vendredi 17 février 2012

Du bon emploi du mot libéral : François Hollande accusé de mentir par M. Sarkozy.

Ça y est, le très probable candidat à sa propre succession, le Président Nicolas Sarkozy a, précocement annoncé sa candidature à la présidentielle qu’il se réservait d’annoncer au mois de mars, et, est par conséquent officiellement entré en campagne. Ce changement d’agenda il faut l’imputer à l’avance qu’a prise sur lui François Hollande le candidat du Parti Socialiste (PS), qui le devance de plusieurs points dans les sondages concernant le premier tour. Nicolas Sarkozy, distancé par M. Hollande, souhaitant une entrée en campagne fracassante qui le fasse remonter sensiblement dans les sondages, a choisi de marquer le clivage entre lui et son principal concurrent en accentuant la droitisation de son discours, en s’adressant au peuple en termes de valeurs. Bien tenté, mais le choix des Français, vue la crise sévère qui affecte l’économie, les emplois et la cohésion sociale ne se portera pas sur des valeurs grâce auxquelles il a été élu en 2007 pour devenir le Président des riches alors qu’il avait promis d’être le Président du pouvoir d’achat et de la rupture.
Partant d’un bilan qu’il sait indéfendable le Président candidat joue son va-tout et se risque même à des affirmations allant à l’encontre de ceux auxquels il veut reparler et redonner confiance : le peuple. S’en prendre aux chômeurs et non au chômage qu’il laissé s’envoler en cinq ans de présidence relève soit de l’irresponsabilité, soit d’un aplomb qui frise la désinvolture. C’est aux causes qu’il faut s’en prendre pas aux conséquences et à ceux qui en sont les victimes : le peuple. S’approprier les thèses frontistes sous prétexte de lui reprendre des électeurs lorsqu’on se dit républicain est d’une incohérence et d’une hypocrisie et, surtout, d’une étonnante pusillanimité pour un homme qui se dit le seul à pouvoir conduire la France dans cette épouvantable tempête qu’est la crise tant lui seul a du courage.
Mais seulement, du courage lui aurait été reconnu s’il n’avait pas de gêne à reconnaître, comme dans son beau discours de Toulon de septembre 2008, que c’est à la finance qu’il faut s’en prendre. En préparant ce discours fortement orienté à gauche M. Sarkozy faisait une irréfutable démonstration de courage. Il a été applaudi, encouragé. C’était pour lui le moment de rassembler autour de lui les Français. En effet, lutter contre le rouleau compresseur du capitalisme financier, qui écrase qu’on se réclame de la droite ou de la gauche, c’est s’élever au dessus des clivages et ça fédère. Or fédérer n’est pas le fort de M. Sarkozy. Il s’est inscrit dans une stigmatisation obsessionnelle des Français venus d’ailleurs et des Français les plus démunis. Contrairement à ce qu’il prétend aujourd’hui, il ne roule pas pour la majorité des Français, il roule pour ceux qui ont de l’or, des Rolex et des Yachts. Une infime minorité. C’est plus oligarchique que démocratique, très peu républicain donc.
Jadis considéré mou et traité de « capitaine de pédalo », François Hollande l’avait compris qui a fait preuve de hardiesse en désigner la finance comme son adversaire et en s’appuyant sur des valeurs humanistes que la dérive de l’économie financière avaient enterrées pour laisser place à l’égoïsme, à un individualisme délétère et, en dépit de son statut de challenger, en dénonçant la vénération de l’argent à qui personne n’osait s’en prendre si ce n’était l’attaquer dans des discours pour ensuite, de façon éhontée, trinquer avec les parangons de cette dernière. Volte face ? Non il ne s’agit pas d’une volte face, celui qui en 2008 annonçait la guerre contre la finance et sa perversion des rapports économiques n’y croyait pas. Dans un meeting récent, faisant référence à son principal concurrent il a laissé entendre que « quand on dit à la presse anglaise qu’on est libéral et quand on vient expliquer aux Français que l’ennemi c’est la finance, on ment.»
Décidément la campagne fait perdre à certains le sens des mots. Aux abois, on s’en sert sans en vérifier les différentes acceptions, et sans en mesurer la portée, nous nous en doutons, pour créer de l’effet. Mais face à une crise sévère, dans un contexte de campagne pour une élection capitale, avoir du courage ce n’est pas s’abriter derrière des mots. Il convient de faire attention aux contresens. Les électeurs finiront par croire que c’est une mode et n’accorderont que peu de crédit aux affirmations faites en triturant les mots. Plus ridicule encore, on court le risque de se faire reprendre comme un débutant. Pourtant, à priori, l’expérience est du côté de M. Sarkozy au beau parcours. Après le mauvais emploi du mot civilisation, voici venu le temps du mot libéral.
