dimanche 9 septembre 2007

Du nécessaire devoir de mémoire

Nous sommes sortis d’un siècle qui s’est illustré par de très grandes atrocités contre l’espèce humaine ; un siècle où l’homme a acquis des moyens de destruction inouïs ; un siècle où l’homme a rejeté l’humanité dont il se trouvait sur les pentes de la conquête.
Notre époque grouille d’une élite qui, bien qu’ayant perdu de son brillant, a somme toute le mérite d’être qualifiée comme telle. Les personnes constituant cette élite, la plus haute élite politique et financière surtout, ne sont plus mûs par de nobles idéaux comme du temps de Thémistocle, de Périclès, et de Caton l’Ancien.
Notre élite moderne a souvent cédé à la tentation de la facilité, du mensonge, de la corruption et enfin du cynisme. L’intérêt est vénéré comme un dieu ; ils le recherchent par tout moyen, même au prix de dizaines de milliers en pertes humaines.

La renaissance avait tourné l’Occident vers les valeurs et idéaux classiques que le Moyen-âge n’avait pas repris. L’Occident nouveau a continué sa lancée vers les siècles pour constituer une belle aventure : progrès des sciences, progrès de la mécanique, grandes découvertes géographiques, réformes théologiques, etc. Une chose, cependant, est venue tâcher ce beau tableau, c’est à cette époque de révolution intellectuelle, artistique et scientifique de l’Occident que débuta une grande injustice de l’histoire : la Traite Atlantique. Outre les énormes profits qu’elle promettait, les motivations de la Traite étaient racistes, car elle niait le caractère d’humanité à ces habitants des terra jadis incognita.

La tentative pour célébrer aujourd’hui cette tragédie est rangée aujourd’hui dans le registre de la « victimisation » par quelques intellectuels occidentaux, eux-mêmes relayés par certains hommes politiques. Ce qu’on ne reproche pas aux victimes de la Shoa qui ont tout loisir de revenir sur toutes les tragédies qu’ils ont souffertes à travers leur histoire torturée, la dernière étant les camps de concentration sous le régime nazi.
Et pourtant, se souvenir est simplement un moyen de comprendre ce passé torturé afin de s’en libérer, puisque ses conséquences continueront de marquer, même de façon subreptice, nos rapports réciproques. L’Allemagne, nation responsable s’est faite un devoir de reconnaître et de condamner la barbarie nazie.
Se souvenir n’est pas une position offensive. Point besoin, dans ce cas, de s’offusquer qu’un groupe humain rangé parmi les peuplades barbares il y’a peu pleure sur les malheurs des siens. Se souvenir est une façon de transmettre le relai, cette histoire particulièrement atroce. Si nous ne rejetons de cette façon notre passé, il peut nous rattraper. S’en souvenir est une façon de s’en libérer.

Philippe Ngalla-Ngoie

16 commentaires:

kidikoi a dit…

Avec l'immigration choisie, la victimisation choisie? Il y aurait donc des victimes plus légitimes que d'autres ?

" Le chien qui a vu le lion et celui qui ne l'a pas vu, n'ont pas la même manière de courir" dit un proverbe éclairé.

Mais où-suis je ? B Sha tu m'entends ?

Anonyme a dit…

yes kidikoi

Anonyme a dit…

Oheee...

Anonyme a dit…

cette réflexion garde sa pertinence si le nécessaire devoir de mémoire, qui comme il est si bien dit, doit nous permettre de nous libérer de cette histoire et de ces affreuses consequences et nous aider à "normaliser" autant que possible le rapport du Noir avec le Blanc.Or, le Noir , du fait de ctte histoire a malheureusement aussi pris l'habitude étrange et dévastatrice de se contenter de ce rappel, qui le place justement en situation de victime,qui reste sur son quant à soi sans faire le difficile travail de remise en question , qui nous aiderait à développer un mouvement dynamique vers l'avant.Il est resté bloqué,ayant cru qu'une victime doit recevoir, attendre et ne rien faire, et c'est ce qui est.On s'et cru, du fait de cet état victimaire, au même pied d'égalité que les Juifs, alors que comme le dit l'auteur, il reste des tares infimes et indélébiles dans le cerveau des Blancs, qui font qu'ils nous voient toujours un peu comme étant inférieurs à eux , donc aux juifs par translation.
A nous,de nous aider de cette histoire en y puisant l'énergie cinétique nécessaire pour nous mettre en mouvement, car cette histoire ne mérite pas que ceux qui doivent en être les porteurs, s'arrêtent d'espérer et surtout de réagir.

Anonyme a dit…

Hey, biky boy ! Dans sa " Lettre à jimmy", Alain Mabanckou parle de" concurence victimaire"...J'ai posté sur ce sujet. ce qui me dérange également dans la démarche de ce bouquin, c'est d'utiliser le procédé de l'hommage, pour finalement utiliser le défunt Baldwin et lui mettre dans la bouche un point de vue personnel que Mabanckou ne semble pas vouloir assumer seul. Ce bouquin n'est pas un roman, mais un essai, je trouve décevant ( et non pas "courageux" comme l'écrit son grand copain M.E. Leclerc) qu'il n'ait pas essayé d'assumer davantage sa théorie de la victimisation.

Mais comme tu le sais je suis fliquée là-bas, tant qu'on en reste à des généralités, ça passe ...mais dès qu'on pointe concrètement les incohérences de notre hôte ( à travers des faits précis) là c'est la censure garantie.

