Longtemps,mon esprit encombré par l’actualité remuante, je n’ai eu le temps de laisser s’exprimer ce qui repose au fond de moi: les productions de mon esprit, mortes de n’être jamais nées, épuisées d’être enfermées dans l’écrasante boite à idées. Il ne s’agit pas d’une réflexion qui confine à la philosophie ni à l’épistémologie, il s’agit plutôt de l’expression de moi-même. Sans but, sans visée, sans souci de quoi que ce soit…Il s’agit juste de me faire parler, de faire monter à la tête de puits qu’est la plume ou le clavier ce qui se trouve au fond. Aujourd’hui j’ai envie de parler de littérature parmi tant de choses. Littérature ! Quel beau mot ! Quel beau mot en effet que celui qui résume l’univers qui naquit, grâce aux tous premiers qui eurent la folle idée de consigner la parole tant elle leur parût belle et magique. La parole de l’aède qui raconte les aventures épiques ; la parole du griot qui narre, à travers les hauts faits de l’histoire du lignage auquel il est attaché, la geste d’un peuple ; la parole de la cantatrice qui pleure sur les malheureuses aventures de ces jeunes gens fauchés trop tôt par la passion qui ne connait ni prudence ni retenue. Elles étaient belles ces paroles, mais elles le sont devenues davantage et ont pris une valeur plus importante dès lors qu’elles furent couchées sur des supports grâce à la magie de l’écriture. La pérennité d’un écrit, le fait qu’il est lu de générations en générations atteste de la valeur de ce dernier.
Serait-ce donc que le simple fait d’être écrit, révolutionnaire sans conteste, fonde toute la valeur du fait littéraire ? Aucune réponse ne saurait être faite à priori à une telle question. Chacun sa chapelle, chacun trouve de la valeur à la littérature selon les richesses que lui procure cet art. Un petit détour par l’histoire littéraire de l’amoureux de la littérature, sur ce qui a orienté ses goûts ne serait pas un mauvais début de réponse. Très tôt ou assez tard, ça dépend, la littérature nous prend par la main et nous mène à travers les âges pour nous faire découvrir l’aventure de l’humanité. On dit d’elle qu’elle est universelle. Ce n’est pas faux si on considère qu’elle nous fait considérer les traits essentiels que tous les hommes ont en partage en dépit de l’inégale valeur des civilisations les unes avec les autres. Seulement l’aventure humaine ou plutôt l’homme n’est pas la seule merveille que propose, et pour une modique somme, la littérature. Elle est le royaume de la festivité et de la noblesse de la langue. Aussi, soient-ils gais et frais, sévères et graves, les mots, bien choisis, tels que coulés dans la geste littéraire, rarement suggèrent des émotions de travers. Au contraire ils font jaillir, chez les belles âmes surtout, des réactions que seuls savent décrire ceux qui ont la capacité rare de nommer l’ineffable.Quel pouvoir, ces mots !
La littérature à la quelle on goûte tient beaucoup à notre façon d’envisager le monde, la vie ; elle tient également aux interrogations qui nous animent…En butinant tel des abeilles, nous allons vers ces livres qui semblent corroborer nos points de vue, ou qui semblent apporter des éléments de réponses à nos interrogations. Nous allons vers des livres qui assouvissent notre curiosité à l’égard de tant et tant de choses que nous amène le désir de connaitre, le désir de l’ailleurs. Nous allons, pour ceux qui aiment le grand air et le large vers ces écrits qui renouvellent l’air vicié des choses et des situations que nous connaissons trop bien. La nouveauté, en effet, même servie par les livres a quelque chose d’enrichissant, de rafraichissant, de vital. Eh, n'oublions pas! la littérature est avant tout un art, elle a comme les autres arts, le souci du beau. Toutes ces choses évoquées nous mènent certes vers les livres, mais la magie est encore plus forte lorsqu'elles sont présentées avec une langue qui les sublime et leur enlève leur banalité.
En prenant de l’âge, c’en fut fini de mon amitié avec la littérature historique. L’école, dont je me foutais pas mal au début, me rattrapa. Je devins assidu dans mes études et je consacrai moins de temps à la lecture.
4 commentaires:
L'utile, toujours l'utile ! voilà ce qui nous tue en vérité. Pourtant, notre âme aspire à tout moment à boire à la fontaine de la connaissance et de l'aventure.
Moi aussi, pendant presque 10 ans, j'avais tourné le dos à la lecture. Une overdose causée par des travaux universitaires. Mais quelle joie de retrouver son âme aventurière après tant d'années d'enfermement dans l'utile ou le nécessaire ! Lire et écrire, c'est me reconnaître comme être vivant, comme une âme aspirant à l'idéal.
Oui St-Ralph, l'utile comme tu dis, nous prive de bien de loisirs. Mais il demeure pourtant nécessaire tant qu'on ne peut s'en affranchir du fait d'une fortune qui nous permette de consacrer notre temps libre à la culture de notre esprit. Il me semble que nous pouvons trouver un équilibre dans la répartition de la nécessité de consacrer du temps à des activités aux finalités utilitaires et des activités sans utilité immédiate.
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