Laissons-nous donc le loisir de revenir sur des choses élémentaires. En politique le libéralisme concerne la libre désignation des représentants du peuple souverain et la fixation de limites aux prérogatives de l’Etat. L’Etat de par ses missions régaliennes assure la protection des libertés individuelles dont font partie les droits économiques et sociaux. Outre les libertés individuelles classiques que sont la propriété et celles d’aller et venir, les droits économiques et sociaux (logement, travail, éducation, droit de grève, santé, droit à l’action syndicale, etc.) peu défendus par le Président candidat pendant son mandat malgré leur valeurs constitutionnelle et en dépit de leur particulière nécessité sont à défendre, menacés qu'ils sont par qui on sait. D’un point de vue économique, être libéral c’est croire en en la propriété privée et au libre échange. Etre libéral c’est croire en l’économie de marché donc. Il ne semble donc pas incohérent que M. Hollande se reconnaisse dans ces principes et s’affirme libéral. Tout démocrate est en principe libéral. Aux USA même ce terme désigne les progressistes, le centre gauche opposé aux conservateurs.
A moins que, du fait de l’esprit de confusion régnant dans les rangs de la majorité sortante, le Président candidat ait confondu le libéralisme au néo-libéralisme dénoncé parce qu’il favorise l’accroissement des inégalités sociales et de la précarité, la transformation de l'homme en marchandise, la réduction de la souveraineté nationale en la confiant aux marchés, en quoi est-ce donc une incohérence, non, au diable les euphémismes ! En quoi est- ce un mensonge, que d’être libéral que de décider d’arrêter le massacre économique, social et politique généré par le capitalisme financier ? Monsieur Sarkozy sait très bien qu’il n’y a rien d’incohérent. Son beau discours de Toulon I en est la preuve : «L'idée de la toute puissance du marché, qui ne devait être contrariée par aucune règle, par aucune intervention politique, cette idée de la toute puissance du marché était une idée folle. L’idée que les marchés ont toujours raison est une idée folle.», avait asséné Nicolas Sarkozy en 2008. Dans un accès de lucidité il reconnaissait qu’il fallait mettre un terme au « dérives de la finance globale qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir », et poursuivait par une définition de ce que sont le capitalisme et l’économie de marché : « Le capitalisme ce n’est pas la primauté donnée au spéculateur, c’est la primauté donnée à l’entrepreneur, c’est la récompense du travail, de l’effort et de l’initiative (…). Le capitalisme c’est une éthique, c’est une morale, ce sont des institutions, le capitalisme a permis l’essor extraordinaire de la civilisation occidentale depuis rien moins que sept siècles. L’anticapitalisme n’offre aucune solution à la crise actuelle, ne rien faire, ne rien changer se contenter de mettre toutes les pertes sur la charge du contribuable et faire comme s’il ne s’était rien passé serait une erreur historique. »
En 2008 M. Sarkozy pourtant élu sur la base de principes ultralibéraux, a néanmoins fait une critique sans ambigüité des dérives de la financiarisation exagérée de l’économie. Il a présenté les dérives du capitalisme financier, dénoncé les mauvaises pratiques des marchés, des agences de notation et des fonds spéculatifs laissés sans contrôle, la rémunération des dirigeants d’entreprises, la croissance des inégalités, la démoralisation des classes moyennes. Là M. Sarkozy disait la vérité. « Ce système il faut le dire parce que c’est la vérité, disait-il, ce système ce n’est pas l’économie de marché, ce n’est pas le capitalisme. »
Depuis pourtant rien n’a changé, de la régulation annoncée avec vigueur il n’est rien advenu. Etait-ce une posture ou un mensonge démagogique? A ce moment là M. Sarkozy, en ignorant les clivages prônait une politique qui susciterait le ralliement de tous les Français parce que c’était juste et courageux. Mais depuis M. Sarkozy est redevenu l’ami du capitalisme dévoyé, l’ami des spéculateurs, a rejeté l’équilibre qu’il prônait entre l’état et le marché. L’auto régulation ce n’est pas fini, le marché tout puissant qui a toujours raison ce n’est pas fini. Les marchés dont on annonçait la fin de la toute puissance sont revenus plus forts grâce à des politiques dont le courage se résume à multiplier les sommets qui ne règlent pas les problèmes de fond et qui hésitent à prendre les mesures adéquates contre des marchés hyper agressifs menaçant les souverainetés et la paix sociale.


