mercredi 30 mai 2007

VAnitas Vanitatum et omnia vanitas,vanité des vanités tout est vanité

Louis XIV mourant regrettait son amour excessif de la guerre. Lui qui avait vécu dans le faste et la pompe, avait le cœur gros de laisser la France meurtrie par des guerres interminables. Pour le repos de son âme, il faut souhaiter qu’à l’article de la mort, Mobutu qui avait tant mal aimé ce brave peuple du Congo au point de falsifier son nom, ait eu le coeur gros de le laisser ruiné, presque détruit. Rien pourtant ne manquait au Zaïre de Mobutu pour être heureux à faire pâlir d’envie ses voisins francophones plutôt mal lotis : des terres immenses au sol et au sous-sol à ce point gâtés par la nature qu’on croirait leurs richesses inépuisables. Pour un pays tropical où en général l’homme est rare et peu entreprenant, des hommes nombreux, dynamiques, pressés, on le croirait, de rattraper le temps que les colons belges et flamands leur avaient perdu pendant près d’un siècle. Il n’est pas, (sauf le kamdjatka et l’excessive Sibérie) une seule région du monde habité où tu ne rencontres un concitoyen de Mobutu, des Amériques aux îles du Pacifique, jusqu’au dos de la terre (na sima ya mokili) !
Et pour qu’y faire ? Pour s’amuser en bon nègre étourdi, même si personne ne veut de cet immigrant impénitent ? Non pas. Cet homme qui n’est pas triste et qui ne dédaigne ni les jeux ni la danse, s’il court le monde, c’est pour apprendre. Les voyages forment l’homme. Le zaïrois de Mobutu a soif d’apprendre parce qu’il veut gagner. Et il sait que pour gagner, il faut avoir appris. Aussi, vous ne trouverez pas derrière ses facéties, nègre plus studieux, plus sérieux, plus appliqué à ce qu’il fait.
Je veux bien croire avec ses amis les occidentaux qui ont tiré de sa folie des grandeurs le meilleur parti, je veux bien croire que le Sesseseko perdu d’orgueil et de vanité a été un génie politique, mais je veux surtout croire que pour qu’il n’ait pas fait du Zaïre un grand pays moderne, il faut qu’il ait été un bien mauvais génie. Cet homme féroce, s’il s’était souvenu, lorsque, ivre de vaine gloire, il se donnait un règne sans partage et sans limite dans le temps, que, venu de la poussière, tout homme retourne à la poussière, se fut-il conduit avec une telle arrogance effrontée ?

Extrait de Combats pour une renaissance de l’Afrique nègre, Parole de vivant, Espaces culturels, Paris 2002

1 commentaire:

Anonyme a dit…

beaucoup appris

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.