jeudi 26 mai 2011

Xénophobie, racisme, la faiblesse et la honte de l’humanité (première partie)

D’origine biologique, certes, rejet de l’autre différent et repli sur soi, propre à tous les groupes humains, la xénophobie du moins, la xénophobie et le racisme sont cependant, dans leurs expressions modernes et rationalisées, le propre de l’Europe civilisée et des pays industrialisés, paradoxalement attachés, dans le même temps, dans l’Occident européen du moins, à poursuivre un idéal d’humanité. En 1789, la Révolution Française le fondait dans le lien de fraternité et d’égalité à établir entre tous les hommes. Idéal élevé ! On le voit bien dans le combat jamais renoncé de tant d’organisations non gouvernementales (ONG) et d’associations pour la défense des droits de l’homme, et pour une politique de l’immigration plus humaine. Les militants de ces associations et de ces organisations non gouvernementales font de leur lutte sur le caractère contingent du droit et du système judiciaire sur lequel s’appuient les xénophobes et les racistes pour justifier leur attitude. Comme Antigone, les militants de ces associations non gouvernementales et de ces associations anti-xénophobes et antiracistes en appellent à des lois non écrites supérieures aux lois humaines forcément d’un temps caduc un jour. Ces lois non écrites nous rappellent que lorsque le destin d’un homme est en jeu, les lois humaines doivent s’effacer, ou du moins, se faire plus raisonnables pour trouver la solution la plus satisfaisante. A son stade primaire, biologique, la xénophobie est expression non raisonnée de l’instinct d’appropriation propre aux petits de l’homme (et de l’animal, qui ne naît pas altruiste). Elle est expression de la peur pour celui qui la pratique d’être privé d’un bien, de son bien ; peur aussi de la menace que toujours représente l’autre différent quitte à donner un visage à cette menace.

Le comportement xénophobe des Européens et des sociétés industrialisées repose sur la peur de l’étranger perçu sous les traits d’un perturbateur de l’ordre social existant. Perturbateur de l’ordre social existant, mais aussi pollueur potentiel. Le recours à la violence, procédé et mesures extrêmes, est alors perçu comme un moyen juste et légitime pour rejeter l’étranger peint sous les couleurs les plus sombres. Les politiciens le savent. Voila pourquoi volontiers ils recourent à ce genre d’arguments pour expliquer un malaise social ou des difficultés économiques. La société se portant rarement bien, le thème du mauvais étranger est au cœur des campagnes électorales, parce que, à tous les coups ils réveillent des peurs enfouies dans les sous-bassement des consciences. Cependant bien qu’elle y mène, la xénophobie n’est pas encore le racisme en lequel elle culmine en quelques sortes. La xénophobie est phénomène naturel, nous l’avons dit. L’instinct et la pulsion qui la fabriquent sont, comme la violence et l’agressivité, constitutifs de notre être profond. L’éducation et une vigilance constante nous en libèrent plus ou moins, jamais totalement. Autrement, comment expliquer l’existence de la xénophobie chez l’élite la plus huppée, polyglotte et cosmopolite ? Paradoxe ! Dans le règne animal dont l’homme fait partie, il est remarquable que le regroupement des individus se fait en fonction de leur appartenance à telle ou telle espèce ou sous espèce. Et gare aux intrus ! A moins que ces intrus ne soient des prédateurs armés pour se moquer des frontières naturelles. Il les viole alors volontiers ces frontières pour la satisfaction de leurs besoins. Ainsi, les loups se retrouvent entre loups et marquent leur territoire. Les hyènes avec les hyènes, les carpes avec les carpes, les harengs avec les harengs, les phacochères avec les phacochères, les lions avec les lions ; et ainsi de suite. Comme on le voit les animaux sont naturellement xénophobes, jusqu’au bout. L’homme aussi. Mais seul l’homme, par un dressage rigoureux, réussit parfois à se décloisonner. Donc même lui, tout doué de raison qu’il est ne fait pas exception face à d’autres hommes. L’Europe et les pays industrialisés qui édictent des lois sévères sur l’immigration sont visiblement mus par des peurs instinctives et primitives : la peur d’être privé de pain du fait de l’invasion étrangère ; la peur du pollueur qu’est forcément l’étranger. Pourtant, une saine connaissance du monde et des autres hommes peut atténuer la peur et l’agressivité xénophobe. On constate malheureusement, qu’en dehors de l’ethnologue et de l’anthropologue de terrain, les Européens connaissent mal les non-européens et leurs cultures ramenées à des poncifs qui tournent à la caricature. Inculqué sans relâche à des centaines de générations, un discours dévalorisant avait fini par structurer entre l’Europe qu’il exalte et le reste du monde un rapport de distanciation qui, en majorant la différence négative des non-Européens, en justifient le rejet.


A suivre.

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Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.