En résumé voici, brièvement, dans quels cas j'ai été censurée:
- affaire de la carte de crédit à l'hôtel / indifférence pour les conditions d'hébergement des artistes pygmées au FESPAM

- rencontre avec Sassou

- affaire du plagiat: Mabanckou accusé de plagiat par Mutungu Fané. Aucune envie de prendre partie dans cette histoire, en revanche la censure s'est aussi exercée quand je mentionnais l'affaire Darrieussecq-Laurens et invitais à lire l'article de Camille Laurens. J'ai tenté 3 fois d'indiquer le lien, il a été à chaque fois effacé.

Bref, dès qu'on parle fric et pouvoir on passe à la trappe.Qu'il aime ça , ce n'est pas mon problème...Mais en revanche qu'il se fasse son beurre sur les bons sentiments et les beaux idéaux, là je trouve que c'est de l'arnaque et que c'est profondément malsain.D'où mes réactions .
parfois. J'aime, aussi, appeler un chat,
un chat.

Espère que tu auras le temps d'aller faire un tour là-bas ( en vélo-pédalé, c'est tellement rapide) et que l'on pourra s'y croiser.

J'oubliais l'essentiel: Merci, tes commentaires sur la bike, m'ont permis de ne pas être à nouveau éjectée du blog. Tu en as fait un petit engin sympa et populaire que notre hôte a maintenant bien du mal a viré, et c'est tant mieux car sinon pourquoi créer un forum...? Il me semble que bien des fois la réelle motivation est ailleurs, une vitrine commerciale avant tout. Décevant mais très interessant sur la nature et les fonctions possibles d'un outil...

Désolée pour ce hors sujet, mais c'est le seul lieu tranquille où je pouvais venir te parler plus franchement.

Anonyme a dit…

A propos de la littérature-monde...besoin d'infos ? Tu tombes bien sur le site d'AM, puisqu'il est le chel de fil du manifeste des 44: "pour une littérature-monde" ( paru chez Gallimard ). Cette idée a été impulsée au festival Etonnants Voyageurs de St Malo.
Pour faire simple, bien que ça soit compliqué, il s'agit d'un manifeste pour une littérature francophone sans frontières hexagonales. Une réaction de défense d'auteurs se sentant coincés ou plutot exclus de la littérature française au sens institutionnel et donc trop traditionnel du terme.
Pour en savoir plus, tu peux consulter sur le blog d' AM, l'article de Libé mis en ligne en juillet dernier, qui traite de ce sujet.

Anonyme a dit…

c'est dommage mais je n'arrive pas à te répondre. tiens ça marche. moi aussi j'ai été victime de censure sur des sujets similaires.ce n'est peut-être pas la ligne éditoriale de son blog. je croyais que les propos étéaient libres tant qu'ils n'étaient pas offensant, à moins que tu me dises qu'il est offensant de parler d'une situation actuelle.

Anonyme a dit…

j'aime beaucoup ce proverbe : le chien qui a vu le lion et celui qui ne l'a pas vu..."

Anonyme a dit…

Oui joli proverbe...Et en ce qui concerne ta question précédente, je ne dirais pas "off-ensant" mais plutôt "open-sant", pour l'unique jeu de mots de la journée ( un jour sans, mais pas de quoi fouetter un chat ). "open" c'était l'esprit de la triplette, le ton était toujours courtois, mais le fond dérangeait, disons le service préfectoral du blog.

Anonyme a dit…

j'ai fait une réflexions sur la littérature monde mais il y'avait certainement un problème de réseau.on en discuteras plus tard si tu veux.

cunctator_philippe@yahoo.com

Anonyme a dit…

Je ne sais pas si c'est le fruit du hasard ou d'autre chose, mais il règne une drôle d'ambiance là-bas depuis le nouveau sujet mis en ligne...Désertion des posts.Tiens ça me rappelle la 1ère manif de Mandela avec le boycott des bus d' Alexandra..".Les sirènes du port..." A ce train là, attend-toi peut-être à accueillir du monde ici. Allez t'inquiète, la logistique suivra avec qqs bonnes bicyclettes tous terrains.

Anonyme a dit…

il ne faut pas ensuite qu'on fasse courir que j'ai débauché des adeptes de l'autre côté.tu te souviens du soufflet que j'ai reçu pour avoir en censé quelqu'un que j'admire.

Anonyme a dit…

Ne t'inquiète pas, on ne fera rien courir du tout, d'ailleurs ici on préfère pédaler, n'est-ce-pas, pour activer la dynamo de la sono. Que les adeptes choisissent le son qui sied le mieux à leurs

Anonyme a dit…

...oreilles ( maivaise manip du GPS ). Et puis, "point ne sert de courir à celui qui sait...temporiser", Conctator. Au pire on créera un vice-consulat.

Anonyme a dit…

De l'autre côté...du miroir, oui, il s'agit bien de cela, semble-t-il. Nice to meet you Ovicula.

Anonyme a dit…

ravi de cette allusion à mon nom que je tiens de Fabius Maximus "Cunctator", le temporisateur,grâce à qui Rome ne fut pas battue par Hannibal.J'aime bien la vie dec e personnage et de plusieurs de ses contemporains, sans toutefois oublier ma place et la nature de mon combat dans ce monde.
depuis un an je suis dans une phase de remise en question, presque que terminée d'ailleurs, je la considère comme une dialectique.synchrétisme entre valeurs chrétiennes,sagesse africaine et esprit cartésien.
tu as regardé "Café Voltaire" hier?

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.