mardi 8 mai 2007

La France et l'Afrique demain

Avec l’élection de Nicolas Sarkozy, tissées de magouilles et d’intrigues depuis les indépendances, les relations de la France et de ses anciennes colonies devraient s’assainir, à entendre la déclaration du Président élu. Ces pays devraient cesser d’être le pré-carré de la France pour devenir des partenaires économiques à part entière. Non certes parce que, plus que le général de Gaulle, plus que Georges Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand, et Jacques Chirac, Sarkozy nourrirait des sympathies particulières pour les Noirs, mais parce que, c’est là, pour lui, le meilleur moyen d’endiguer l’immigration, clandestine et non clandestine dans ce pays. A la base donc, non un élan de générosité, mais de froids calculs. Les statistiques le montrent, et les discriminations à l’emploi, le Noir n’est pas en France le bienvenu. Vade retro, Black ! Naturellement pour des problèmes de survie, le Black mal-aimé se cramponne. Il sait que dans cette France pour le salut de laquelle ses parents, ses grands-parents, ses arrières grands-parents avaient généreusement versé leur sang, il est guigné de travers. Certes la République le protège comme elle peut, mais n’a cesse en même temps de lui rappeler qu’il est un immigré. Par ailleurs sa présence massive, croit-on, fait que de nombreux français se trouvent au chômage.

Le petit peuple français est naturellement sensible à la simplicité d’une telle idéologie. C’est en tout cas la position du Front National sans le vote massif duquel Nicolas Sarkozy ne serait probablement pas élu Président de la République Française. Il a bénéficié, on l’a vu, de 66% des voix de ce parti haineux et xénophobe. Parce que tout simplement Le Pen battu, Sarkozy restait le seul à porter les espoirs des nationalistes et des chrétiens xénophobes. Sauf à lui voler ses matières premières : cacao, pétrole, uranium, cuivre, diamant, etc, sur le plan économique, l’Afrique Noire n’est d’aucun intérêt pour la France, qui, au contraire a tout à gagner à concentrer ses efforts à la construction de l’Europe à laquelle il manquerait cependant quelque chose si on ne l’arrimait aux pays de la Méditerranée du sud : le Maghreb et le Proche Orient dont il faut à tout prix faire des partenaires privilégiés, à défaut de les intégrer à l’Europe. Ces pays du sud de la Méditerranée représentent en effet un énorme potentiel économique, et leur poids dans la politique internationale est considérable. Il convient donc, si proches de la France et de l’Europe, de les avoir avec soi.

Mais l’Afrique ?(entendez les pays au sud du Sahara, l’Afrique Noire, puisque dans l’esprit des ressortissants de cette région, qui d’ailleurs comme leurs autres voisins les européens, n’ont pas une haute idée des Noirs, le Maghreb ne fait pas partie de l’Afrique, et qu’ils s’offusquent de s’entendre appeler africains. Mais on sait quelle tranche sombre de l’histoire de l’Afrique explique que les maghrébins prennent leurs distances avec leurs voisins Noirs) . Mais l’Afrique donc ? Sans illusion pour le moment, je pense qu’elle sera laissée pour compte par la France et l’Europe ; quitte à la piller, aussi longtemps que, sur l’échelle du monde, son poids économique sera dérisoire et que ses dirigeants depuis les indépendances hommes de main des politiciens occidentaux et bourreaux de leurs peuples ne prendront pas conscience du drame de l’Afrique, pour agir avec plus de dignité et de sérieux dans la gestion de leurs pays jusqu’aujourd’hui allégrement livrés aux multinationales.

Dans quelques jours, quelques semaines comme toujours depuis longtemps, les chefs d’Etat de l’Afrique noire monteront à l’Elysée pour faire allégeance à Nicolas Sarkozy. Plaise au ciel que l’ardent théoricien de l’immigration choisie se souvienne de ce qu’il a dit dans sa déclaration du 6 mai au soir, et tienne parole pour dire à ses hôtes, les yeux dans les yeux : « chers amis, avec moi la donne a changé. De même que j’ai déclaré la guerre à l’immigration clandestine, dès aujourd’hui, je la déclare aux dictateurs auxquels sans répit je donnerai la chasse, c’est le seul moyen pour gagner la guerre contre l’immigration clandestine. »

2 commentaires:

Unknown a dit…

Quel plaisir de te relire mon chère tonton.

Merci de nous faire partager encore tes réflexions.

Unknown a dit…

Sarko au pouvoir, la politique française en Afrique restera la même. Ils ont commencé à durcir les mesures par exemple pour l'obtention des visas.

Une question me trotte dans la tête cependant, pourquoi nous les africains, n'arrivons nous pas à nous affranchir du joug français?

Et si Axel KABOU avait raison en disant "Et si l'Afrique refusait le développement".

Honnêtement, je ne le pense pas. je pense plutot que la plaie de l'Afrique ce sont ces faux intellectules corrompus, peu intègres et et dirigeants qui croient que "gouverner" c'est avant tout penser à leur poche et servir tout leur clan.

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.