Cunctator.

dimanche 5 février 2012

"Toutes les civilisations ne se valent pas", la nouvelle dérive de Claude Guéant vers l'inacceptable

Ministre nommé, c’est clair pour jouer le rabatteur des électeurs du Front National, dont la candidature à l’élection présidentielle et les sondages favorables, effraient gravement l’UMP en souffrance dans les sondages, Claude Guéant a lors d’une rencontre avec des étudiants de droite encouragé ces jeunes à défendre « notre modèle de civilisation », car selon M. Guéant, « contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. » Je ne sais pas de quelle civilisation M. Guéant et ses amis de l’UMP se targuent pour ériger celle à laquelle ils pensent en modèle, en civilisation supérieure. Il parle sans doute de la civilisation occidentale judéo-chrétienne érigée par des siècles de pensée philosophique et chrétienne, par la conscience aigüe du sens de l’humain et de l’universalité de sa dignité qu’elles affirment. Il évoque sans doute l’occident de la modernité et des Lumières à partir de laquelle l’homme, à travers la raison, avait décidé de déconstruire le monde pour le connaître dans son principe, de se libérer des tutelles qui entravaient sa nature d’être doté de raison et sa vocation à créer. Une grande civilisation celle là, vraiment. Mais, ce M. est cultivé, il n’ignore pas qu’une civilisation ne devient grande qu’en empruntant à ses voisines qui l’enrichissent de leurs richesses matérielles, intellectuelles et spirituelles et que toute civilisation, après un apogée, décline. Des civilisations ont donc plus brillé que l’Occident, même la civilisation islamique qu’il semble ne pas beaucoup aimer.


Si cependant c’est de la civilisation occidentale d’aujourd’hui dont il parle, je recommanderais à ce monsieur qu’on dit brillant, qui pourtant brille de bêtise depuis qu’il est entré au gouvernement, de faire preuve d’analyse et d’observation. S’exprimer tel qu’il le fait de temps en temps sur les questions d’identité et d’immigration n’est pas digne d’un ministre de la « République », c’en est au contraire une pitoyable caricature. En l’entendant, on est triste pour la France, on se dit quel gâchis, c’est cela la République ? Et bien merde !

