la déliquescence. Si l’on ne prend conscience ce mode de gouvernement deviendra normal. Aux intellectuels donc de descendre dans l’arène et d’éclairer par leur lumières ce pauvre peuple engourdi et ahuri par tant de souffrances. De ceux-là aussi beaucoup de choses sont à déplorer, nous en reparlerons si Dieu nous prête vie(*).



Philippe Ngalla-Ngoie.


* Au sujet des intellectuels, lire l’article « Intellectuels vermoulus d’Afrique : la trahison des clercs » publié sur ce blog.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans la Bilble ilest ércit que celui qui veut être grand doit savoir servir les autres un prince ne peu en être un que si iil sert son peuple ce qui est dommage il y a de plus en plus de bassesse et je pèse mes mots dans la gouvernance Africaine celui quia construit sa maison avec peine ne peut la detruire de ses propres mains ils serai comme un insencé qui ne connait la vie et c'est des gens comme ça qui dirigent nos pays des gens sans scrupule sans foi ni loi .Ce qui est vu comme le strict minimum dans a vie d'un homme eau potable ,électricité , routes , voies de communications et autres se trouve être l'objets de prières intense et pour en bénéficier que pendant un temps minime .Acceder à de hautes fonctions est devenu un moyen de gonfler son compte et son ventre en vidant c ceux des autres ( comptes comme ventres ) et ainsi reduire a néant cette envie de travailler aux autres; comme étant une pièce de l'engrenage des blocaes se font a tous les niveau :destructions des infrastuctures ; augmentation de la violence et autres delits ,division ethniques ,augmentation du taux l'analphabètisation je ne peux tous les citer ce qui augmente la force de ce genre de personne qui peuvent le plus facilement possible manipuler des gens qui n'ont rien dans la tête .pour autant je sais que quelque part il y a une génération de véritables Hommes et de véritables Princes qui doivent se lever et changer cela pour que nous ne retounions pas dans cette boue !

mieri a dit…

IAMBAJe pense que la démonstration faite dans cet article prouve à suffisance que nos "potentats " d'Afrique Centrale ne méritent pas le titre de "primus inter pares" que les romains donnaient au premier d'entre eux; Ce titre se mérite et je ne crois pas qu'en passant de république bananière à démocratie bananière ces messieurs se soient amendés.Loin de là, on n'a l'impression que plus nos pays deviennent riches plus leurs peuples respectifs s'enfoncent dans la misère, et pour preuve jamais le club des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) n'avaient compté autant de pays riches producteurs d'or noir.Trouver l'erreur!!!

Franchement, l'exemple récent des élections présidentielles au Congo-Brazza nous a montré que ces messieurs n'ont pas encore franchi mentalement le cap du XXIè Siècle, et ne le franchiront sûrement jamais car c'est aps à 66 ans ou plus pour certains que l'on change.
D'où les fameux 'chemins de l'avenir" après la "nouvelle espérance" n'est qu'un slogan vide et susceptible de berner que les imbéciles et les sots.

Etre incapable de fournir à son peuple le minimum vital à savoir Eau, Electricité,autosuffisance alimentaire (la fameuse!!! ) et qualité des soins de santé et du système éducatif quand on est à la tête d'un pays très peu peuplé et riche en pétrole et bois, est quelque chose qui me dépasse, et me laisse penser comme il a été dit dans l'article, que ces individus sont plutôt du côté des bêtes sauvages que des êtres humains.

Au vu de cet amer mais exact constat , on peut se demander que deviennent les intellectuels congolais, les êtres sensés être au minimum des lucioles pour un peuple plongé dans un obscurantisme absolu???quid de la présence de personnage tel qu'Obenga auprès de l'Homme du 5 Février ???

Les réponses sont ailleurs, mais l'essentiel est que nous essayons d'être lucide sur tout ceci et qu'on reste en alerte et avec un esprit critique aiguisé.

PNN a dit…

Massimo, que dire de plus de ton commentaire, sinon que namou, qui en Bambara signifie you damn right!

Unknown a dit…

Bonjour mon très cher ami, Phil'.

Je voudrais te demander si pour toi le "droit" d'ingérence devrait être légaliser?

