samedi 22 août 2015

L’église Africaine face au phénomène subversif de la sorcellerie.


La croyance en la sorcellerie avec les manifestations plus ou moins, spectaculaires de ses pratiques est généralement liée au niveau de développement primitif des sociétés archaïques. En toute logique, elle fut, en Afrique noire précoloniale, au cœur du système des représentations et des pratiques eu égard au niveau de développement social de l’époque, dans bien des régions, encore male dégagées des lourdeurs du néolithique. L’enseignement des missionnaires chrétiens bouscule les fondements du système de représentation du continent et sur la base des préceptes de l’évangile en proposent une nouvelle définition.

Résultat : au bout de quatre générations, dans les centres urbains ou l’activité missionnaire est plus intense, parce qu’elle est jumelée à la scolarisation, la croyance en la sorcellerie prend une forme plus diffuse au fur et à mesure que le niveau social et d’éducation de la population s’élève. La fin de la colonisation en précipitant dans une profonde misère l’Afrique qui, dans bien des secteurs (santé, éducation, administration) connut une nette régression, la fin de la colonisation donc redonne du nerf aux croyances et aux activités sorcellaires. La chrétienté pendant toute l’ère coloniale, promesse des lendemains meilleurs pour l’Afrique, tant, couplé à l’évangélisation la formation intellectuelle et morale de l’homme était le souci majeur des missionnaires, la chrétienté elle-même ne fut pas épargnée. La politique de l’africanisation des cadres ayant gagné l’Eglise, les missionnaires européens rentrèrent chez eux.

La crise sociale, économique, morale, spirituelle qui frappe de plein fouet les civils atteint aussi le clergé. Depuis le départ des missionnaires, Blancs combien y at il d’hommes d’Eglise africains qui ne tiennent la sorcellerie vulgaire, celle qui explique tout ce qui arrive de contraire à l’homme (maladie, échec dans ce qu’on entreprend, etc.) par une intervention des forces obscures ? Très peu, on peut le craindre. On rencontre des prêtres africains chez qui l’exorcisme, ministère chrétien réserve à certains membres du clergé qui en présentent les dispositions devient une vulgaire opération de sorcellerie. Et puisqu’il en est ainsi, comment s’étonner que des fidèles qui pour leur conduite prennent modèle sur leurs pasteurs, pensent que crédo chrétien et croyance sorcellaire c est kif-kif ? Et que le chrétien qui veut assurer ses arrières, n’a pas intérêt à balancer la croyance en la sorcellerie par-dessus bord !comme si, pour lui, la parole de Jésus-Christ ne suffisait pas. C’est vrai que l’échec est assuré des que nous ne la mettons pas en pratique.

Il y a un instant, j’étais en train de dire que la croyance en la sorcellerie de type vulgaire, celle de la quotidienneté, celle qui nait de l’ignorance de la cause des faits et qui fabrique des rapports de suspicion entre individus vivant au sein d’une même société, j’étais en train de dire que la croyance en la sorcellerie est la réponse à la misère et à la pauvreté lorsque faute d’imagination et d’esprit d’inventivité, on en voit pas de remède, et qu’ on attribue la cause du mal dont on souffre ( mal physique ou moral) à l’intervention d’une entité surnaturelle malveillante.et justement, la foi en Jésus-Christ nous détournerait de telles explications à nos maux. Elle nous tournerait vers nous-mêmes pour y chercher les causes et les raisons  de nos échecs. Elle ferait de nous des hommes de réflexion. Or la réflexion lorsqu’ elle est systématisée, lorsqu’ elle devient  habitude, la réflexion toujours finit par élever notre niveau de conscience.et c’est ce qui manque aux sociétés africaines aujourd’hui dans l’impasse. Mais, vous me direz : pourtant ceux qui gouvernent l’Afrique, réfléchissent tout le temps, tous ces conseils des ministres !oui, mais à quoi cela sert- il, puisque ceux qui gouvernent l’Afrique .escamotent les débats, ayant trait aux problèmes sociaux par  des vraies solutions, celles qui exigent bien des vertus chez ceux qui osent les affronter.

Etre chrétien, hier comme aujourd’hui et demain, c’est se faire la conviction qu’aucune force ne prévaudra sur nous parce que Dieu est avec nous. Jésus nous aurait-il menti qu’on il nous a dit : « je suis avec vous jusqu’ a la consommation des siècles » ? Il me plait de penser que la brillante civilisation de l’Occident c’est l’esprit de la Rome et de la Grèce antiques, mais qui se fut essoufflé si le christianisme et l’évangile ne l’avait constamment renouvelée. Rendre le Christ activement présent parmi les hommes, c’est le rôle et la vocation des hommes d ‘église. Mais au vu des libertés que bien d’entre eux prennent avec les enseignements du sacerdoce chrétien on peut douter que le christianisme devienne un élément dynamique de transformation des sociétés  africaines avant longtemps.

Dominique Ngoïe-Ngalla










Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.