Une
embarcation coule en Méditerranée, au large de l’île italienne de Lampedusa. Près de 400 morts. Des Africains.
Embarrassés par le drame, touchés aussi sans doute, les gouvernements européens
décident de se rencontrer afin d’envisager des solutions à ce drame qui depuis
bien longtemps maintenant brasse des et des tas de victimes, tandis que du côté
de chez les Africains indolents et apathiques on ne cille même pas d’un œil.
C’est épouvantable ! C’est d’autant plus épouvantable que les victimes, en
mal de dignité dans leurs pays d’origine, qui
font un voyage de tous les dangers au cours duquel elles sont aux prises avec
non seulement la chaleur des déserts, la soif, la faim et à toute une horde de
maux, auxquels s’ajoutent les tracasseries des passeurs, sont des Africains.
La
solidarité est dit-on une valeur partagée en Afrique, mais, il semble que cette
solidarité doive plutôt être rangée du côté de la fable tant, au niveau de ses
dirigeants du moins, on en voit pas la moindre trace. Autrement le drame de
Lampedusa et en général le drame permanent que vit ce continent champion des
rôles malheureux dans le théâtre de l’humanité susciterait un merveilleux élan
de compassion, sinon une détermination à envisager des solutions concertées à
la litanie de problèmes, pour la plupart locaux, certes, mais aux conséquences
continentales. Les Italiens choqués, peinés, affligés par cette noyade massive
de trop ont décrété une journée de deuil national. Pas un seul équivalent en
Afrique , même pas un message sympathie à l’attention des pays endeuillés.
C’est un scandale que les Africains ne se mettent en branle qu’après que les
Occidentaux se sont intéressés aux difficultés, aux catastrophes, aux tragédies
africaines. C’est une honte que ce continent qui se veut moderne et dont nombre
d’intellectuels promeuvent le panafricanisme, n’arrive pas à mettre en place de
véritables logiques d’intégration et de coopération. L’Union Africaine, créée
en vue « d’accélérer le processus
d’intégration sur le continent afin de permettre à l’Afrique de jouer le rôle
qui lui revient dans l’économie mondiale, tout en déployant des efforts pour
résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques multiformes auxquels
elle est confrontée» manque terriblement à sa
vocation. Aucune rencontre au sommet n’a été programmée pour discuter du triste
phénomène dangereux dont les victimes de Lampedusa ne sont pas les dernières.
Ce
n’est pas une Afrique si irresponsable et méprisable qui arrivera à donner de
la voix au niveau mondial et à se faire respecter. Une Afrique bourrée de
cancres et d’imbéciles fieffés à la direction d’Etats, confondant la gestion et
les intérêts de ceux-ci avec ceux de leurs obscurs villages. Comment en effet
se faire respecter si on n’arrive même pas régler ses propres problèmes. Enfermés
dans une mentalité d’enfants à qui il faut sans cesse tenir la main, les
dirigeants Africains, dont certains se voient émergeants dans un peu plus d’une
décennie sont, doivent céder la place à une nouvelle classe de dirigeants qui
sache que ça implique ce que ça implique d’être capitaine d’un pays.
Ces migrants fuient la pauvreté, la misère, le dénuement desquels leurs
princes et le reste de l’Afrique solidaire et unie peinent à les sortir. Mais
comment les en sortir, si certains pays n’ont en pas les moyens ? En effet
beaucoup d’Etats africains, n’ayant plus d’Etat que le nom, ou ne ressemblant à
un Etat qu’autour des grandes villes où quelques infrastructures et bâtiments
administratifs en état de délabrement avancé tiennent lieu de cache misère. Nombreux sont les Etats en Afrique qui n’en sont plus si l’on
considère les fonctions régaliennes traditionnelles et les missions de service
public. Au-delà des villes (dans certaines villes aussi) c’est le désert, un no
man’s land administratif et socio-économique. Conditions donc d’une précarité
qu’on a peine à qualifier tant elle est inouïe. De tels Etats sont incapables
de garantir le minimum requis à leurs populations, qui comptent parmi les plus
pauvres de la planète.
Compréhensible
pour les Etats pauvres, sans ressources naturelles stratégiques, sans atouts
naturels propices au tourisme par lequel ils pourraient engranger quelques
devises ; ça ne l’est cependant pas pour les Etats riches que ne minent
pas des conflits armés interminables empêchant l’Etat de s’organiser et de se hisser
vers le progrès. Des Etats riches, mais plombées par le pillage sans scrupule des
ressources financières directement préemptées par les ayants droits à titre
universel que sont les hommes au pouvoir et leur entourage immédiat. Des Etats
riches dans lesquels il ne fait pas bon vivre parce que dirigés par des régimes
autoritaires, dans lesquels, outre les violations permanentes des droits et
libertés fondamentaux, la majorité de la population n’a pas le sentiment de la dignité,
parce que mal nourrie, mal logée, mal éduquée, mal soignée, et par-dessus le
marché, brutalisée si elle ose revendiquer quoi que ce soit. Comment ne pas
avoir le gout du lointain quand plus rien, même pas le rêve d’un avenir
meilleur ne nous est proposé chez nous ?
Cunctator.