jeudi 10 mai 2012

Comment je suis tombé dans les livres.


Longtemps,mon esprit encombré par l’actualité remuante, je n’ai eu le temps de laisser s’exprimer ce qui repose au fond de moi: les productions de mon esprit, mortes de n’être jamais nées, épuisées d’être enfermées dans l’écrasante boite à idées. Il ne s’agit pas d’une réflexion qui confine à la philosophie ni à l’épistémologie, il s’agit plutôt de l’expression de moi-même. Sans but, sans visée, sans souci de quoi que ce soit…Il s’agit juste de me faire parler, de faire monter à la tête de puits qu’est la plume ou le clavier ce qui se trouve au fond. Aujourd’hui j’ai envie de parler de littérature parmi tant de choses. Littérature ! Quel beau mot ! Quel beau mot en effet que celui qui résume l’univers qui naquit, grâce aux tous premiers qui eurent la folle idée de consigner la parole tant elle leur parût belle et magique. La parole de l’aède qui raconte les aventures épiques ; la parole du griot qui narre, à travers les hauts faits de l’histoire du lignage auquel il est attaché, la geste d’un peuple ; la parole de la cantatrice qui pleure sur les malheureuses aventures de ces jeunes gens fauchés trop tôt par la passion qui ne connait ni prudence ni retenue. Elles étaient belles ces paroles, mais elles le sont devenues davantage et ont pris une valeur plus importante dès lors qu’elles furent couchées sur des supports grâce à la magie de l’écriture. La pérennité d’un écrit, le fait qu’il est lu de générations en générations atteste de la valeur de ce dernier.

Serait-ce donc que le simple fait d’être écrit, révolutionnaire sans conteste, fonde toute la valeur du fait littéraire ? Aucune réponse ne saurait être faite à priori à une telle question. Chacun sa chapelle, chacun trouve de la valeur à la littérature selon les richesses que lui procure cet art. Un petit détour par l’histoire littéraire de l’amoureux de la littérature, sur ce qui a orienté ses goûts ne serait pas un mauvais début de réponse. Très tôt ou assez tard, ça dépend, la littérature nous prend par la main et nous mène à travers les âges pour nous faire découvrir l’aventure de l’humanité. On dit d’elle qu’elle est universelle. Ce n’est pas faux si on considère qu’elle nous fait considérer les traits essentiels que tous les hommes ont en partage en dépit de l’inégale valeur des civilisations les unes avec les autres. Seulement l’aventure humaine ou plutôt l’homme n’est pas la seule merveille que propose, et pour une modique somme, la littérature. Elle est le royaume de la festivité et de la noblesse de la langue. Aussi, soient-ils gais et frais, sévères et graves, les mots, bien choisis, tels que coulés dans la geste littéraire, rarement suggèrent des émotions de travers. Au contraire ils font jaillir, chez les belles âmes surtout, des réactions que seuls savent décrire ceux qui ont la capacité rare de nommer l’ineffable.Quel pouvoir, ces mots !

La littérature à la quelle on goûte tient beaucoup à notre façon d’envisager le monde, la vie ; elle tient également aux interrogations qui nous animent…En butinant tel des abeilles, nous allons vers ces livres qui semblent corroborer nos points de vue, ou qui semblent apporter des éléments de réponses à nos interrogations. Nous allons vers des livres qui assouvissent notre curiosité à l’égard de tant et tant de choses que nous amène le désir de connaitre, le désir de l’ailleurs. Nous allons, pour ceux qui aiment le grand air et le large vers ces écrits qui renouvellent l’air vicié des choses et des situations que nous connaissons trop bien. La nouveauté, en effet, même servie par les livres a quelque chose d’enrichissant, de rafraichissant, de vital. Eh, n'oublions pas! la littérature est avant tout un art, elle a comme les autres arts, le souci du beau. Toutes ces choses évoquées nous mènent certes vers les livres, mais la magie est encore plus forte lorsqu'elles sont présentées avec une langue qui les sublime et leur enlève leur banalité.
Pour revenir à moi, n’oublions pas, il s’agit de causer et non de gloser, c’est presque âgé de sept ans que je sus lire à peu près correctement. Je le sus quand j’achevai la lecture de mon livre d’école. La lecture, tant elle fit sur moi une forte impression de voyage, m’apprivoisa sans difficulté, la passion qu’elle m’inspira m’ayant mis dans des dispositions qui favorisaient le relâchement et la confiance qu’on observe dans les grandes amitiés. Après avoir lu les contes et légendes de la brousse et de la savane, les contes de Disney et bien d’autres choses dont raffolent les tous petits, comme j’habitais une maison où les livres ne demandaient qu’à être ouverts, je m’épris pour une partie de l’histoire du Moyen-âge. Ce n’était pas de la littérature certes, mais mon plaisir tenait aux histoires des personnages que j’y rencontrais. Les mérovingiens, les carolingiens, Goths, les Ostrogoths, les Wisigoths, les Lombards et les Vandales me devinrent familier, Pépin le Bref, rien que pour son nom me plut plus que son fils Charles. Louis le pieux, fils de Charles, me plut aussi pour les mêmes raisons. Ces noms affublés d’un adjectif plus ou moins honorable les rendaient inoubliables à mon esprit encore frais. Berthe aux grands pieds ! Je ne les ai jamais oubliés. Ces lectures me déniaisaient, elles me donnèrent une profonde conscience de l’ancienneté de l’aventure humaine et de la différence des expériences humaines selon les époques. Elles m’inspirèrent les questions qui sans doute agaçaient mon pauvre père qui les accueillait toujours avec beaucoup de patience. C’était le début de notre amitié. Il avait des atlas, des livres d’histoires et pleins de « Cahiers congolais d’anthropologie et d’histoire », d’autres gros livres dont je n’imaginais pas lire les auteurs quelques années après.