Et deuxièmement, penses-tu que le concept politique de démocratie, tant décrié en Occident, et tant loué sous les tropiques, nous convient-il?

Anonyme a dit…

Belle quesion , Jules. en effet ce que je prone c'est un retour à nos valeurs intrinsèques, lesquelles nous nous permettront de bâtir des systèmes politiques viables. La démocratie n'est pas décriée e occident , ce qu'on lui reproche c'est son état d'avancement, ce caractère inachevé qu'elle laisse constater. C'est un mode de gouverner peut être pas perfectible, mais qui se laisse sans cesse améliorer.
Pour revenir sur l'Afrique il est question de définir nos propres paradigmes, afin qu'ils deviennent notre socle. Pour le moment nous regardons avec les lunettes ds autres.

Unknown a dit…

Sur la critique de la démocratie, qui s'accompagne souvent d'une critique de la modernité; je pense notamment à des penseurs, politiques et philosophes comme Alain Badiou, Léon Dégrelle, Geaoges Sorel ou encore Jacques Ellul.

Tous ont montré les limites de ce régime politique. Ne serait-ce que qu'en terre occidentale,car l'Afrique compte également ses détracteurs de la démocratie dont Samir Amin.

Ces critiques sont structuralistes pour ne pas dire essentialistes. Car comme eux, je pense que se ne sont pas les dérives de la démocratie qui sont condamnables, mais que c'est son essence même qui est bancale.

PNN a dit…

En effet Jules.

Unknown a dit…

Comme le dit, à juste titre, le professeur Dominique Ngoïe Ngalla, il nous faut nous plonger dans notre patrimoine historico-culturel pour faire retour et recours à des concepts autogènes.

Aussi, je voudrais te demander si tu avais déjà réfléchis à l'élaboration d'un nouveau régime politique ou bien est-ce que tu es encore dans un processus de collectes d'informations?

PNN a dit…

J'ai déja entamé une reflexion à ce sujet et je errai dans quelle mesure elle est viable.

GUY KOMBO a dit…

L'Afrique est gouvernée par des "malades" pour emprunter le langagier banlieusard. Elle était mal partie, l'avait-on dit? Mais, est-ce, elle est restée sur le bord du quai d'embarquement du train du développement ou elle est debout dans l'un des compartiments de ce train de développement, faute de ne pas trouver de place pour s'asseoir. Encore-là, Heureusement que Rosa Parks n'est plus de ce monde de corruptibles teinté d'un racisme peu ou prou voué à l'agonie, à-qui-veut-l'entendre!
Les chances du développement sont, à n'en point douter- dans les mains de nos dirigeants qui, par contre se détournent de tous ces bienfaits, ignorant le necessaire vital à savoir l'eau, l'électricité, la santé, l'éducation, ... pour se vautrer ou s'avachir dans les voluptés mondaines terrestres version ostentatoire. En prônant implicitement le déni de bonne gouvernance, peut-être par ignorance ou par calculs mesquins de pérennité ou de longévité au pouvoir, ils sont loin d'être des "primus inter pares" à l'instar des romains. Constitutionnellement, à mon avis, un dirigeant africain qui se veut responsable ne devrait, au plus effectuer que deux mandats. Si en deux mandats, il n'est pas capable de grand-chose, il se casse la tête haute et laisser libre champ aux autres; l'Etat étant une continuité.Du coup, tomberait en décrépitude ou en désuétude, l'arme constitutionnelle taillée sur mesure pour se maintenir à vie au pouvoir . Dans l'antan de notre ère, nous accusions les "oncles". Actuellement, ce sont les parrains occidentaux et les multinationales. En vrai et en vérité, c'est nous mêmes africains dirigeants en premier, qui se comportent tels des pantins, des vautours, des mécréants,...
A cela, que dire des intellectuels chevronnés, conseillers défroqués qui entourent et gravitent autour de ces potentats? Un point c'est tout, qu'ils se resaisissent et reviennent à la raison .Celle de vouloir sauver un peuple à l'agonie! Ainsi, ils rentreront dans l'Histoire des nations par la grande porte!!

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.