mercredi 19 août 2009

La lente agonie du racisme.




Il y’a peine quelques mois, nous saluions le courageux et progressiste peuple américain élisant un Président issu d’une communauté regardée de travers, un Président en partie originaire de la partie damnée de l’Afrique, dont les capacités humaines de ses habitants ont longtemps été remises en doute avec force par des esprits brillants d’occident et d’ailleurs, seuls habilités à revêtir les caractères essentiels de l’Homme.

Mercredi10 juin 2009 survenait une fusillade au Musée de l’Holocauste de Washington DC. Cette fusillade ayant provoqué la mort d’un agent de sécurité noir, s’inscrit dans une série de crimes visant les minorités aux USA depuis l’élection de Mr Barak Hussein Obama, premier Président noir des USA. Ce fait prouve que ce pays progressiste, soulignons le -dans quel autre cela aurait été possible-, doit encore affronter les questions relatives à la race au sujet desquelles d’énormes tâches sont encore à accomplir. En effet les disparités sociales et économiques, les différences quant à l’éducation sont déterminantes pour la place et le statut des différentes ethnies de l’Amérique, et on sait que l’état d’un groupe ethnique dans une société donnée, surtout si ce groupe se place en tête des défavorisés, fonde des préjugés volontiers appliqués à tout individu issu de ce groupe. L’arrestation devant sa maison du Pr. Henry Louis Gates Jr, historien de renom, est un bel exemple de la force des préjugés.

L’élection de Barak H. Obama, grand pas vers l’adhésion aux valeurs authentiquement humaines de tolérance proclamées par les esprits des quatre coins du globe ( même les papous et tous les autres peuplades arriérées à la pensée si fruste s’y collent) a non seulement illustré la volonté, même timide, des Etats-Unis de franchir la « color line », mais elle a aussi illustré celle du reste du monde, puisque, en ce qui la concerne, une grande majorité était acquise à Obama en Europe (en France nous sommes les champions de la tolérance, Egalité et Fraternité sont garanties à tous; point besoin donc de compter la France parmi ces autres nations devant affronter l’épineuse question de la différence). Cela rassure, que l’on soit Blanc, Noir, Rouge, Jaune et même vert si possible, le rayonnement que confèrent à une personne ses qualités intrinsèques, touche la sensibilité de ceux là qui reconnaissent la stupidité des barrières et préjugés érigés par l’Histoire, l’économie, la culture, etc.

Le racisme sous toutes ses formes est question de différences, nombre d’entre nous avons du mal à les assumer. Au sein même de l’Afrique où la majorité de la population n’a pas le souci de la différence des races, au sein des Etats-nations les populations, parce que bien souvent issues d’ethnies différentes s’acceptent difficilement, l’autre étant un danger pour l’intégrité de l’ethnie. Le cas des hutus et des tutsi est symptomatique de ce phénomène. Comment deux ethnies partageant la même langue et un territoire si exigu en sont arrivées à se massacrer dans un combat qui avait tout d’une lutte ou l’un des protagonistes protégeait son intégrité contre des barbares venus de très loin.

Le racisme est fruit de l’intolérance elle-même née du refus de reconnaître en l’autre un semblable en ce qu’il a autant que moi tous les caractères d’un humain, fut-il pygmée ,dont des congolais de Brazzaville, à l’occasion d’un festival de musique, parquèrent, telles des bêtes puantes, quelques individus dans un zoo afin sans doute de mieux coller à leur condition animale. Pauvres pygmées! C’est un caractère dont même les plus civilisés et les plus fins ont du mal à se départir, pratiquant une fausse tolérance, un racisme élégant et courtois. On ne s’en débarrasse qu’au prix d’efforts sans cesse renouvelés de renoncer à notre condition soi disant supérieure pour la partager avec tous les sauvages et barbares de la terre. Cet effort ne devrait pas, comme au pays de la liberté de ‘égalité et de la fraternité, s’arrêter au niveau des déclarations et des intentions, où l’on se recroqueville sous le paravent de la République, formule magique sensée corriger les effets des préjugés et des discriminations dès qu’elle est prononcée. Un préfet hors cadre, voyez le symbole, s’est fait prendre en flagrant délit à l’aéroport d’Orly où, selon la presse, énervé, il fit le constat qu’ « il n’y a que des noirs ici ».
Philippe Ngalla-Ngoïe.

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.