En prenant de l’âge, c’en fut fini de mon amitié avec la littérature historique. L’école, dont je me foutais pas mal au début, me rattrapa. Je devins assidu dans mes études et je consacrai moins de temps à la lecture.
Cunctator.

mardi 1 mai 2012

Les immigrés de France, proies faciles de politiques en mal de propositions.


Cible d’attaques vigoureuses et honteuses du président sortant qui avait décidé de virer à droite toute dès sa pré-campagne,les immigrés sont devenus le problème majeur de la France. A-t-elle une croissance nulle, un chômage élevé, des logements rares, un système d’enseignement à double vitesse, une fracture sociale si grave qu’elle brise les fondements de la République ? plutôt que de chercher des solutions et de fonder sa réélection sur sa façon de s’attaquer à ces difficultés, M. Sarkozy, séduit par les thématiques préférées de l’extrême droite, de sorte qu’après le premier tour où Mme Le Pen, est arrivée en troisième position avec près de 20% des suffrages, ne s’est pas embarrassé du courage par lequel on reconnait les véritables républicains, debout face à l’insoutenable et préférant mourir que se parjurer, préférant donner l’exemple de l’encrage de l’idéal républicain dont il deviennent pour la postérité des parangons. Après le premier tour, M. Sarkozy plus opportuniste que républicain, a préféré continuer d’appeler à danser la farandole sur l’air de la xénophobie et de la peur de l’autre, se risquant même à voir la République étinceler de ses nobles feux sur le Front National, autorisé à se présenter. La postérité n’a pas souvenir de ceux qui transigent avec l’abject et le nauséabond, l’histoire les jette dans ses égouts, Hugo souhaitait qu’elle ne s’en souvint même plus: « Et que l’histoire un jour ne s’en rende compte, /Et dise en le voyant dans la fange étendu:/ - On ne sait ce que c’est. C’est quelque vielle honte/ Dont le nom s’est perdu ! - »


Etles immigrés dans tout cela ? Inaudibles ! Il parait qu’ils seplaignent de ne pas être assez vus ou entendus. Bien voila l’occasion, M. Sarkozypasse son temps à leur faire une mauvaise publicité, les réduisant à une bande de miséreux que la généreuse France recueille et nourrit, mais qui mange tout son pain, si bien qu’il n’en reste plus pour les Français et les véritables Français. C’est bien lui à Grenoble en 2010 qui avait parlé de Français de souche, oubliant lui-même qu’il n’en n’est pas, dût-il en exister.


Humiliés, offensés, objet des regards torves des imbéciles adhérant aux thèses racistes, discriminés et traités sans dignité dans les préfectures, les immigrés restent pourtant silencieux. Pas une fois pendant la campagne une association, un collectif n’a appelé à une manifestation pour faire entendre leur l’indignation. Pour être respectés il ne faut pas, lorsque ça devient nécessaire, hésiter à démontrer sa force. Tant que les immigrés accepteront, parce que sans doute ils ont la passion de l’humiliation, de courber l’échine face aux attaques sordides que seule justifie leur posture de proie facile, ils ne gagneront pas le respect qu’ils méritent depuis leur présence aux côtés des « vrais Français » dans des moments décisifs de l’histoire pas si lointaine de la France, devenue leur histoire commune. A la France qu’on dit grande et noble de savoir se montrer polie et reconnaissante envers ses amis. N’est pas ami de la France qui veut donner d’elle et des Français une image de peuple fermé et reclus sur soi-même.


Pour revenir à vous chers immigrés, soyez dignes, et exprimez-vous ! On dit que vous ruinez la France, exigez des comptes ! Et si c’était vrai, assumez. Mais c’est faux, on le sait, que n’exigez-vous des excuses ? Vous êtes autant citoyens que les autres et au même titre qu’eux, vous œuvrez au bien-être de la France.


Ne pas agir dans de telles circonstances confirmerait votre faiblesse et votre lâcheté ; se laisser marcher dessus, raser les murs et ne pas regarder les gens franchement est le propre des faibles. Pourtant, jamais les immigrés de France n’osent agir en vue de changer les rapports de force. A quoi leur ont servi les études qu’ils ont faites avec passion, surmontant les difficultés administratives et financières, faisant preuve de courge et de détermination. Ça grouille de docteurs ès machin, de médecins, d’ingénieurs, mais paradoxalement, on a la forte impression qu’ils n’ont pas beaucoup d’appétence pour le débat malgré les formations de haut niveau que nombreux d’entre eux ont reçues. Ils n’ont pourtant pas à craindre des potentats à la main lourde de leurs régions d’origine, nous sommes ici en république. Sortez donc du bois et faites vous entendre.



Cunctator

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.