La civilisation occidentale, ayant sans doute, grâce à ses principes fondateurs connu succès et progrès, a porté des incohérences inexplicables quand on atteint un niveau si élevé de « civilisation et de conscience. » Comment justifier l’esclavage, la colonisation, Auschwitz après lequel on a dit plus jamais ça. Plus jamais ça ? Quelle blague ! On a remis ça d’une autre manière on massacrant ici et là. En même temps qu’on se battait pour la liberté en Europe, on oppressait en Afrique, en Asie. L’occident ressemble à un salaud raffiné jusqu’au bout des ongles qui tient sa barbarie en bandoulière, prêt à en user dès que la nécessité s’en fait sentir. La nécessité occidentale, telle que des siècles d’histoire nous le montrent, se résume au profit, à l’impérialisme. Grâce à eux, l’Europe policée, héritière du démocrate Périclès, des rigoureux jurisconsultes romains, de l’humaniste Pic de la Mirandole, de Descartes dont la méthode n’est pas étrangère à l’aventure des lumières et à l’idée de progrès, tombe dans des gouffres de grossièreté jamais vus ailleurs, même pas chez les sauvages d’Afrique centrale et de Papouasie.


Une civilisation est excusable si les droits de l’homme ne figurent pas parmi ses principes supérieurs, si les différences ethniques partagent ses groupes humains, si des accidents de l’histoire y font régner l’oppression, parce que très peu imprégnés de valeurs contraires. Un long apprentissage et surtout une intégration de ces principes peuvent y améliorer les choses. Mais qu’une civilisation ayant ces principes jusque dans la moelle, une civilisation où l’air est chargé de ces principes, les méconnaisse et refuse lâchement de les déployer en terres lointaines, parce que ceux qui les peuplent, inférieurs en humanité et un peu en sagacité aux occidentaux, sont jugés ne pas les mériter est un honteux reniement. Pourquoi ? Parce que par faiblesse d’esprit, l’homme peu civilisé et pauvrement humanisé, face aux promesses de richesses se fait volontiers goujat. La bonté chrétienne, le détachement philosophique sont difficiles si l’on ne s’y attèle avec un acharnement de moine, même pour l’homme d’Occident. Aussi est-ce une supercherie d’accuser le relativisme des autres quand on est soi même ministre d'un gouvernement conservateur tristement impuissant devant les ravages de ce mal de la modernité. L’Occident, plus que les autres parties du monde, ne croit plus en rien, il s'est abandonné à un individualisme outrancier, au machinisme et à la féroce finance qui y entravent la liberté et déshumanisent l’homme, qui en principe est un démiurge lorsqu’il se rend compte de sa puissance. L’homme occidental, à travers ses puissants penseurs et théologiens, connait cette puissance, mais à force d’hédonisme, de consumérisme et de libertinage, tel un porc, même plus qu’un porc, puisque cette bête ne raisonne pas, se jette allègrement dans la fange, conscient d’aller à sa perte, manquant trop de courage pour résister à la séduction de ses basses passions. Voila le modèle de civilisation que le puissant Occident propose au reste d l’humanité.



Par faiblesse, parce que les institutions et la pâle séparation des pouvoirs servent encore de parapets aux débordements des politiques mal-élevés, au débordement des valeurs qui conviennent à ces types de personnes, l’Occident, notamment la France, dont M Guéant est membre de l’exécutif, s’en prend à de plus faibles pour y laisser libre cours à ses honteuses pratiques que récusent pourtant la civilisation dont ose se targuer le ministre. En Afrique la France, pour la défense de ses intérêts, soutient les violations des droits de l’homme, elle défend le principe de guerres civiles et ethniques (Nigéria, Congo-Brazzaville, Côte-d’Ivoire et, en cours d’instruction, Rwanda). La France est marraine de chefs d’Etats sans scrupules qui modifient les constitutions à leur avantage et se font succéder ou envisagent de se faire succéder par leur progéniture. La France est complice du déni des droits sociaux de populations affamées, mal soignées et pas éduquées. La France, celle de M. Guéant notamment, a ainsi une très mauvaise lecture des principes républicains et des droits de l’homme, dont il ose parler de façon éhontée.




Cunctator.

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.