dimanche 30 décembre 2007

Europe-Afrique: le sommet de Lisbonne. Quand les riches tentent de dicter leur loi aux pauvres

La tenue du sommet Europe –Afrique, à Lisbonne, au Portugal, ne devait rien au hasard. Elle revêtait, pour l’occident comme pour l’Afrique, une haute valeur symbolique ; avec, en perspective, l’espoir de rapports enfin humanisés entre deux vieux partenaires dont l’un est devenu, par la faute de l’autre, la risée du monde. Le Portugal, comme chacun sait, s’était taillé en Afrique, après trois cents ans de traite des noirs féroce, un immense empire colonial. Vulgaires et foncièrement racistes, les colons portugais s’y montrèrent cruels et impitoyables. Jusqu’à l’indépendance de cet empire acquise dans le sang, malmenés, chosifiés à l’instar de ceux des colonies belges, espagnoles, britanniques et françaises, les noirs des colonies portugaises vécurent en étrangers dans leurs propres pays. Joao Gomes s’en est souvenu ; et, avec des accents de repentance qui ont dû faire bondir Nicolas Sarkozy de colère, il a évoqué, courageux, la question de la responsabilité de l’Europe dans le sombre destin de l’Afrique.

En bien des Européens, pour diverses raisons, existe, on le sait, un réel élan de sympathie pour l’Afrique et les Africains. De bonnes intentions aussi. Et volontiers, ces cœurs sensibles appellent les africains, « nos amis les Africains ». Seulement, l’enfer est pavé de bonnes intentions ! et cette épineuse question de la reconnaissance par l’occident de sa responsabilité dans les malheurs de l’Afrique et des modalités de réparation de la faute qui pourraient se traduire par la volonté de proposer des accords justes et équitables aux Africains est loin de faire l’unanimité au sein d’une Union Européenne trop près de ses sous, trop longtemps marquée par un rapport aux Africains tissé de mépris ; d’autant plus que la posture singulière Nicolas Sarkozy, ses pirouettes et son double langage ont de quoi brouiller les perspectives et entraîner les hésitants à faire bloc autour de cet homme si peu respectueux des Africains exaltés dans ses discours, malmenés dans les actes, (ces expulsions inhumaines, ce flirt scandaleux avec des hommes politiques Africains peu fréquentables…) L’ombre du fébrile Président français a plané sur le sommet de Lisbonne et en a empoisonné l’atmosphère. Visiblement encore mal dégagé du lien colonial par lequel la France et l’occident avaient tenu l’Afrique, et de ce fait prenant ses habitants infantilisés pour des gens incapables d’une riposte conséquente, et obséquieux, serviles, comme au bon vieux temps colonial, toujours prêts à se jeter aux pieds du maître pour implorer grâce, Sarkozy les rabroue volontiers comme des gamins de mauvais esprit, de toujours ressasser leur passé. C’est de cet homme que les Africains se sont souvenus au sommet de Lisbonne, où ses apartés flagorneurs avec quelques uns des Africains les plus irréductibles avaient quelque chose de la grimace du sorcier.

En tout cas, sa politique de l’immigration conduite par un homme de feu marquera pour longtemps la mémoire collective des Africains insultés. Et ce n’est pas l’entrée dans son gouvernement de femmes venues d’Afrique (juste pour donner le change) qui videra chez tant d’hommes et de femmes blessés, l’amertume de l’injure. Pas de surprise donc que les Africains aient rejeté en bloc les propositions et les projets d’accord de Lisbonne. Lisbonne était un marché de dupes.

Par Dominique Ngoïe Ngalla et Philippe Cunctator qui nous livrent leurs réflexions sur le monde d'aujourd'hui : de l'Afrique clopinant sur le chemin de la modernité au reste du monde, de la complexité des enjeux politiques aux péripéties du fait religieux, nous découvrons sous la plume de Dominique l'âme du poète qui rêve d'un autre monde, mais n'oublie ni les brûlures de l'histoire ni la dure réalité du temps présent...

Quelques ouvrages de Dominique Ngoïe-Ngalla...





L'Evangile au coeur de l'Afrique des ethnies dans le temps court
; l'obstacle CU, Ed. Publibook, 2007 .




Route de nuit, roman. Ed. Publibook, 2006.




Aux confins du Ntotila, entre mythe, mémoire et histoire ; bakaa, Ed. Bajag-Méri, 2006.




Quel état pour l'Afrique, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Lettre d'un pygmée à un bantu, mise en scène en 1989 par Pierrette Dupoyet au Festival d'Avignon. IPN 1988, Ed. Bajag-Méri, 2003.




Combat pour une renaissance de l'Afrique nègre, Parole de Vivant Ed. Espaces Culturels, Paris, 2002.




Le retour des ethnies. La violence identitaire. Imp. Multiprint, Abidjan, 1999.




L'ombre de la nuit et Lettre à ma grand-mère, nouvelles, ATIMCO Combourg, 1994.




La geste de Ngoma, Mbima, 1982.




Lettre à un étudiant africain, Mbonda, 1980.




Nouveaux poèmes rustiques, Saint-Paul, 1979.




Nocturne, poésie, Saint-Paul, 1977.




Mandouanes, poésie, Saint-Paul, 1976.




L'enfance de Mpassi, récit, Atimco, 1972.




Poèmes rustiques, Atimco, 1971.